Défis mauves

Anderlecht tente de réinsérer d’anciens joueurs dans ses structures, mais dernièrement, tout ce beau monde n’a pas nécessairement trouvé sa voie.

L’un des axes de la politique d’ Herman Van Holsbeeck suite à son investiture au poste de manager sportif en 2003, aura été d’essayer de ramener au bercail un maximum d’anciens joueurs du club. Mais tout récemment, de Filip De Wilde à Mbo Mpenza, en passant par Pär Zetterberg, Johan Walem ou même Besnik Hasi, ces retours n’ont pas toujours été marqués du sceau de la réussite…

LES COUPS DANS LE MILLE Filip De Wilde, entraîneur boulimique de gardiens et scout

Né le 5 mai 1964 à Zele. Gardien, 496 matches au RSCA (1987-96 et 1997-2003). 6 titres de champion (1991, 93, 94, 95, 2000, 01). 2 Coupes (1989, 94). 4 Supercoupes (1993, 95, 2000, 01). Gardien de l’année en 1994 et 2000. Recordman des matches joués en coupes d’Europe pour le club (40). Revenu au Parc Astrid en 2007 où il occupe le poste d’entraîneur des gardiens.

 » Eu égard à ses états de service, il était normal que le club songe à le récupérer un jour « , dit Van Holsbeeck.  » D’autant qu’après sa carrière active, il s’était lancé dans la préparation des keepers à l’Union belge. Nous n’avons qu’à nous louer de ses services. Il ne se borne pas seulement à être un guide idéal pour les Daniel Zitka, Davy Schollen et autres Silvio Proto, il travaille également en profondeur, tout en nous renseignant à intervalles réguliers sur des portiers qu’il a vus à l’oeuvre çà et là. Manifestement, il ne compte pas ses heures. Ni au stade, où il est actif du matin au soir, ni pendant le week-end, qu’il met à profit pour écumer les matches de jeunes tous azimuts.

A mes yeux, il constitue l’exemple d’une reconversion pleinement réussie. Comme l’a été sa carrière… Le Flandrien a toujours mesuré qu’en tant que footballeur, il faisait partie des privilégiés mais que cette situation ne durerait pas. Au lieu de vivre sur un grand pied, comme ses 20 années au plus haut niveau le lui auraient sans conteste permis, il a toujours préféré se comporter comme Monsieur Tout-le-Monde. Contrairement à bon nombre de ses collègues, qui espèrent gagner des millions toute leur vie et sont surpris, sitôt leur trajectoire sportive terminée, par la réalité financière. Il n’est pas retombé de haut. Il savait ce qui l’attendait et s’y était préparé en conséquence. A cet égard-là aussi, il fait figure de modèle à suivre. « 

Johan Walem, entraîneur perfectionniste des -21

Né le 1er février 1972 à Soignies. Médian, 248 matches et 19 buts au RSCA (1991-97). 3 titres de champion (1993, 94, 95). Une Coupe (1994). 2 Supercoupes (1993, 95). Jeune Pro de l’année en 1992. Après avoir terminé sa carrière sportive à 33 ans, il s’est lancé dans l’audiovisuel à Belgacom TV. Il a stoppé cette fonction en juin 2008 pour diriger les -21.

 » Je pense qu’il a trouvé sa voie « , observe René Peeters, ancien médian du RSCA à l’époque de Tomislav Ivic et T2 de Jo dans ladite catégorie la saison passée.  » Pour moi, sa carrière de commentateur n’était, somme toute, qu’un intermède. C’était en premier lieu le coaching qui l’intéressait, sans quoi il n’aurait probablement pas suivi avec succès les cours visant à l’obtention de la Licence Pro. En l’espace d’un an avec lui, j’ai souvent écarquillé les yeux. On sent, à son contact, qu’il n’est pas le premier venu. Manifestement, il a emmagasiné pas mal de choses à travers son vécu au Sporting et au Standard, mais aussi et, peut-être, surtout en Italie, puisqu’il a tout de même joué à l’Udinese, à Parme et au Torino.

