De retour, Suarez veut changer

On ne peut pas vraiment dire que Luis Suarez améliore la réputation de Liverpool ni lui confère une meilleure image. L’Uruguayen, si important pour son pays au Mondial sud-africain, a 26 ans. Mercredi dernier, il est revenu après une suspension de dix matches – en pratique de cinq mois. En avril, il avait mordu Branislav Ivanovic à l’oreille. Ce n’était d’ailleurs pas sa première sanction pour morsure : aux Pays-Bas, il avait écopé de sept matches pour avoir sévi lors d’un match entre l’Ajax et le PSV et ce n’était pas davantage sa première punition de longue durée en Angleterre : en 2011, il a purgé huit matches pour des propos racistes à l’adresse de Patrice Evra (Manchester United). Pendant l’été, Suarez a tenté de partir et Arsenal a offert 47,5 millions pour ses services mais les Reds ont refusé. Donc, Suarez et Liverpool, c’est une union solide, même si elle a un côté sombre.

Les Reds continuent à soutenir leur avant. Mieux, le lendemain de son retour contre Manchester United en Capitol One Cup, une épreuve perdue par Liverpool, Ian Ayre, le managing director de l’équipe, a déclaré vouloir négocier, en fin de saison, pour prolonger le contrat de Suarez, qui n’arrive à terme que dans trois ans. Pendant sa suspension, l’Uruguayen a effectué un énorme travail sur lui-même et a promis de changer. La pause de 157 jours lui a semblé interminable et il en a vraiment souffert, d’après Brendan Rodgers, le manager de Liverpool.

Tout cela n’est pas si surprenant, à en juger par les extraits d’un livre, Vamos que Vamos, qui sort en décembre. L’avant revient sur sa jeunesse difficile. Il est né dans une famille de sept enfants, il a été contraint de déménager de Salto, dans la campagne, à la capitale, Montevideo, ce qu’il a d’abord refusé, préférant vivre chez sa grand-mère. Il a vécu le divorce difficile de ses parents alors qu’il avait neuf ans, un divorce suivi de problèmes financiers. Enfin, il a eu une puberté précoce. De 12 à 14 ans, il a dit non à tout : à ses parents, à l’école, même aux entraînements et à tout ce qui ressemblait à du football organisé. Il voulait seulement jouer. Son équipe, Nacional, a failli le renvoyer, tant il était ingérable, mais lui a octroyé une ultime chance. Le club lui a promis des chaussures s’il venait s’entraîner, et il a surtout fait la connaissance de sa future femme. Sofia avait alors… douze ans, lui quinze.

Son retour constitue-il une garantie de succès ? Les statistiques ne sont pas formelles. Jusqu’au retour de son avant, Liverpool a joué dix matches. Il en a enlevé sept, il a concédé deux nuls et une défaite. Il y a deux saisons, l’Uruguayen a raté sept matches. Les Reds en ont gagné cinq et perdu deux. À son retour de suspension, il y a deux ans, Liverpool a perdu six des douze matches suivants… Le club est donc capable de gagner sans son attaquant, notamment grâce à l’épanouissement de Daniel Sturridge, qui a éclaté une fois sorti de l’ombre.

Le talent de Suarez est incontestable : il marque un but tous les deux matches en moyenne, pour les Reds. Il a prouvé la saison dernière, contre Chelsea, qu’il était capable de jouer avec Sturridge. Reste à savoir comment Rodgers va faire fonctionner le duo avec le Brésilien Philippe Coutinho, recruté en janvier. Le numéro dix regorge de talent. Arrivé trop tôt en équipe première de l’Inter, il n’a pu y être dominant. Il a été loué à l’Espanyol, où Liverpool l’a détecté. Si Rodgers parvient à lier la sauce tout en mettant l’organisation défensive au point, les supporters vont vivre de bons moments.

PAR PETER T’KINT

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