De flop à TOP

Bruno Govers

Après un premier tour en demi-teinte, l’ex-Espoir a à cour de rebondir pleinement au Tivoli.

Une passe en retrait de Michaël Murcy ponctuée d’un tir en pleine lucarnedroite du but défendu par le jeune et prometteur Logan Bailly : le moins que l’on puisse écrire, c’est que le goal égalisateur des Loups à Heusden-Zolder, £uvre du revenant Gunter Van Handenhoven, n’est pas passé inaperçu. Pour beaucoup, c’était même le plus beau de la récente 19e journée de championnat.

 » Je ne marque pas souvent mais mes réalisations valent souvent le coup d’£il « , rigole-t-il.  » Ma dernière remontait à ma période messine. A l’occasion d’un déplacement à Montpellier, je m’étais engouffré entre deux défenseurs sur l’aile gauche avant de tirer violemment dans le coin opposé. Grâce à cet envoi surpuissant, j’avais porté l’équipe au commandement à un fifrelin du coup de sifflet final. En principe, il aurait dû être, pour nous, synonyme de maintien parmi l’élite française, puisque nous jouions notre tête au stade de la Mosson. Mais un penalty accordé trop généreusement par l’arbitre et converti par la formation de l’Hérault allait, hélas, signifier la fin de nos illusions. Du coup, nous n’avions plus que nos yeux pour pleurer « .

Gunter Van Handenhoven, qui avait vécu les grandes heures du FC Metz auparavant, avec comme point d’orgue une finale de la Coupe de la Ligue contre Lens, était plutôt réfractaire à l’idée d’accompagner les grenats à l’échelon inférieur du football français et c’est pourquoi, en cette fin de saison 2001-2002, il sollicita son transfert. Mais sur un marché en crise, les candidats acquéreurs ne se pressèrent pas au portillon.

 » Comme bon nombre de joueurs français qui ne trouvèrent soudain plus chaussure à leur pied dans l’Hexagone, la seule porte de sortie, pour moi, fut un retour au sein de la compétition belge « , dit-il.  » Au hasard d’une visite au pays, j’avais eu la chance de rencontrer Herman Vermeulen, que j’avais connu à Gand . Il m’avisa que les Buffalos étaient à la recherche d’un demi et que, d’après lui, je pouvais faire l’affaire. Mais il fallait, évidemment, que je prouve mes qualités au coach principal, Jan Olde Riekerink. Après un seul essai, le Hollandais semblait déjà entièrement convaincu de mes qualités : -Un gars de ta trempe fera toujours partie de mon 11 de base « , dit-il. Aussi, en deux temps trois mouvements, mon passage à Gentbrugge fut entériné « .

Derrière le ballon

La suite devait toutefois se révéler nettement moins glorieuse. Titulaire au départ, il eut tôt fait de disparaître des plans de bataille de l’entraîneur. Et comme un malheur ne vient jamais seul, le milieu mulâtre se blessa. Du coup, sa saison s’en alla bien vite à vau-l’eau. Huit apparitions à peine au total, c’était un fameux goût de trop peu.

 » Honnêtement, je n’ai jamais très bien compris où Jan Olde Riekerink avait voulu en venir avec moi « , observe-t-il.  » Je m’étais toujours signalé comme médian défensif, ma place de prédilection, et voilà que l’homme m’utilisait essentiellement dans un rôle de soutien des attaquants. Désolé, mais dans toute ma carrière, j’ai toujours joué derrière et non devant le ballon. C’est pourquoi je n’ai jamais donné le meilleur de moi-même à Gand. Dix fois plutôt qu’une, j’ai signifié au Néerlandais qu’il faisait fausse route avec moi. Mais il ne voulait rien entendre. Pour lui, Gaby Mudingayi, Madjid Adjaoud voire Jimmy Hempte étaient susceptibles d’évoluer à cette place. Dans ces conditions, il fallait que je joue un cran plus haut. Mais c’était contre nature « .

Après une saison, Gunter Van Handenhoven se le tint pour dit au stade Jules Otten. Pour la deuxième fois en autant de saisons, l’heure était, pour lui, à la quête d’un nouveau club. Et au même titre que l’année précédente, les recherches ne furent pas faciles. Et ce n’est qu’in extremis, finalement, que La Louvière lui tendit la main.

 » Dans un premier temps, j’ai ni plus ni moins offert mes services à l’Antwerp « , précise Gunter Van Handenhoven.  » J’habitais Wijnegem à cette époque et je pouvais, pour ainsi dire, me rendre au Bosuil à pied. Je me suis entraîné pendant une dizaine de jours avec le noyau de Première du Great Old mais René Desaeyere n’était pas des plus enthousiastes. Il estimait, non sans raison peut-être, qu’il y avait d’autres priorités que le recrutement d’un milieu de terrain. Comme le temps pressait, j’ai répondu à l’appel de René Vandereycken à Twente. Mais lui aussi préféra jeter son dévolu sur d’autres éléments, et plus précisément Adil Ramzi et Giorgi Gakhokidze du PSV. En définitive, au moment où je ne m’y attendais plus, les Loups se sont manifestés et un terrain d’entente fut vite trouvé « .

