De Bilde à Milan

A l’instar de plusieurs autres joueurs, l’Anderlechtois s’est fait mannequin pour présenter la collection d’un créateur belge.

L’espace d’une soirée, le créateur belge Dirk Bikkembergs a fait appel à des footballeurs pour présenter sa collection hiver 2003-2004. Pavel Nedcov (Lavski Sofia), Cesare Natali (Atalanta), Thomas Helveg (Milan) et Gilles De Bilde, pour ne citer qu’eux, ont ainsi défilé à Milan, la capitale transalpine de la mode.

Bikkembergs a tenté de faire défiler des joueurs d’horizons différents, pour interpeller le plus grand nombre de pays. Il n’a pas obtenu David Beckham, qu’on aurait très bien vu dans le rôle: s’il a été client de Bikkembergs, il ne porte plus que des marques extrêmement prestigieuses depuis son mariage.

Le couturier a sélectionné des joueurs d’un naturel élégant, qui aiment s’habiller, mais sa démarche interpelle. A priori, haute couture et football sont aux antipodes l’une de l’autre. Voire… Bikkembergs puise son inspiration dans le style militaire et le sport. Sa collection n’a rien à voir avec les vêtements des marques sportives. En fait, durant le défilé, il a présenté des tenues de haute couture, du casual et du prêt-à-porter. La plupart des tenues sont noires, élégantes, taillées presque à même la peau et égayées de tricots colorés. Il y a deux ans, il a organisé un défilé au stade San Siro. Ses vêtements sont griffés d’un footballeur, comme ceux de Ralph Lauren arborent un joueur de polo.

Bikkembergs: « Le football n’est pas un thème passager. Les joueurs sont les nouvelles popstars. Ils font rêver, déchaînent les passions. Dans ma jeunesse, je collais des affiches de chanteurs dans ma chambre. Les jeunes de maintenant placardent leurs murs de posters de footballeurs. Ralph Lauren a créé un univers qu’on visualise: une forêt en Amérique du Nord, une cabane, un feu ouvert, un couple enlacé… Autour de son image de base, forte parce qu’elle interpelle tout un pays, il a créé un empire. Le sport incarne un nouveau style de vie, sain. En utilisant des footballeurs comme mannequins, je veux projeter leur énergie dans mes vêtements.De fait, mes vêtements n’ont rien à voir avec le football: c’est juste une question d’ambiance. D’ailleurs, il m’est arrivé de dessiner dans un stade, mû par l’inspiration du moment. »

Bikkembergs travaille dans la mode depuis plus de 15 ans mais il a connu une longue traversée du désert, avant de renaître, par la grâce du ballon rond. A l’instar des footballeurs, les jeunes sont devenus plus conscients de leur corps, ils aiment les couleurs, les belles fringues, les marques et leur confort. Le créateur va dans ce sens. A la recherche d’un corps parfait, il a découvert un footballeur. Il a taillé sur mesure, à même la peau, un jean, sans paillettes ni ajouts, si ce n’est une touche militaire. Un procédé chimique permet au jean de suivre les mouvements du corps sans se déformer. En mettant ce jean au point en 2000, il a concrétisé un vieux rêve: porter éternellement son jean, sans qu’il s’abîme.

Nul n’imaginerait Gucci créer de vraies chaussures de sport, pas plus que Nike ou Adidas un smoking. Bikkembergs veut opérer un lien entre ces extrêmes, proposer un style de vie global: « J’aurai réussi si je parviens à développer des vêtements dans lesquels on se sent bien, qu’il s’agisse d’un smoking ou d’un survêtement. Je voudrais que la petite silhouette rouge de mon footballeur provoque une association de pensée: Bikkembergs = football et sport. Et santé. Dans le passé, comme d’autres créateurs anversois, j’ai commis une erreur. Je n’ai pas assez communiqué. Pour convaincre les gens d’acheter mon jean et pas celui de Levis, je dois me forger une image qui interpelle un certain public. Me créer un univers, comme Ralph Lauren, dans lequel un maximum de gens puissent se retrouver ».

Pascale Piérard

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