J’ai le sentiment qu’en jetant son dévolu sur lui, la direction a tapé dans le mille en ce qui concerne la post-formation des joueurs. Par le passé, il y a toujours eu un décalage à ce niveau mais Jo, par son approche, est susceptible d’amenuiser cet écart. Il ne se contente pas de fournir de précieux conseils sur les plans technique, tactique et physique. Le mental fait l’objet aussi d’un suivi rigoureux, avec l’aide d’un préparateur, Vincent Thibaut. Le but de Jo est d’aguerrir si possible chaque année un jeune en fonction de l’équipe première. Ces derniers mois, il y est déjà parvenu avec la percée de Romelu Lukaku qu’il a fait monter des -16 chez nous dès le mois de décembre. Il estimait que le fils de Roger n’avait plus rien à apprendre à cet échelon mais qu’il était bel et bien en mesure de s’épanouir au contact de la Réserve. Du coup, le Belgo-Congolais débutera la campagne 2009-10 en qualité de troisième attaquant chez les A. Ce n’est sans doute qu’un début car chez les jeunes, le Sporting a du répondant et ces gars-là sont assurés de passer entre de bonnes mains.

Johan, en tout cas, ne ménage pas ses efforts. C’est un bosseur, fixé à 200 % sur ses occupations. Lors du voyage en car vers Viareggio, tournoi des jeunes réputé auquel le club participe chaque année, il tapotait encore sur son ordinateur au moment où tout le monde dormait. C’est un perfectionniste. Doublé d’un râleur aussi. Quand l’équipe a perdu 4-1 à Charleroi, il n’était vraiment pas à prendre avec des pincettes. Il a fusillé toutes ses ouailles du regard cette fois-là. Personne ne sera étonné d’apprendre, dans ces conditions, que ce fut notre seul véritable couac de la saison… « 

LES ERREURS DE CASTING Pär Zetterberg, scout pas toujours prêt

Né le 14 octobre 1970 à Falkenberg, en Suède. Médian, 375 matches et 87 buts au RSCA (1989-91, 1993-2000 et 2003-06). 6 titres de champion (1991, 94, 95, 2000, 04, 06). Une Coupe en 1994. 2 Supercoupes (1993, 95). Soulier d’Or en 1993 et 97. Joueur Pro de l’année en 1997 et 98. Après avoir mis un terme à sa carrière en mai 2006, il a intégré la cellule scouting du club trois mois plus tard. Il a mis fin à ses activités en septembre passé.

 » Pär ne s’est pas vraiment rendu compte des implications de sa nouvelle vie « , note Philippe Collin, le secrétaire général du RSCA.  » Quand il a repris ses activités chez nous, après trois mois de break en 2006, ses pensées étaient toujours orientées vers le sport actif. Au terme de 20 ans de carrière, sa hantise était de prendre subitement du poids. Du coup, il moulinait journellement les kilomètres sur tapis roulant et il n’était pas rare du tout qu’il s’adonne au tennis de grand matin avant de rejoindre le Parc Astrid. De fait, il avait à c£ur d’agencer son programme en fonction de l’existence qu’il voulait mener au lendemain de sa carrière active. Mais nous voulions, au contraire, qu’il organise sa vie en vertu de nos priorités. En guise d’exemple, je dirai par exemple que Zet voulait voir son fils à l’£uvre avec les jeunes de Braine le samedi et que, dans cette optique, il préférait plutôt des missions de scouting en milieu de semaine ou le dimanche. C’était difficilement compatible avec nos desiderata, entendu que bon nombre de matches se déroulent précisément le samedi soir.

Je pense qu’il a joué de malchance, aussi, sur le coup qu’il nous avait chaudement recommandé, lisez l’engagement du stopper Max Von Schlebrügge. Auparavant, alors qu’il était encore joueur, il avait eu le nez creux en recommandant l’un ou l’autre compatriote comme Niclas Alexanderson, Johan Elmander ou Kim Källström. Tous des gars qui, pour diverses raisons, n’ont finalement pas abouti chez nous mais qui n’en ont pas moins fait une bonne carrière. En définitive, le seul à qui l’on a donné une suite favorable aura été un mauvais choix. A aucun moment Von Schlebrügge ne s’est imposé. Ce facteur, ainsi que la difficulté de concilier le travail et la famille ont finalement fait en sorte que Pär décide de prendre du recul en début de saison passée. En principe, il aurait dû continuer à travailler épisodiquement pour nous après son retour en Suède en septembre passé. Depuis, il s’est investi dans le club de ses débuts, à Falkenberg et a passé les diplômes pour entraîner les jeunes. Il ne fut dès lors plus vraiment question d’opérations de repérage pour nous. Bien sûr, le contact n’est pas totalement rompu. Nous l’avons déjà sondé concernant quelques noms. Mais il s’est éloigné du Sporting.  »

