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David Ginola

Ils n’étaient pas toujours les plus grands, mais on les adulait quand même. Parce qu’ils avaient ce petit quelque chose en plus : de l’humour, un avis bien tranché, voire un côté tragique. Place aux figures cultes du foot. Sous la loupe, cette fois : David Ginola.

Un des meilleurs du monde, a déclaré Johan Cruijff à l’issue de la double confrontation entre son club, le Barça, et le Paris Saint-Germain. Au printemps 1995, le grand club catalan a été éliminé au Parc des Princes, et David Ginola, alors âgé de 28 ans, a joué un rôle majeur dans le succès parisien.  » Quelques mois plus tard, j’ai disputé un tournoi de golf avec Cruijff, à Barcelone, et il m’a dit que j’étais sa priorité pour la période de transferts.  »

Avec un mais : Barcelone avait déjà six étrangers sous contrat et Cruijff devait se défaire de deux d’entre eux. Il n’y est pas parvenu.  » Il m’a retéléphoné. Il n’avait pas trouvé de nouveau club à Hristo Stoichkov et Gheorghe Hagi et je ne pouvais donc pas rejoindre le Barça. Je me souviendrai toujours de ce jour : le 14 juillet, la pire fête nationale de ma vie.  »

Le médian français, né à un jet de pierre de Saint-Tropez, s’est retrouvé à Newcastle, au nord-est de l’Angleterre, où Kevin Keegan avait formé une des équipes les plus spectaculaires de Premier League dans le courant des années ’90. Alan Shearer, Faustino Asprilla, Les Ferdinand, Peter Beardsley et Ginola faisaient honneur au surnom de l’équipe – The Entertainers. On y chantait un air des Kinks :

 » We are the world’s most passionate fans and we look real cool,

Caus’ the Geordies’ rule with Ginola,

La la la, Ginola,

He’ll score us a goal’a. »

Ginola a raté une deuxième fois son transfert au Camp Nou, quand l’intérêt de Sir Bobby Robson s’est heurté au veto de Keegan, mais il était adulé à St. James’ Park. Manchester United y a été balayé 5-0, grâce à un superbe but de… Philippe Albert, mais le titre n’en est pas moins revenu à Old Trafford, pour la quatrième fois d’affilée.

Le courant n’est pas passé avec le successeur de Keegan, Kenny Dalglish, et le Français a rejoint Tottenham Hotspur. Son élégance et ses looks convenaient à merveille à Londres. Nul n’a été surpris qu’il devienne ensuite acteur, mannequin et viticulteur. Il a toujours été un bon vivant, portant ses cheveux longs, tout en ne se ménageant pas sur le terrain, en réalisant des actions géniales, grâce à des pieds rapides et précis.

Il est devenu la star absolue d’une équipe très médiocre, avec laquelle il a gagné son unique prix en Angleterre, la League Cup, en 1999.  » Il parvient même à rendre attrayante l’équipe de George Graham, un manager plutôt défensif « , a-t-on pu lire ensuite, quand la presse sportive anglaise l’a élu Footballer of the Year. Un fait unique.

Jamais encore ce prestigieux prix n’était revenu à un footballeur qui ne se produisait pas pour une équipe du top quatre. En plus, il a devancé les vedettes de Manchester United, auteur du treble, et la palette de vedettes d’Arsenal – Emmanuel Petit, Dennis Bergkamp et Marc Overmars. Cruijff s’est à nouveau manifesté :  » Maintenant, à 32 ans, il est vraiment le meilleur footballeur du monde.  »

Pourtant, à sa grande surprise, l’été 2000, il a été vendu à Aston Villa. Une humiliation, à ses yeux, d’autant que le manager John Gregory l’a rapidement surnommé Mister Blobby. Il a réagi à sa façon : après avoir inscrit un but contre Manchester City, il a ôté son maillot pour montrer son ventre bien plat.

 » Ça m’a fait mal car je me suis toujours bien soigné, mais ce n’était pas la première fois qu’un entraîneur essayait de me rabaisser « , a-t-il raconté au Guardian. Il faisait allusion à Gérard Houllier, le sélectionneur qui l’avait écarté en 1993, alors qu’il venait de recevoir de France Football le prix du meilleur footballeur français, pour avoir perdu le ballon dans un match de qualification contre la Bulgarie, privant les Bleus du Mondial américain.

Les supporters s’en étaient pris à lui et la presse l’avait qualifié d’assassin du football français. Il en est donc resté à 17 sélections nationales. Beaucoup trop peu.

Bio

NÉ LE : 25 janvier 1967 (France)

CLUBS : Sporting Toulon Var, RC Paris, Stade Brest, Paris Saint-Germain, Newcastle United (Angleterre), Tottenham Hotspur (Angleterre), Aston Villa (Angleterre), Everton (Angleterre)

CAPS : 17 (3 goals)

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