Dans ses meubles

Lionel Ladon, le capitaine des coalisés tournaisiens, a fêté le premier titre de sa carrière.

Promu cette saison capitaine du FC Tournai, LionelLadon (27 ans) a fêté le premier titre de sa carrière.  » De nombreuses personnes s’en étonnent, mais effectivement : je n’avais encore jamais été champion, pas même chez les jeunes. C’est très agréable d’être couronné, mais je ne m’attendais pas à devoir descendre jusqu’en Promotion pour cela « .

Lorsqu’il avait dit au revoir à la D1, il y a quatre ans, l’ancien demi défensif mouscronnois ne pensait pas descendre aussi bas.  » J’avais été lancé en équipe Première de l’Excel par HugoBroos « , se souvient-il.  » C’était une période où SteveDugardein connaissait une petite baisse de régime. J’avais devant moi un certain DejanMitrovic, qui n’était pas réputé pour son travail défensif et qui se plaignait de ne plus avoir de récupérateur du gabarit d’ YvesVanderhaeghe pour le soulager, alors qu’il n’avait jamais joué avec le médian des Diables Rouges. J’estime pourtant m’être assez bien débrouillé, mais au retour de Steve Dugardein, il n’y avait plus de place pour moi dans l’équipe et j’ai été prêté au Cercle Bruges. Je suis ensuite revenu à Mouscron, mais les places dans l’entrejeu étaient toujours aussi chères et je suis parti à Denderleeuw, puis à Deinze en D2. Avec mon diplôme de menuisier, j’ai trouvé du boulot chez un fabriquant de meubles. Mes journées sont parfois éprouvantes, mais je préfère cela à l’oisiveté. Je n’ai sans doute pas eu la chance de me trouver au bon endroit, au bon moment, pour réussir une carrière de footballeur professionnel. Lorsque j’ai signé au FC Tournai, tout juste né d’une fusion entre le Racing et l’Union, je pensais m’engager dans un projet ambitieux : les dirigeants parlaient de disputer le tour final en D3. La réalité fut tout autre : le début de saison fut laborieux, et juste avant la trêve de Noël, l’entraîneur ClaudeVerspaille fut remplacé par MarcWuyts. A partir de ce moment, cela a été beaucoup mieux. On a réussi une très belle série, au cours de laquelle on s’est même imposé 0-3 à Overpelt-Lommel, l’un des gros bras de la division. Malheureusement, au cours de ce match-là, on a aligné JoeriPardo qui était suspendu. Dans l’esprit des Tournaisiens, il n’avait que deux cartons jaunes, mais on avait oublié celui qu’il avait reçu avec Alost, où il avait évolué durant le premier tour du championnat. Cette belle victoire dans le Limbourg s’est transformée en défaite par forfait qui, au décompte final, nous a coûté très cher : lors du dernier match contre l’Union Saint-Gilloise, on avait besoin d’un point pour éviter la relégation mais les Bruxellois devaient à tout prix gagner pour être champion. On a été battu et on est descendu en Promotion « .

Reculer pour mieux sauter

Une Promotion d’où le FC Tournai a eu le mérite de s’extraire au bout d’une année, alors qu’il avait été versé dans la série A, réputée la plus difficile, à majorité flandrienne (13 clubs de Flandre Occidentale et Orientale, plus le FC Tournai, l’US Centre et Péruwelz).

 » Au départ de la saison, on n’a pas crié sur tous les toits qu’on voulait remonter tout de suite. Mais j’ai bien senti que c’était malgré tout l’ambition des dirigeants. Lorsqu’on a perdu 4-1 à Dixmude, au début du deuxième tour, un vent de panique s’est mis à souffler. Je sentais aussi que la plupart de nos adversaires nous considéraient comme les favoris. Ils étaient fort impressionnés lorsqu’ils découvraient nos installations, et chez eux, ils nous attendaient avec les honneurs dus à notre rang. On a quelques fois été mis en difficulté lorsqu’on devait se produire sur un petit terrain, mais on a émergé grâce à notre régularité : on est toujours resté dans le Top 3 du classement, et on parvenait aussi à gagner en jouant mal, ce qui est très important. Le tournant du championnat s’est sans doute situé lors du déplacement à Gistel, qui était à l’époque deuxième à deux points. S’ils avaient remporté le match, les Flandriens nous auraient dépassé à cinq journées du terme. Au lieu de cela, ils se sont inclinés et ont encaissé le coup mentalement. La preuve : ils ont encore perdu à l’US Centre la semaine suivante et on a pu fêter le titre une semaine plus tôt que prévu. Marc Wuyts a pris une part prépondérante dans ces succès. Il avait déjà relancé l’équipe la saison dernière en passant de trois à quatre entraînements par semaine et en organisant beaucoup d’exercices avec ballon. Il a continué dans la même voie cette saison. Personnellement, je n’ai pas livré un championnat extraordinaire. J’ai subi le contrecoup de toute une série d’événements, heureux et malheureux, qui se sont produits dans ma vie privée et professionnelle. La saison dernière, j’ai été victime d’un accident du travail dans lequel j’ai failli perdre un doigt. J’ai dû rester inactif pendant trois mois. Puis, il y a eu mon mariage et la naissance de mon premier enfant. J’ai mis du temps à retrouver le rythme. Mais l’essentiel est que l’équipe ait conquis le titre. Dans son état actuel, j’estime qu’elle est déjà armée pour faire bonne figure en D3 : la plupart des joueurs ont déjà connu l’échelon supérieur. Paradoxalement, la descente en Promotion pourrait peut-être se révéler bénéfique : elle a permis de tout remettre en place, après la fusion, et de repartir du bon pied. Reculer pour mieux sauter, en quelque sorte « .

Le bourgmestre devient président

Comme le RC Genk, le FC Tournai est donc descendu d’un étage l’année qui a suivi la fusion, pour remonter aussitôt.  » Si l’on pouvait suivre les traces des coalisés limbourgeois, ce serait fabuleux « , souligne Lionel Ladon.  » Mais, d’un autre côté, cette perspective m’effraie un peu. Je crains qu’on veuille brûler les étapes. Dans les sphères dirigeantes, et auprès des supporters, j’entends déjà parler de D2, voire de D1. Je crois qu’il serait plus sage d’essayer d’abord de s’ancrer solidement en D3, en y passant deux ou trois saisons sans soucis, avant d’éventuellement placer la barre plus haut. Les infrastructures sont là. Le public également. On a régulièrement accueilli 1.500 spectateurs au stade Luc Varenne, et jusqu’à 4.000 lors du match célébrant le titre contre Péruwelz, ce qui est exceptionnel à l’échelon de la Promotion. Et les supporters sont nombreux à nous suivre en déplacement. Ils semblent avoir bien digéré la fusion entre le Racing et l’Union : je n’entends plus guère parler des réminiscences du passé « .

Le FC Tournai et l’Excelsior Mouscron (voisin de 25 kilomètres) ont un point commun : ils ont à leur tête, comme président, le bourgmestre de la ville.  » Je pensais que ChristianMassy était le président du FC Tournai depuis toujours. Mais, apparemment, cela n’a été officialisé que très récemment. Jean-Pierre Detremmerie et lui sont difficilement comparables, malgré tout. Le président du FC Tournai délègue plus volontiers « .

Daniel Devos

4.000 personnes AU STADE LUC VARENNE pour la célébration du titre contre Péruwelz !

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