DANS UN FAUTEUIL

Jan Hauspie
Jan Hauspie Jan Hauspie is redacteur bij Sport/Voetbalmagazine.

Le vice-capitaine de Genk n’a pas peur de parler du titre.

L’arrière (24 ans) n’est apparemment pas superstitieux :  » Nous sommes allés en leaders à Anderlecht et nous avons gagné. Pourquoi ne pas jouer le titre ? Je vise le plus haut possible ; le titre n’est pas un must mais je l’ai gagné avec le Club Bruges et c’était magnifique « .

Y avez-vous cru après la préparation, pénible ?

Hans Cornelis : J’avais des doutes mais nous avons battu Zulte Waregem au terme d’un bon match. Nous avons compris qu’en formant un bloc, nous pouvions réussir. Ce fut le déclic. Nous voulions répondre sur le terrain aux critiques de la presse, dures mais justifiées.

Vous avez déclaré que la saison passée, certains ne couraient pas pour d’autres. Il y avait donc un problème entre les joueurs ?

Les résultats font toute la différence. Quand ils sont bons, le groupe va boire un verre, les joueurs apprennent à se connaître, ce qui se traduit aussi par une meilleure entraide sur le terrain. L’année passée, l’ambiance était moins bonne, certains ne jouaient pas et étaient frustrés. Maintenant, les Réserves ne peuvent pas revendiquer une place aussi aisément puisque l’équipe tourne.

Et Kevin Vandenbergh ? Il est l’avant le plus souvent remplacé.

Kevin est ambitieux. Il n’aime pas faire banquette. Il sait se faire entendre. Il n’est pas typiquement belge de ce point de vue. Le connaissant, nous ne prêtons pas attention à ses réactions. Il n’a pas d’impact négatif. Nous avons discuté et je sais que quand je joue mal, je suis moins vite sorti que lui quand il ne marque pas. Un avant est plus exposé aux critiques. S’il râle, c’est aussi parce qu’il est expérimenté, contrairement aux autres joueurs sur le banc.

Genk a vendu ses caractères : Koen Daerden, Bob Peeters, Orlando Engelaar et Nenad Stojanovic qui ne s’entendaient pas, tandis que Moons et Claessens ont été écartés.

Le club a une vision et les faits semblent lui donner raison. Le noyau est rajeuni. Ces gars doivent faire leurs preuves tandis que Thomas Chatelle et moi avons un certain nombre de matches à notre compteur, sans être considérés comme des valeurs sûres. Nous avons un bon groupe mais je n’oublierais pas trop vite Gert Claessens et Jan Moons, qui font d’ailleurs preuve d’une excellente mentalité. Chapeau !

Le bloc résistera-t-il à de moins bons résultats ?

Non, nous avons bâti quelque chose. Nous résisterons aux inévitables défaites. Nous avons assez de joueurs capables de s’effacer pour le groupe : Thomas, Wim De Decker, Wouter Vrancken, Tom Soetaers. La saison dernière, trop d’éléments jouaient pour eux-mêmes.

Etes-vous devenu un leader ?

Ce n’est pas moi qui parle le plus mais j’évolue en D1 depuis sept ans. Mon expérience me permet de dire certaines choses. L’entraîneur attend de joueurs comme Thomas et moi qu’ils prennent le groupe en mains. Je le fais avec plaisir. J’ai été balancé dans le noyau A du Club à 17 ans, alors que je ne m’étais pas affirmé sur le plan personnel. Néanmoins, j’ai souvent été capitaine en équipes d’âge. C’était moins évident en pros, à côté de Gert Verheyen. Je suis le vice-capitaine de Genk et je gère la caisse des amendes avec Thomas.

Vous demandez à botter les penalties.

J’en ai déjà converti trois… Et pourquoi un défenseur ne pourrait-il pas se charger des penalties et des coups francs ?

On dit que vous êtes le défenseur le plus technique de Belgique…

J’aime bien jongler avec le ballon. Ce n’est pas toujours possible durant les matches. Certains artistes n’en touchent plus un quand ils sont alignés en championnat. Néanmoins, de tels exercices améliorent la maîtrise du ballon en match.

Votre manque de vitesse n’est-il pas votre principal défaut ?

Je ne suis pas lent quand même. Je n’ai pas de problèmes en championnat de Belgique. C’est différent homme contre homme face à des footballeurs comme Ronaldinho ou Cristiano Ronaldo, que j’ai affronté quand il était au Sporting Lisbonne. C’était une joute amicale, un mois avant son transfert à Manchester United. Il avait encore ses mèches et j’ai pensé : – Quelle Jeannette ! Il ne m’a pas fallu longtemps pour réviser mon jugement.

En équipe nationale, le poste d’arrière droit pose problème.

Du temps d’Aimé Anthuenis, j’ai été repris contre la Serbie. Je me suis bien tiré d’affaire, sans être rappelé. Sans doute Monsieur Vandereycken préfère- t-il Vanden Borre et Hoefkens. C’est son droit.

N’êtes-vous pas frustré ?

Si, d’autant que je ne figure même pas dans les présélections. Ne pas être dans les 50 ou 60 meilleurs footballeurs du pays m’interpelle car Genk joue bien. J’ignore ce qu’il attend de moi. Il est souvent dans la tribune, pourtant !

Bruges vous a laissé partir facilement. Avez-vous été surpris ?

Oui. J’ai joué 24 des 34 matches lors de mon dernier championnat puis à Noël, il offre un contrat de quatre ans et demi à Olivier De Cock, âgé de 30 ans et souvent blessé. J’aurais pu jouer dix saisons encore au Club et il me laisse partir gratuitement. Je pouvais resigner pour trois ans mais qui aurait accepté de devenir un second choix alors qu’il est titulaire ? J’ai dit à Marc Degryse que je partais. Quand j’ai quelque chose en tête, je ne l’ai pas ailleurs ! J’ai été dur, y compris envers moi-même car j’aime le Club, où j’ai passé dix ans. Sollied m’a maintenu dans l’équipe au second tour il y a deux saisons et mes performances actuelles donnent tort à Bruges.

Karel Geraerts vous ressemble-t-il ?

Oui. En équipes d’âge, d’autres étaient dix fois plus doués mais ont échoué. Karel et moi savons comment un pro doit vivre. Nous allions souvent courir ensemble, à Bruges. Nous nous entraînions dur… mais nous savons aussi faire la fête.

Où est passée votre queue de cheval ?

Elle se défaisait. Donc, l’année passée, au Standard, j’ai porté un bandeau. Je restais sur une série de mauvais matches mais à Sclessin, j’ai bien joué. J’ai donc gardé le bandeau.

Aimez-vous les projecteurs ?

Oui. Dans un club tel que Genk, il faut s’imposer. Un peu d’arrogance n’est pas déplacé, même si je suis en fait un peu trop gentil.

N’êtes-vous pas opportuniste ? Vous ne vous montrez que quand ça va bien.

Non. Si les résultats devenaient moins bons, je ne me cacherais pas, je prendrais mes responsabilités. J’ai sciemment effectué un pas en arrière il y a un an. Après cinq ans sous Sollied, j’ai découvert un autre système, d’autres joueurs. Le coach norvégien voulait que je sois offensif, Genk met l’accent sur la défense à mon poste car il n’a pas un Timmy Simons qui comble toutes les brèches. A peine adapté, je me suis blessé à l’aine. Dans ces conditions, je devais être discret.

JAN HAUSPIE

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