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De si grandes attentes!

Mardi dernier, alors même qu’Antonio Conte se liait officiellement à Tottenham, cela faisait 5.000 jours (! ) que le club n’avait plus gagné le moindre trophée, depuis la League Cup 2007-2008. Le ton était donné…

L’été dernier, il a fallu 72 jours à Tottenham pour trouver un successeur à José Mourinho, engagé comme coach en novembre 2019 et viré la saison passée. Le Portugais a aidé le club à remonter de quelques échelons et l’a mené en finale de la League Cup, sans toutefois décrocher le Graal. En haut lieu, son travail a déçu: « trucs » psychologiques dépassés, trop peu d’automatismes à l’entraînement alors que le noyau avait été renouvelé trop tard et trop lentement… Mauricio Pochettino avait mis le club en garde, en vain. Ces dernières années, Tottenham s’est surtout occupé de ses installations. Le nouveau complexe d’entraînement est fantastique, le stade l’est encore plus. Il ne s’est toutefois pas suffisamment intéressé au terrain. L’été passé, il a donc décrété qu’il était temps de retrouver son ADN: un jeu frais et offensif, qui intègre des jeunes. Leurs moyens étant limités, les Spurs ont fait leur meilleure affaire en empêchant Harry Kane de rejoindre Manchester City.

Cet été, Conte a refusé le poste de manager de Tottenham. Avec quelques mois de retard, le voilà à la tête des Spurs.

Une fois les clés du camion entre ses mains, Nuno Espírito Santo n’a pas réalisé de miracles. Après 124 jours et un revers 0-3 contre Manchester United, le Portugais a été prié de plier bagages, lui qui n’est jamais parvenu à extirper Kane de son passage à vide, avec un petit but en neuf journées de Premier League. L’équipe était loin du free flowing football tant espéré. À son départ, Tottenham avait la deuxième plus mauvaise attaque de la série.

Place donc à Antonio Conte, qui était déjà le favori de Fabio Paratici en été. Ce dernier a été nommé directeur sportif des Spurs le 1er juillet. Les avis quant à ses qualités sont partagés: milieu de terrain médiocre, il s’est montré bien meilleur au poste de scout et manager à la Sampdoria, puis à la Juventus, où il a contribué à former l’équipe championne. La Juve, qui n’avait plus remporté de titre depuis 2003, a enrôlé Conte, encore inconnu en tant que coach, et AndreaPirlo, placé sur une voie de garage par l’AC Milan à l’époque. C’était le début d’une période dorée, avec trois titres d’affilée pour Conte, qui a ensuite été champion avec Chelsea et l’Inter.

En juillet, Conte a toutefois refusé le poste. Parce que Paratici, également responsable des récents déboires financiers de la Juve (c’est lui qui a attiré CristianoRonaldo à Turin) ne possédait pas encore assez de pouvoir pour transférer un coach aussi gourmand financièrement? Parce qu’il disposait d’autres options? Avait-il besoin de vacances ou redoutait-il le départ de Kane et un scénario semblable à celui de l’Inter? Il y a sans doute un peu de tout ça. Le voilà malgré tout à Londres, avec trois mois de retard, le PSG ayant conservé Pochettino, United ayant renouvelé sa confiance à Ole Gunnar Solskjaer et le Real ayant opté pour CarloAncelotti.

Son arrivée soulève d’immenses espoirs, car Conte est une garantie de succès. Jeudi dernier, il a posé un premier geste: il est passé à une défense à trois. On ne sait pas encore s’il va procéder en 3-4-3 comme à Chelsea de 2015 à 2017 ou préférer le 3-5-2 développé par l’Inter ces deux dernières saisons. Tout ça dépendra de l’évolution de Lucas Moura, Tanguy Ndombelé, Dele Alli et GiovaniLo Celso. En tout cas, Tottenham va acquérir une meilleure condition physique et apporter plus d’intensité à son jeu, car Conte avait pointé ces aspects en été.

Consultant pendant l’EURO, Conte a déclaré que l’Angleterre devait aligner Kane plus en profondeur, là où il est le plus redoutable. À Tottenham, Kane n’hésite pas à se déporter dans d’autres parties du terrain, parfois même à gauche. Sans la présence de leur Prince Harry dans le rectangle, les Spurs trouvent difficilement le chemin des filets cette année.

Les observateurs anglais attendent beaucoup du duo Son-Kane, étant donné Conte va multiplier les séances afin d’instaurer des automatismes et qu’il s’appuie souvent sur de bons duos d’attaque: Llorente-Tévez à la Juventus, Hazard-Costa à Chelsea, Pellé-Eder avec la Squadra Azzurra et, surtout, Lu-La à l’Inter. Sous les ordres de Conte, Romelu Lukaku a marqué 64 buts en 95 matches et Lautaro Martínez quarante pions en deux saisons. Performant dans le passé, le duo Son-Kane a ralenti la cadence depuis le départ de Pochettino. Conte doit relancer le moteur. Et qui sait? Tottenham va peut-être renouer avec la victoire.

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