La Louvière, c’était pour Gunter Van Handenhoven la perspective de retrouver deux entraîneurs sous les ordres desquels il avait travaillé en équipes nationales de jeunes : Ariel Jacobs et Patrick Wachel. Deux hommes qui ne lui auront laissé que de bons souvenirs, à une exception près : une cuisante défaite 10 à 0 lors des Championnats du Monde des moins de 20 ans en Malaisie, contre le Brésil.

 » C’était lourd à supporter, tant pour le staff technique que pour les joueurs eux-mêmes « , se souvient-il.  » Mais, à la décharge du clan belge, je dirai qu’il faisait suffocant à Kuala Lumpur et que n’importe qui aurait été battu ce jour-là, et dans les mêmes circonstances, par les Cariocas. Une chose est sûre : cette gifle ne nous a nullement empêchés tous de faire notre chemin dans le football. Non seulement Ariel Jacobs, qui est un coach respecté aujourd’hui, mais aussi les joueurs. Personnellement, j’ai quand même passé plusieurs saisons en France, dans une compétition d’un très haut niveau. Et je ne désespère pas y retourner un jour. Quand on a eu, comme moi, la faveur de livrer des duels face à des garçons comme Ludovic Giuly ou Jay-Jay Okocha, on en veut toujours plus. Mais ces perspectives-là, il faut les mériter. En commençant d’abord par se signaler au Tivoli. Et je m’y attelle après une longue attente « .

Première à Geel

Arrivé chez les Loups en septembre, alors que le championnat avait déjà débuté, Gunter Van Handenhoven présentait un important retard conditionnel qu’il s’est attaché à résorber au fil des semaines. Même si, chemin faisant, sa croissance fut à l’une ou l’autre reprise perturbée par un petit bobo, aux quadriceps notamment. Depuis le début du deuxième tour, toutefois, il n’y paraît plus.

 » D’entrée de jeu, le manager du club, Roland Louf, et le duo d’entraîneurs m’ont dit de ne pas brûler les étapes « , souligne Gunter Van Handenhoven.  » Pour eux, il était très important que je sois à nouveau pleinement opérationnel lors du deuxième tour de la compétition, au moment où certains souffrent de certaines affections, comme Georges Arts ou que d’autres, tel Maâmar Mamouni ou Peter Odemwingie sont réclamés par la Coupe d’Afrique des Nations. Finalement, j’aurai été prêt à point nommé puisque ma première titularisation remontre au match de Coupe de Belgique au Verbroedering Geel. Par la suite, il y en eut deux autres face au Club Brugeois, toujours en Coupe, et Heusden-Zolder en championnat. Trois rencontres qui se sont soldées par autant de victoires avant notre déplacement en Venise du Nord, hier. C’est bon pour le moral « .

Désigné comme flop louviérois à mi-saison par notre magazine, Gunter Van Handenhoven n’a qu’une seule envie : infléchir le cours des événements au deuxième tour afin de terminer comme top des Vert et Blanc au terme de cette campagne. Ce qui n’est nullement impensable tant le concerné a une faim de Loup après tous ces mois de disette.

 » Je l’avoue tout de go : cela m’a fait mal d’être catalogué ainsi par Sport/FootMagazine « , dit-il.  » Même si le commentaire accompagnant cette désignation, et qui faisait état d’une poisse insigne dans mon chef plutôt que d’une insuffisance au point de vue purement footballistique, a grandement atténué la portée de ce jugement. A présent que je me sens à nouveau bien dans ma peau et dans ma tête, je veux prouver que le club du Tivoli a eu raison d’investir ses deniers en moi. Etre l’homme du deuxième round, c’est l’objectif que je me suis fixé en tout cas. Pour les besoins de ma rentrée au Verbroedering Geel, l’entraîneur m’avait titularisé au demi droit, au départ d’un 4-4-2, et je ne m’étais pas trop mal tiré d’affaire. Mais ce n’est que contre le Club Brugeois en coupe nationale, puis à Heusden-Zolder, que j’ai le sentiment d’avoir marqué des points précieux comme pare-chocs devant la défense, au côté de MathieuAssou-Ekoto. Si j’ai la chance de persévérer dans ce rôle, je crois pouvoir me montrer utile à mes nouvelles couleurs. Et je l’entends bel et bien ainsi « .

Bruno Govers

 » Je ne MARQUE PAS SOUVENT mais mes réalisations VALENT souvent LE COUP D’îIL  »

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