Défi XXL

L’annonce de l’arrivée du géant américain à Milan a fait chez nous grand bruit. Qu’en est-il du côté de la Botte ?

Mardi 7 juillet 12 h 18, Milan annonce qu’il a enrôlé Oguchi Onyewu, le défenseur central américain qui, à la Coupe des Confédérations, a régné dans les airs contre l’Espagne et a donné du fil à retordre au Brésil en finale. Chez les tifosi, ce transfert ne déclenche pas le moindre enthousiasme. AdrianoGalliani, l’administrateur délégué, a bien tenté de faire mousser l’affaire mais cela n’a pas marché. Il pensait à tort qu’en annonçant que Milan avait pris de vitesse de nombreux clubs intéressés (Birmingham, Saint-Pétersbourg, Fenerbahçe, PSG, Marseille, Liverpool, Wigan ou l’Ajax) et surtout l’Inter, les supporters retrouveraient le sourire. En fait, jamais depuis l’arrivée de SilvioBerlusconi en 1986, l’avenir du club ne leur est apparu aussi nébuleux. Pour les tifosi, la seule chose éclatante que la direction ait faite jusqu’à présent, c’est de vendre Kaká pour un montant astronomique.

La veille, lors de la reprise des entraînements à Milanello, les supporters ont exprimé leur mécontentement en entonnant des chants à l’encontre de la direction et en lançant des fumigènes. Ils ne comprennent pas comment le club, qui a quand même encaissé plus de 60 millions, ne soit pas en mesure de remplacer l’ex-Ballon d’Or – numériquement du moins – en acquérant un champion de niveau international dont le salaire n’atteindra pas les 9 millions nets annuels du Brésilien. La plaie ouverte par le départ de Kaká ne pouvait évidemment jamais être refermée par l’arrivée d’Onyewu. D’autant qu’en Italie, l’Américain est un inconnu. Dans un premier temps, on avait annoncé qu’il avait fait ses débuts en France, à Metz et à… La Louvière, avant d’émigrer en Belgique en 2004, au Standard avec lequel il venait d’être champion deux fois d’affilée…

1 million net la première année, 1,2 plus tard

Le Milan actuel n’a plus rien à voir avec celui des années précédentes. Finies les présentations avec les arrivées en hélicoptère et les starlettes à gogo. Alors que Milan nous avait habitués à doper le marché avec des campagnes de transferts pharaoniques, il a annoncé qu’il plafonnerait sa masse salariale à 80 voire 85 millions et ne recherche plus aujourd’hui que des joueurs en fin de contrat. Fini donc de faire des ponts d’or à des footballeurs de seconde zone (8 millions bruts pour Dida, qui fait banquette), Et quand on sait que la saison dernière Milan a versé 54 millions pour Kakà, Paolo Maldini, David Beckham, Andriy Shevchenko, Emerson et Philippe Senderos, il y a de quoi se montrer sceptique quant à la justesse de la gestion et on comprend mieux pourquoi l’exercice comptable s’est clôturé avec un trou de 67 millions. Logique quand on verse respectivement 10, 7 et 5 millions aux trois derniers joueurs cités pour cirer le banc ou carrément prendre place dans la tribune. Comme désormais, on ne parle plus que de restrictions et d’équilibre du bilan, Milan crie au scandale quand Liverpool réclame 8 millions pour Dan Agger.

Qu’importe pour Onyewu, il n’allait quand même pas refuser un contrat jusqu’en 2012 avec à la clé un salaire d’1 million net la première année (1,2 plus tard) soit la moitié que Senderos, qu’il est appelé à remplacer.

La décision d’enrôler Onyewu a été prise de manière accélérée au cours d’un repas entre Galliani et Luciano D’Onofrio, qui aurait duré jusqu’à 5 heures du matin.  » Onyewu est un bon joueur, qui va renforcer notre paquet défensif. Nous le suivions depuis un certain temps. Il a toujours bien fait son boulot. Et le Standard, et plus particulièrement son âme Luciano D’Onofrio, nous en a beaucoup parlé. Par la suite, évidemment, la Coupe des Confédérations a fait monter sa cote « , a-t-on pu lire sur le communiqué officiel rossonero.

Des joueurs milanais en prêt au Standard ?

 » Les bonnes relations existant entre les deux clubs ne sont pas étrangères au choix porté par Onyewu dont le contrat venait à échéance ce 30 juin « . a rétorqué la direction du Standard. En fait, il y a de grandes chances que les deux clubs se retrouvent bientôt pour discuter de la possibilité de mettre sur pied une rencontre amicale et surtout pour négocier le prêt – gratuit – de TabaréViudez et MathiasCardacio, respectivement un attaquant et un médian uruguayens. La cession du premier est fondamentale pour Milan car elle libérerait une des deux places réservées aux joueurs extracommunitaires. Cela ne concerne pas Onyewu, qui a un passeport belge mais débloquerait ThiagoSilva, le défenseur central acheté en décembre 2008 au Fluminense et qui n’a pu être aligné. Une aberration quand on sait que le Brésilien a coûté 10 millions et qu’on lui on a garanti un salaire de 2,5 millions annuels pendant quatre ans.

Berlusconi a beau chanter que Milan a le meilleur noyau du Calcio, personne ne le croit. Si les problèmes en attaque sont criants (jusqu’à la venue d’Onyewu, Galliani répéta sans cesse que le premier objectif était de renforcer l’attaque), il y en a aussi en défense. C’est pourquoi l’engagement d’Onyewu n’est pas incompréhensible. L’année dernière suite aux blessures de longue durée d’ AlessandroNesta (douleurs au dos) et KakhaKaladze (opération au genou droit) et aux indisponibilités répétées de DanieleBonera et de PaoloMaldini, l’axe de la défense n’a pas été performant. CarloAncelotti avait même été obligé d’y aligner MassimoAmbrosini, ce qui s’était révélé être un coup foireux.

Mis à part Maldini qui a pris sa retraite, tous ces joueurs sont fit au départ de la saison. Nesta, qui n’avait pas participé aux deux derniers stages, a même donné l’impression d’être sorti du tunnel. Surnommé le nouveau Maldini, Thiago Silva a été présenté comme une star même si ses expériences en Europe (Porto en 2004 et Dinamo Moscou en 2005) ont été des échecs. Evidemment, il ne doit pas être dépourvu de qualités puisque il a été appelé en sélection olympique et est d’ailleurs monté au jeu contre la Belgique lors du match pour la troisième place aux Jeux de Pékin.

Rendez-vous fin du mois

On pourrait donc se demander ce qu’Onyewu est allé faire là-bas même si le nouvel entraîneur, Leonardo, a décidé d’aligner constamment un quatre arrière. En fait, la cause de l’ex-Standardman n’est pas perdue d’avance car beaucoup de ces défenseurs constituent des points d’interrogation. Rien ne dit qu’ils sont toujours capables de s’exprimer au plus haut niveau. Cette semaine, Onyewu passera les tests médicaux avant de s’octroyer une semaine de repos. Ironie du sort, il devrait faire plus ample connaissance avec ses nouveaux équipiers lors de la tournée américaine de l’AC Milan : à Los Angeles Galaxy le 19 juillet, à Atlanta contre le Club America le 22, à Baltimore face à Chelsea le 24 et pour terminer le 26 à Boston contre l’Inter Milan le 26.

Au Standard, tout le monde estime qu’Onyewu avait fait le tour du propriétaire et qu’il confirmera sa progression à Milan. Laszlo Bölöni a souligné de son côté :  » Notre club ne laisse pas tomber ses joueurs et leur permet de réaliser leurs rêves. Onyewu espérait jouer dans un grand club d’un championnat huppé : c’est fait.  »

Le message a été capté par les joueurs et le capitaine, Steven Defour (courtisé par Everton qui accepterait de déposer 15 millions d’euros sur la table des négociations) a tout de suite précisé :  » J’ai été à la fois surpris et pas surpris par la signature d’Onyewu à l’AC Milan. Son nom a circulé un peu partout mais pas là. D’Onofrio a ses entrées dans ce club. L’année passée, j’avais pu y visiter le centre de revalidation grâce à lui. Si un joueur est patient, D’Onofrio peut le guider un jour vers le top.  »

par pierre bilic et nicolas ribaudo

D’Onofrio a ses entrées à Milan. L’année passée, j’avais pu y visiter le centre de revalidation grâce à lui. (Defour)

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