Défis de BRUXELLES

Les curieux avaient été nombreux à suivre le FC Brussels à Tirlemont, lors de son premier déplacement. Mais l’équipe, composée de joueurs de D1, a pris l’eau 4-1 face au principal candidat à la relégation…

Pour le premier match à domicile, contre l’AS Eupen, il n’y avait que 800 spectateurs payants… Mais le match de Coupe contre Anderlecht a rassemblé 10.000 personnes. Et si l’équipe était encore un peu légère, elle est devenue un bloc solide au fil des mois. Sur le plan financier, c’est également un succès. A peine la promotion acquise, de dix à quinze nouveaux sponsors se sont manifestés. En un an, le club s’est allié 50 nouveaux sponsors, qui ont investi chacun de 12.500 à 250.000 euros. Le budget de la saison prochaine est pratiquement bouclé : 1,2 million d’euros. Seul l’intérêt du public est décevant. Il représente 12 % du budget, avec une moyenne qui est passée de 800 personnes à 3.500. Et seule la moitié des 622 business-seats était occupée en D2.

Il y a 20 mois, le président Johan Vermeersch a déménagé Strombeek (D2) au stade Edmond Machtens de Molenbeek. Les supporters de Strombeek comme les partisans de l’ancien RWDM craignaient de ne pas s’y retrouver mais le nouveau nom s’est avéré idéal.

Johan Vermeersch : Cette promotion constitue une victoire sur une énorme frustration. Comment autant de dirigeants ont-ils réussi à foutre en l’air un monument comme le RWDM en cinq ans, à faire 7,5 millions de dettes et à laisser tomber en ruines un stade de 2,5 millions ? Je n’oublierai jamais le 15 septembre 2002, le premier match contre Roulers, quand j’ai constaté que cette équipe valait tout au plus la D3. Quel chemin parcouru depuis. Pour cela, il a fallu une stratégie et une machine incroyable qui exécute bien. Quand on me disait que ça ne marcherait pas, je répondais que si, qu’il le fallait. Entrepreneur, je suis parti de rien. Normalement, il faut trois générations pour atteindre ce que j’ai obtenu mais je n’ai aucune patience, même pas à mon égard.

Vous estimez qu’il y a place pour un second club de D1 à Bruxelles.

A Anderlecht, Alain Courtois avait calculé que seuls 8 % des supporters venaient de Bruxelles. J’ai trouvé bonne son idée d’organiser des navettes gratuites de toutes les communes bruxelloises. Alain n’est pas un homme de vestiaire mais il a des idées. Il va intégrer notre organigramme commercial, qui doit être élargi, car le rythme et le volume de la commercialisation détermineront l’avenir du club.

Philippe Moureaux, le bourgmestre, est devenu votre ami, mais c’est tout nouveau…

Durant ma première période, ma position était surtout sportive. Un billet européen m’a permis de réussir ma mission mais j’ai sous-estimé le reste. La politique est plus importante que le football en soi. Quand Roger Lambrecht clame qu’il n’a rien à voir avec le bourgmestre de Lokeren, j’ai mon idée. Dix pays viennent de rejoindre l’Europe. Leurs représentants débarquent à Bruxelles. C’est une donnée importante pour le club. Bruxelles est plus connue que la Belgique. J’ai dit au bourgmestre : – Si tu veux le FC Molenbeek, rassemble un demi-million et joue en D3, comme Schaerbeek, l’Union, etc. Mais Moureaux doit dépasser les limites de son parti, comme le club doit s’étendre au-delà de la commune.

Quel don de persuasion !

Qui vous a décidé à revenir dans le monde du foot ?

J’étais à l’aise dans la tribune d’honneur de Constant Vanden Stock, le plus grand génie des 50 dernières années en football. Mais Molenbeek ne pouvait laisser dépérir un stade de 25 millions d’euros. J’ai proposé une alternative à Moureaux : j’aurais pu construire trois immeubles sur le terrain, ainsi que des parkings souterrains. Cela aurait rapporté gros à la commune mais Moureaux n’en voulait pas. Ce qu’il souhaitait, c’était la continuité et la fondation d’une école de football.

8 % de Bruxellois à Anderlecht, 3.500 supporters au Brussels, quelques milliers d’autres répartis dans différentes équipes : c’est peu pour un million d’habitants. Le Bruxellois s’intéresse-t-il encore au football ?

Oui, si on lui propose quelque chose de bien, ce qui n’est possible qu’en D1.

Comment avez-vous vécu cette année en D2 ?

Le jeu et les terrains étaient bons mais le reste m’a effaré : c’est le désert, la première division amateur. J’espère que l’UB peut en modifier la structure pour la rendre plus attractive. Je n’ai pu entrer au parking de Tubize alors que j’avais une carte. Au repos, je n’ai pas trouvé les toilettes. Je suis parti de Virton à dix heures moins vingt. Faute de place dans la tribune, je m’étais assis sur le banc des Réserves ! Emmenez un sponsor en D2 et vous le perdez.

Vous allez plaider une telle restructuration à la Ligue Pro ?

Pourquoi irais-je là ? Pour prendre le café ? Il n’y a aucun sérieux professionnel. C’est une façade d’ego qui guettent le moment de planter un coup de couteau dans le dos des autres. Certains ne se parlent même pas. Comment avoir une approche positive quand un autre est prêt à user de son droit de veto, au cas où un quidam ferait une proposition ? Si j’avais travaillé comme ça, il n’y aurait pas eu de FC Brussels… ni de Vermeersch Construct, ma société immobilière .

Le FC Brussels est-il prêt pour la D1 ?

L’organigramme reste amateur mais on ne peut tout faire d’un coup. J’ai déjà cinq entraîneurs pour mes 4.000 jeunes. Je ne puis les abandonner alors que j’ai reçu un subside d’un million pour eux. Je cherche un directeur technique trilingue. Dès janvier, les joueurs ont demandé à discuter. Je leur ai dit de faire leurs preuves d’abord.

Allez-vous encore acheter une équipe ?

J’en ai formé une en fonction du concept tactique que j’avais en tête : on nous attendait le couteau entre les dents. Il fallait attaquer tout en fermant la porte derrière. Un point ne suffit pas quand on prévoit 69 points au budget. Donc, il fallait des éléments offensifs et un entraîneur qui pouvait fonctionner en ce sens.

Cette équipe peut-elle jouer en D1 ?

Cela nous permettrait de boucler notre budget mais sportivement, ce serait juste. Je ne veux pas lutter contre la descente jusqu’à la dernière journée. Mais parallèlement, il y aussi mon nouvel organigramme en préparation puisqu’il faut notamment remplacer : le coach Harm Van Veldhoven, qui part. Le Brussels doit devenir un club du ventre mou d’ici deux ans.

Combien de joueurs sont en fin de contrat ?

Ils sont tous libres mais j’ai promis de discuter avec chacun afin de trouver la meilleure solution. Je ne suis pas content de l’apport de certains d’entre eux, c’est vrai…

Geert Foutré

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