David et GEORGETTE
– » Non Marcel ! Beckham est un salaud ! « , asséna Georgette en sirotant sa prunelle, mais dont le petit poing sur la table fit trembler le sucrier.
– » Chou, David n’est qu’un homme… « , tempéra Marcel en prenant deux sucres pour le café dont il se contentait ce soir. » Sans compter que tout ça n’est peut-être qu’une invention des tabloïds. Oh ! Tabloïd, ça rime avec coït ! « , ajouta-t-il, à mi-chemin entre grivoiserie bête et prétention à l’humour versifié.
– » C’est ça : et Marcel rime avec hydromel. « , se gaussa Georgette. » Il n’y a pas de fumée sans feu, vieil homme, surtout qu’il y a maintenant TROIS fumées ! Avec rien que cette Rebecca, avec une seule pouffe à fric, je pouvais me ranger à la présomption de coup monté ! Mais voici déjà la troisième : attends un mois, et tu pourras composer une équipe féminine avec toutes ces dindes sautées par ton David, et qui cherchent maintenant à s’arrondir le pécule de vacances ! »
– » Chouu, tu ne peux rien faire à ça, c’est une question d’hormones… « , soupira Marcel en repliant la gazette. » Ces gars-là, ce sont des compétiteurs de très haut niveau, tu ne te rends pas compte « .
– » Je ne vois pas le rapport entre tes hormones, la compétition et les dérapages de ton bellâtre blond « , siffla Georgette, décidément vipérine…
– » Je viens de lire que la testostérone, hormone du désir, était en même temps l’hormone de l’agressivité, donc de la pulsion compétitive « , exposa Marcel d’un ton docte en brandissant sa gazette. » Disons qu’il y a interaction : l’activité sexuelle booste l’esprit de compétition, la compétition renforce le besoin sexuel. Pour te dire les choses plus simplement, le sexe est en quelque sorte un produit dopant autorisé ! »
– » Ne fais pas ton malin avec ta feuille de chou, tu ne t’y connais pas plus en hormones qu’en broderie ! « , coupa Georgette en continuant d’entamer le carafon de prunelle. » Et tout ce que tu radotes est contredit par les pratiques des grands clubs, les mises au vert, l’abstinence avant les matches « .
– » Chouuu, David et les autres, ce sont des machines drillées pour scorer « , rajouta Marcel pour faire mousser Georgette. » Depuis tout petits, on les a dressés à triompher des défenses renforcées, à exploiter la moindre ouverture au quart de tour, à CONCRéTISER SANS SE POSER DE QUESTION ! Alors, toutes ces gonzesses qui leur butinent autour, c’est comme un but béant sans rideau défensif : l’instinct de buteur prend le dessus ! En fait, là où tu imagines un adultère, c’est seulement scientifique… « , conclut-il pompeusement, s’étirant d’aise sur sa chaise.
– » Fadaises ! Je suis sûre que Zizou, lui, ne trompe pas sa femme ! « , crisa Georgette à cran, car la brouille de la veille avec sa voisine mariait mal la liqueur de prunelle. » Si ton David se vidait les tripes sur le terrain plutôt que les… plutôt qu’autre chose en dehors, le Real Madrid n’en serait pas là ! »
– » Chouuuu… « , répéta Marcel : vicieusement, il rallongeait chaque fois la syllabe, sentant que plus il restait calme, plus Georgette montait dans les tours. » Les résultats du Real n’ont rien à voir dans tout ça : le Real se plante en ce moment pour avoir trop rêvé d’offensive à outrance ! Mais quand Beckham joue, il joue plutôt bien « .
– » On ne peut pas bien jouer, être totalement concentré sur son sujet, lorsqu’on doit en même temps biaiser pour cacher à sa femme une armée de maîtresses ! « , martela Georgette, dont le poing renversa cette fois le sucrier. » Ton David est un satyre ! »
– » Chouuuuu… Même si c’est un sacré biaiseur, ce n’est pas mon David ! Pourquoi répètes-tu sans cesse mon David ? »
– » Parce que tu le défends ! Parce que si tu avais joué au Real Madrid au lieu de ton club pourri, ce serait moi la cocue ! « , se fâcha Georgette en quittant la cuisine.
– » Victoriaaaaaa ! Sorry ! Reviens ! Help ! Help ! « , hurla Marcel en s’esclaffant.
par Bernard Jeunejean
Tabloïd, ça RIME AVEC COÏT !
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