Daum : gourou ou paria ?

L’avenir nous dira si Christoph Daum est un gourou ou un paria. Que peut-on attendre du nouveau coach du Club Bruges ? L’Allemand de 58 ans a un bon palmarès international : une fois champion d’Allemagne, trois fois de Turquie, une fois d’Autriche… Plus quelques Coupes et des places d’honneur. Ce n’est pas n’importe qui. Il a un style offensif, toujours tourné vers l’avant. Ce qui est fantastique !

Mais sa tête trahit pas mal d’heures de vol sur des lignes irrégulières. En Bundesliga, il a eu l’habitude d’insulter ses adversaires et a souvent semblé au bord de la crise de nerfs. Un jour en Coupe d’Europe, contre une équipe anglaise, il a fait monter un étranger de trop et a perdu par forfait. Du coup, les Anglais l’ont surnommé Christoph Dumb, Dumb signifiant bête pour toujours…

En 2000, il a cru devenir coach de la Mannschaft – rien que ça !-, mais il plonge dans un vrai scandale : drogue, orgies… la totale. Depuis, il s’est assagi et doit pouvoir apporter quelque chose au Club Bruges même si on ne se départit pas du feeling qu’il a au moins autant besoin du Club pour se relancer que l’inverse est vrai. On dirait une ex-star de rock qui ne parvient pas à décrocher de la scène. Ce n’est pas pour cela qu’il va emmener le Club en Loserland, mais est-ce la meilleure chose pour l’image d’un Club dont la nouvelle direction a déclaré en début de saison viser – en matière d’étiquette – une image à la FC Barcelone, la référence absolue du nouveau président Bart Verhaeghe ?

Depuis, il y a eu des accrocs. Daan Van Gijseghem et le manager général Vincent Mannaert ont parfois joué aux inconscients au volant et ça s’est su. En plus, quand on veut être classe, est-ce qu’on débauche un médecin chez les Mauves et un gardien chez les Buffalos en plein championnat ? Poser la question, c’est y répondre.

Par rapport à son look de bon père de famille bobo, Adrie Koster ne véhiculait pas d’ondes suspectes mais il était sans doute beaucoup trop mou. Good guys never win. Je ne sais pas comment on dit ça en allemand… Daum tombe à pic : ce week-end c’est le derby brugeois. Le Cercle adore jouer le rôle des braves gars nature, surtout Bob Peeters, et ça ne dérangeait pas Koster. Avec Daum, ce sera une autre paire de mannsch(aft).

On se souvient du président Verhaeghe, en pleine interview dans une émission de la télé flamande en septembre. Les spots le massacraient et à mesure que le temps passait, son visage se couvrait de sueur et sa chemise blanche devenait carrément transparente. Piégé dans ce sauna, le bonhomme n’a pas eu la coolitude suffisante pour rigoler et dire – Pfft, qu’il fait chaud ici ! Vous n’avez pas un kleenex ou une boîte ? Non, il continuait son discours enflammé : – Ce que j’ai vu à Barcelone me fait rêver. D’ailleurs, à la veille de la finale de la Supercoupe d’Europe, j’ai croisé une partie de l’équipe dans l’ascenseur de l’hôtel de l’UEFA, tous habillés de la même manière, calmes, sereins. Ils se sont présentés un à un à moi (un parfait inconnu pour eux) et m’ont serré la main. Quelle classe : je veux la même chose au Club…

Sera-ce encore possible avec Daum ? A qui l’Allemand ressemble-t-il le plus ? A Mourinho ou à Guardiola ? En foot, comme dans la vie, il faut choisir son camp : être un type bien ou moins bien. Pourinho a choisi et il commence à être critiqué au sein même du club, même s’il gagne. Pour un peu, seul les ultras des Merengues le supportent encore. Le Club Bruges n’a pas besoin d’un coach qui lui complique encore plus la vie.

PAR JOHN BAETE

L’arrivée de Daum cadre mal avec la volonté du Club Bruges d’avoir une image à la FC Barcelone.

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