DANS LA TÊTE DE MISTER RENARD

Olivier Renard dans les bureaux du Standard comme directeur sportif, c’était écrit. Tant c’est naturel. Plongée dans les coulisses de son retour.

« On va maintenant découvrir le vrai Olivier Renard. Dans un club moyen, assez peu médiatisé et sans trop de pression comme Malines, il pouvait être discret et rester dans l’ombre. Le Standard, c’est autre chose : un grand club avec beaucoup de médiatisation et de la pression. Il faut des épaules larges pour tenir comme directeur sportif. Mais je sens qu’il est prêt. S’il doit prendre des décisions impopulaires, il le fera. C’est un vrai gentil qui, avec la fonction, a appris à être méchant par moments. Il saura montrer les dents.  »

C’est signé Cédric Roussel, ami de longue date d’Olivier Renard. Chez les jeunes, ils jouaient l’un contre l’autre, ils dormaient l’un chez l’autre, ils étaient ensemble en sélections nationales. Plus tard, ils ont joué ensemble au Standard et ne se quittaient pas. Olivier Renard kiffait le club. La façon dont il s’y est retrouvé est révélatrice de son affection pour ces couleurs.

 » J’étais à Genève pour jouer un match amical avec l’Udinese contre le PSG. Le Standard était là aussi pour affronter la Juventus. Michel Preud’homme m’a demandé si j’étais intéressé par un retour en Belgique, tout a été très vite réglé.  » Sans agent. Il commençait à en avoir assez de jouer peu en Italie et il voyait le Standard comme un nouveau défi.

Le clash de 2008 n’a même pas réussi à altérer son amour pour Liège. Après avoir signalé publiquement que son éviction de l’équipe au profit d’AndrésEspinoza avait, selon lui, des explications extra-sportives, il s’est retrouvé en conflit avec la direction et est parti à Malines. Mais il a continué à communiquer avec Michel Preud’homme (qui était à son mariage), aussi avec Lucien et Dominique D’Onofrio.

 » Les frères D’Onofrio appréciaient le caractère entier et l’ambition d’Olivier Renard « , se souvient Cédric Roussel.  » A l’époque où on était ensemble au Standard, quand quelque chose ne lui plaisait pas, il allait frapper à leur porte.  »

DEFLANDRE, DEFOUR, JOVANOVIC, LES FAMILLES GENAUX ET STERCHELE…

Une fois à Malines, il entretient toujours ses contacts liégeois. Il continue à côtoyer JérémyDe Vriendt, Siramana Dembélé, les entraîneurs de gardiens Claudy Dardenne et JorgeVeloso. Le chauffeur du car de l’équipe, Stéphane Hodeige, est devenu un ami intime. Il y a aussi Eric Deflandre, qu’il retrouve aujourd’hui à l’Académie. Un autre pote de longue date.  » On se retrouvait souvent à trois à Hasselt « , se rappelle Cédric Roussel. La femme d’Olivier Renard, qui a des origines italiennes, vient de là. Aujourd’hui, il y habite.  » On était ensemble quand il l’a rencontrée « , poursuit Roussel.  » Et on était à nouveau ensemble, en vacances aux Iles Turquoises, quand il l’a demandée en mariage.  »

Olivier Renard est un Carolo qui s’est toujours senti comme un poisson dans l’eau en région liégeoise. On peut poursuivre l’énumération des amis pour longtemps qu’il s’est fait là-bas. Il y a Steven Defour, qui était son voisin dans le Limbourg. Logan Bailly, lui aussi voisin à l’époque. Leurs épouses sont très liées. Il y avait François Sterchele ; Olivier Renard est toujours en contact avec sa mère, Marleen Boonen. Aussi la famille Genaux. Olivier Renard avait intégré Régis à l’Udinese, et quand il est revenu en Belgique, ils partageaient régulièrement un resto. On peut encore citer Milan Jovanovic qui l’a mis sur la piste d’IvanObradovic au moment où Olivier Renard était directeur sportif de Malines.

PHK, AUCUNE RANCoeUR

Et donc, ces liens avec Liège ne se sont même pas distendus quand Olivier Renard s’est retrouvé à Malines. Déjà à Charleroi, il avait un lien privilégié avec les supporters ultras et côtoyait les Wallon’s Boys. En Italie, il était proche des ultras de l’Udinese et de Naples. Au Standard, il lui arrivait d’assister à des matches dans la tribune du PHK.

Et quand les Rouches ont disputé la Ligue des Champions, il s’est carrément acheté le mini-abonnement pour les trois matches à domicile. Aucune rancoeur, donc, par rapport au clash de 2008 avec Preud’homme et la famille D’Onofrio.

Son retour aurait même pu se faire plus tôt. En 2012, tout était pratiquement réglé. Il allait signer pour deux ans comme joueur, ensuite trois saisons comme entraîneur des gardiens. Mais le départ précipité de José Riga, qui avait insisté pour qu’il revienne, a fait capoter le marché.

 » Je vois sur Facebook que les supporters du Standard sont hyper contents des retours de Daniel Van Buyten et Olivier Renard « , dit Cédric Roussel.  » Ces supporters mettent l’accent sur leur jeunesse et leur passé dans le club. Selon moi, Van Buyten a joué un grand rôle dans le rapatriement de Renard.

