Déclencheur de tempêtes

Le moteur de l’entrejeu malinois a attendu ses 28 ans pour découvrir la D1 et n’a obtenu une réelle reconnaissance qu’à 32 ans.

Il avait été le bourreau d’Anderlecht, le 9 décembre, en ouvrant la marque d’une belle frappe et en offrant le deuxième but à AlessandroCordaro. Et, d’une manière plus générale, en étant le moteur de l’entrejeu malinois. A 32 ans, DavidDestorme est-il une révélation tardive ? Il a en tout cas dû attendre ses 28 ans pour découvrir la D1, et n’a obtenu la reconnaissance de son talent que depuis son passage du FC Dendre au FC Malinois, il y a deux ans et demi. Où a-t-il donc passé ses plus belles années ? Dans l’anonymat de la D3 et de la Promotion, dans un club amateur néerlandais ou en… D2 de mini-foot !

Il a perdu un frère

Destorme a débuté à Lovendegem : un club de 2e Provinciale de Flandre-Orientale dont sa maman gérait la buvette. Il y passait donc beaucoup de temps. Son frère aîné Jurgen, qui a neuf ans de plus que lui, y jouait en équipe Première. Après quelques années, David est parti à Lokeren, mais il a rapidement quitté Daknam suite à un différend avec un entraîneur, pour retourner à Lovendegem. Il s’est ensuite engagé à Evergem, un autre club de la banlieue gantoise qui évoluait en Promotion.

Son talent suscitait déjà les convoitises. Deinze, alors en 2e Nationale, s’est intéressé à lui mais il a décliné la proposition : cela ne l’intéressait pas ! Il préférait prendre du plaisir dans les divisions inférieures et avait un job en dehors du football.  » Un boulot éreintant : dans une imprimerie, où je devais parfois me farcir des pauses de nuit. Je suis content de l’avoir fait. Je sais ce que travailler veut dire et j’apprécie d’autant mieux, aujourd’hui, la vie de footballeur. Lorsque je jouais à Dender, j’ai essayé de reprendre des études (un régendat en éducation physique), mais c’était trop compliqué à combiner. « 

Si Destorme n’a pas d’emblée accepté les propositions de clubs plus huppés, c’est aussi parce qu’il était préoccupé par l’état de santé de son deuxième frère, Serge.  » En 1999, il a perdu son combat contre le cancer. J’avais besoin de m’amuser pour me changer les idées et j’ai commencé à sortir…  »

A l’époque, Destorme était surtout connu comme joueur de mini-foot : il jouait en D2 ou D3 avec le ZWR Evergem.  » Aujourd’hui encore, il me reste des gestes de joueur de mini-foot : les feintes, les contrôles de la semelle, le jeu en un temps. « 

La vie commence à Hoek

Le passage à Hoek, un club amateur néerlandais frontalier avec la Belgique, constitua un tournant dans sa carrière. Evergem venait de remporter le tour final de Promotion et le manager de Hoek, PatrickNaudts (un ancien joueur de Lokeren), s’était déplacé pour visionner l’attaquant du club promu. Il a constaté que Destorme et lui étaient très complémentaires, et est reparti avec les deux.

Aux Pays-Bas, Destorme s’est épanoui. Au point que Naudts, qui connaissait bien TrondSollied, l’a recommandé à l’entraîneur norvégien. David a eu droit à une semaine d’essai à Bruges.  » Mais, comme le Club était engagé dans la lutte pour le titre, j’ai dû m’entraîner avec les Espoirs sous la direction de CedomirJanevski. Au bout de la semaine, le directeur sportif MarcDegryse m’a poliment expliqué que j’étais un bon footballeur mais qu’il y avait déjà beaucoup de concurrence à mon poste.  »

C’est aussi à Hoek que Destorme a fait la connaissance de sa future épouse : la fille du président ! Et lorsque Dender, tout juste promu en D2, est venu frapper à la porte, il a osé prendre le risque.  » En fait, c’est mon épouse et mes beaux-parents qui m’ont encouragé à franchir le pas. « 

Les années pros

 » On avait une très belle équipe, avec JohanGerets, StevenDePetter et KoenPersoons, qui allait partir à Malines avant lui « , se souvient le manager de Dender, PatrickAsselman.  » Dans la foulée, Destorme a contribué à une deuxième montée consécutive de D2 en D1.  » Après trois années, dont deux en D1, ce fut le départ pour Malines. Lors de sa première saison, sous PeterMaes, il se faisait souvent réprimander pour son manque de concentration.  » Il est parfois tête en l’air « , confirme OlivierRenard.  » Si l’on entend un objet qui tombe dans la salle des joueurs ou quelqu’un qui trébuche, on peut être certain que David est dans le coup. Sur le terrain, c’est pareil : si quelqu’un oublie de surveiller son adversaire direct, c’est souvent lui. Et si un oiseau vole dans le ciel et éprouve le besoin de se soulager, cela tombera probablement sur sa tête ! ( Ilrit). C’est un joueur très important. Dos au but, il est l’un des plus rapides à se retourner, avec ElyanivBarda de Genk, et il a cette capacité d’éliminer un homme sur un crochet court.  »

Si, en l’absence de véritable attaquant, il a parfois dû évoluer en pointe la saison passée, il a retrouvé sa place de médian offensif qui lui convient mieux. Destorme habite toujours à Terneuzen. Son épouse lui a donné un enfant, prénommé Beau, et il parcourt quotidiennement 85 kilomètres pour se rendre à l’entraînement.

PAR DANIEL DEVOS- PHOTO: IMAGEGLOBE

 » Dos au but, il est l’un des plus rapides à se retourner, avec Elyaniv Barda et il sait éliminer sur un crochet court  » (Olivier Renard).

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