Mbo Mpenza, papa qui se cherche encore

Né le 4 décembre 1976 à Kinshasa, au Congo. Attaquant, 96 matches et 26 buts au RSCA (2004-08). 2 titres de champion (2006, 07). A marqué le 500e but européen du Sporting le 26 juillet 2005 contre le Neftchi Bakou. A quitté le Parc Astrid en juin 2008 à destination du club grec de Larissa, où il n’a pas joué en raison d’une blessure au dos. De retour en Belgique en décembre, il a été incorporé dans un premier temps dans la cellule scouting avant d’être aiguillé en mars vers le coaching des -14. A mis fin à sa collaboration avec les Mauves entre-temps.

 » Mbo présentait à peu près le même cas de figure que Pär Zetterberg « , observe Werner Deraeve, chef de la cellule scouting du RSCA au moment de l’engagement de l’ancien joueur.  » Vu ses connaissances de la langue portugaise suite à son passé au Sporting Lisbonne, les missions de repérage là-bas étaient de son ressort. Il était chargé aussi de la prospection dans le nord de la France, et plus précisément dans les régions se situant entre Paris et la frontière belge. A l’instar de Zet, il a accompli cette mission pendant quelques semaines, multipliant d’ailleurs les rapports, avant de demander une autre attribution. Soucieux de voir grandir ses jeunes enfants, il en avait assez, au bout de quelque temps, de sauter d’un avion dans l’autre, surtout le week-end, moment évidemment propice pour s’occuper des siens. Et le club a bel et bien donné suite à sa requête en l’aiguillant vers l’encadrement des jeunes.  »

 » Daniel Simmes, ex-joueur lierrois, ayant manifesté l’intention de retourner chez les Jaune et Noir en fin de saison, une place d’entraîneur était vacante chez les -14 « , explique Ludo Kums, père de Sven (ex-Mauve joueur de Courtrai) en charge des -13.  » Pendant un mois et demi, j’ai fait office de guide pour l’aîné des Mpenza. Des entraînements donnés jusqu’aux discussions tactiques avec les jeunots, il suivait tout. Il était d’ailleurs très motivé. Quand il s’agissait d’être à pied d’£uvre sur le terrain, il ne se contentait pas d’un simple rôle de spectateur. Au contraire, il se mettait en tenue lui aussi. J’ai bien vite remarqué, cependant, que son dos le faisait souffrir. Poser des cônes était déjà une épreuve pour lui. Je n’ai donc pas été autrement surpris le jour où il m’a dit qu’en raison de ses problèmes de santé, cette orientation-là n’était pas faite pour lui, pour le moment du moins. Ce qui m’a par contre interpellé davantage encore, c’est qu’il ne se sentait pas encore prêt non plus pour affronter un vestiaire ou faire passer un message auprès des joueurs. C’était vraiment classe de sa part et ça prouve aussi qu’un joueur a beau, comme lui, avoir été professionnel au plus haut niveau, il n’est pas facile de passer sans transition d’une activité à une autre. J’ose espérer pour lui que ses maux ne seront plus, un jour, qu’un mauvais souvenir et qu’il pourra revenir un jour à sa passion. C’est vrai qu’il n’est pas aisé de combiner le football et une vie de famille. Mais à défaut de faire du scouting ou de coacher des jeunes joueurs, d’autres tâches sont possibles. Comme dispenser des entraînements individuels aux attaquants, notamment. C’est moins absorbant mais tout aussi nécessaire dans un grand club qui se respecte. Et sur ce plan-là, c’est sûr que Mbo serait un instructeur tout indiqué.  »

par bruno govers

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