Ils se sont toujours très bien entendus. Je ne serais pas étonné que Jean-François Gillet et Philippe Vande Walle suivent. Le monde des gardiens est un monde particulier où on se fait des amitiés solides.  »

OBRADOVIC, KOSANOVIC, VERDIER, CISSÉ, HANNI, C’EST LUI !

Roussel poursuit :  » Je n’ai jamais lu un article négatif sur son travail à Malines. Il a participé au redressement sportif du club et à la transformation du stade. Il a aussi permis de faire une belle plus-value sur quelques joueurs. Je l’imaginais plus dans un rôle d’agent de joueurs ou d’entraîneur de gardiens mais il a clairement trouvé sa voie comme dirigeant. On s’est revus récemment à un match à Charleroi, il m’a parlé de son boulot et ses yeux pétillaient.  »

En début de saison, Olivier Renard nous expliquait son job et disait par exemple :  » Il y a des agents, des joueurs et des directeurs sportifs qui ont cru qu’ils pouvaient me prendre pour un con. Ils ont vite compris que ça ne marcherait pas.  » Il a clairement marqué son territoire dans le milieu. Le  » vrai gentil  » se fait respecter.

De son passage de dirigeant à Malines, on retiendra quelques coups fumants. Il a fait venir Ivan Obradovic gratuitement, ce joueur a ensuite été vendu pour plus de 2 millions à Anderlecht. Milos Kosanovic a rapporté 2,5 millions lors de son récent départ pour le Standard.

Les autres joueurs bankable de Malines sont eux aussi arrivés via les connexions d’Olivier Renard : Nicolas Verdier, Ibrahima Cissé ou Sofiane Hanni qu’il est allé lui-même pêcher en Turquie. On peut encore citer l’international polonais Rafal Wolski. Il ne s’est pas imposé mais, au départ, il y avait peu de chances qu’un club comme Malines puisse obtenir un joueur de la Fiorentina. Renard a activé ses contacts italiens pour conclure le marché.

Et puis, il y a Jean-François Gillet. Une autre arrivée improbable. Et des grincements de dents à l’époque. Le directeur sportif rapatriait un pote, ça ne plaisait pas à tout le monde. Il s’en défend :  » Quand tu as l’occasion de faire venir le troisième gardien de l’équipe nationale pour peu d’argent… Il a fait de gros efforts financiers et Catane n’a rien demandé à Malines pour la location. Qu’on soit copains, qu’on se côtoie depuis qu’on a 15 ans, ça n’a rien à voir.  »

L’arrivée de Gillet a bloqué l’éclosion de Colin Coosemans, qui a un peu démonté Renard dans la presse en l’accusant d’avoir favorisé un pote. A Malines, on affirme que ce raisonnement ne tient pas la route et on signale que Renard n’a pas conservé Alessandro Cordaro, qui passe aussi pour un ami.

 » IL PARLAIT SOUVENT DU STANDARD ET DE VAN BUYTEN  »

Malines a découvert un style Olivier Renard. Qui tranche radicalement avec les méthodes de son prédécesseur, celui qui l’a formé à son nouveau rôle, Fi Vanhoof. Celui-ci fuyait la presse alors que son successeur n’est pas avare de l’une ou l’autre déclaration forte. Olivier Renard a fait souffler un vent frais sur ce club, était proche du vestiaire, a remplacé la traditionnelle poignée de main du directeur sportif par un high five.

A l’occasion, il sortait aussi de son rôle, comme quand il décrétait des boycotts vis-à-vis de médias qu’il accusait de traiter injustement le club. Les autres membres de la direction le suivaient dans ses décisions, ce qui illustrait l’aura dont il disposait là-bas.

A Malines, son départ soudain a peut-être fâché mais pas surpris. Le président, Johan Timmermans, avoue qu’il n’est pas tombé de sa chaise quand Olivier Renard lui a annoncé son changement de crèmerie.

 » Quand je discutais avec lui ces derniers temps, il me parlait régulièrement du Standard et de Daniel Van Buyten.  » Timmermans remarquait aussi que son directeur sportif n’était pas pleinement heureux. Parce qu’il a de grandes idées et qu’elles sont difficiles à mettre en oeuvre dans un club du calibre de Malines qui est obligé de faire venir des joueurs à bas prix en espérant faire une plus-value.

Et puis, il y a la problématique de la nouvelle tribune à rembourser. Dès que le club touche de l’argent sur un transfert, une partie est consacrée aux infrastructures. Difficile à vivre, par moments, pour un directeur sportif qui voudrait faire passer l’aspect sportif avant tout le reste.

 » Le jour où il m’a annoncé son départ, il m’a dit qu’il avait du mal à fonctionner avec le budget qu’on mettait à sa disposition « , continue le président.  » Il m’a aussi avoué qu’il avait de toute façon décidé de nous quitter.  »

PAR PIERRE DANVOYE ET KRISTOF DE RYCK – PHOTOS BELGAIMAGE

 » Olivier Renard est un vrai gentil qui, avec la fonction, a appris à être méchant par moments. Il saura montrer les dents.  » CÉDRIC ROUSSEL, AMI D’ENFANCE

 » Il m’a avoué qu’il avait du mal à fonctionner avec le budget qu’on mettait à sa disposition. Il avait de toute façon décidé de nous quitter.  » JOHAN TIMMERMANS, PRÉSIDENT DE MALINES

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire