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De keeper à greenkeeper

Fin avril, Michaël Cordier (35 ans) a mis un terme à sa carrière du côté de Saint-Symphorien, en D3 amateurs. Loin des regrets, l’ancien de La Louvière, Anderlecht et Bruges pense désormais à sa famille et à son boulot : l’entretien des parcs et jardins.

Quand nous arrivons chez Michaël Cordier, celui-ci n’est pas encore revenu du travail.  » Il est pris dans les embouteillages « , nous explique sa compagne. Pas grave, on peut attendre. Quelques minutes plus tard, le néo-retraité du football débarque et se lance directement dans l’exercice de l’interview pour parler de son passé, son présent et son futur.

Quelques semaines auparavant, le gardien a refermé un chapitre important de sa vie, long de 15 ans, dans lequel l’histoire nous emmène de La Louvière à Bruges en passant par le Brussels, Anderlecht et Westerlo.

 » J’ai un bon sentiment. Les choses étaient claires depuis le mois de décembre « , débute-t-il.  » Cela me permet de profiter de ma famille après le boulot et de passer de bons moments avec elle.  »

Le Brussels, un mauvais choix

En 2005, La Louvière voit son gardien titulaire, Silvio Proto, rejoindre le Sporting d’Anderlecht. Pas de panique à la RAAL où un jeune attend son heure : Michaël Cordier. Le club vient de terminer 7e en D1, mais c’est davantage un chant du cygne qu’un hurlement de loup.

Car le club hennuyer va réaliser une saison catastrophique au cours de laquelle le scandale des matches truqués fait figure de dernier clou du cercueil louviérois. La Louvière terminera dernière, sera reléguée en D3 et disparaîtra trois ans plus tard. Nonobstant ce marasme, le jeune Cordier réalise malgré tout une saison pleine et s’affiche comme la rare satisfaction de cet exercice 2005-2006. Pisté par le Standard et Gand, le portier de 21 ans décide pourtant de rallier le Brussels.

 » Signer là, c’était une erreur. Je pensais arriver dans un club qui me donnait toutes les garanties pour évoluer et où il y avait un beau projet mais je me suis vite rendu compte que certains joueurs avaient le monopole dans le club.

Richard Culek, Alan Haydock et mon concurrent direct, Patrick Nys, faisaient partie d’un petit noyau d’anciens et je pense que je les dérangeais.  »

Trois fois champion sans jouer

Michaël Cordier ne s’en est pas moins forgé une jolie petite carrière avec la particularité d’avoir décroché trois titres (deux en D1, un en D2) sans avoir joué une seule minute. En 2012, il est champion pour la première fois avec Anderlecht et jouera un match, sitôt le titre acquis.

 » Rester 3 saisons et demie à Anderlecht, ce n’est pas rien « , affirme-t-il.  » Anderlecht n’a pas besoin d’un seul bon gardien mais de deux ou trois. Et je faisais partie du lot. Cela, on ne me l’enlèvera pas, même si j’ai dû patienter jusqu’à la fin de la saison pour m’installer entre les perches.  »

En 2016, c’est avec Bruges et Michel Preud’homme qu’il coiffe les lauriers nationaux.  » Bruges, c’était le plus impressionnant. Fêter le titre avec tous les supporters, sur la Grand-Place, c’était super « , se remémore-t-il. Entre-temps, en 2014, il avait aussi connu les joies du titre en D2 avec Westerlo.

Et quand on ajoute à tout cela la Supercoupe de Belgique remportée en 2010 avec les Mauves et la participation à l’Euro Espoirs en 2007, cela fait pas mal de jolis petits trophées dans la vitrine.

A l’Olympic grâce à Dante Brogno

Loin d’être un long fleuve tranquille dans la vallée de la D1, la carrière de Cordier l’a amené à voguer sur des cours d’eau plus petits, dans les divisions inférieures. La première fois qu’il découvre le foot amateur, c’est en 2010, à l’Olympic de Charleroi.

 » J’étais dans une situation compliquée à Anderlecht puisqu’il y avait 6 gardiens « , raconte-t-il.  » DanielZitka revenait de blessure, puis il y avait Proto, SébastienBruzzese, NicaiseKudimbana… A un moment, ce n’était plus possible, même aux entraînements. Filip De Wilde devait nous séparer ou modifier les exercices.

J’ai donc demandé un prêt et Dante Brogno, qui était mon voisin, m’a demandé de venir apporter mon expérience pendant six mois à l’Olympic, qui allait jouer le tour final. J’ai dit oui et j’ai pris du temps de jeu et du plaisir.  »

Lui, qui avait toujours été professionnel jusque-là, découvre un autre monde.  » Les entraînements, l’intensité, la qualité des joueurs – sans être méchant – sont bien différents, surtout quand on vient d’Anderlecht « , lance-t-il.

 » Je n’ai pas voulu faire de comparaison car mon but était de jouer et prendre du plaisir. On s’y fait vite, cependant. Et puis, je savais que c’était pour une courte durée, seulement quelques mois.  »

Jardinier plutôt que vendeur

S’il retrouve Anderlecht dans la foulée en tant que troisième gardien, en 2016, l’histoire pro est définitivement terminée pour lui quand il quitte Bruges à destination de La Louvière.  » L’adaptation se fait naturellement mais ça dépend aussi du caractère de la personne « , explique Cordier.  » Le rythme d’entraînement change. Il faut s’y faire, ne pas se poser 1000 questions et, au fil des semaines et des matchs, on prend le pli.  »

Le foot amateur, c’est aussi découvrir  » la vie réelle « , comme le dit Michaël Cordier, celui où il faut travailler en dehors du football.  » On sait bien qu’une carrière de sportif pro ne dure pas éternellement. J’avais déjà l’idée de suivre une formation en parcs et jardins après ma période active. Donc j’ai fait une formation et, après six mois, j’ai eu un poste dans ce domaine.  »

Amoureux de la nature et du travail qui s’y rattache, c’était pour lui un choix logique.  » C’est aussi quelque chose de physique, avec les abattages en hiver. Il me fallait un métier qui me donne de l’adrénaline, qui me permette de me dépenser « , justifie-t-il.  » Dans un bureau, entre quatre murs, avec mon tempérament, ce n’était possible.  »  » Il voulait être vendeur « , rigole sa femme.  » Mais ça ne le faisait pas « , sourit Michaël.

Parcs et jardins, c’est comme le football finalement.  » Beau temps, mauvais temps, on est à l’extérieur. Je vois toujours des terrains, des pelouses. Mais cette fois je les tonds (rire). Je prends énormément de plaisir « , conclut-il.

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