Dans la suite d’Issa Hayatou

Longtemps, la Coupe d’Afrique des Nations s’est distinguée de ces autres compétitions de renom que sont le Championnat d’Europe des Nations, ou la Coupe du Monde, par son côté nettement moins aseptisé. Vu l’infrastructure hôtelière souvent limitée des pays organisateurs, il n’était pas rare, surtout dans les années 80 et 90, que les journalistes partagent les mêmes lieux de résidence que les différentes délégations et leurs joueurs. Depuis la percée, à l’échelon planétaire, de teams comme le Cameroun, le Nigeria ou la Côte d’Ivoire, le topo a toutefois quelque peu changé et leurs stars ne s’abordent plus aussi facilement qu’avant.

Je vous parlerai donc, dans les lignes qui suivent, d’un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître. A savoir celui où tout était encore réalisable lors d’une phase finale de la CAN. Comme interviewer, par exemple, le président de la Confédération Africaine de Football (la CAF), le Camerounais Issa Hayatou. A l’image de la kyrielle d’internationaux présents à ce rendez-vous de prestige, le problème n’est jamais de les aborder mais plutôt de savoir quand et où l’entrevue pourra bel et bien avoir lieu. A ce titre, il n’en est pas allé différemment, pour moi, avec le big boss du foot africain qu’avec ses nombreux sujets.

En 1994, les huiles continentales logent dans le luxueux établissement Abou Nawass à Tunis. De grand matin, je fais le pied de grue dans le hall d’entrée et je finis par choper notre homme au moment où il sort de l’ascenseur. Une interview pour un magazine de sport belge ? Pas de problème, revenez demain à 16 heures ici, dit-il.Le lendemain, je m’exécute. Avec 2 heures d’avance sur le programme car, sait-on jamais. A l’heure convenue, pas d’Issa Hayatou en vue. Et le temps passe. Finalement, il se pointe à 21 heures. Désolé, revenez demain à 16 h, s’excuse-t-il.

Vingt-quatre heures plus tard, rebelote. Et toujours pas de Mister President dans les parages. Et, une fois encore, les heures s’égrènent. Mais, miracle, une réception de la CAF est prévue le soir même à l’hôtel. Avec le grand manitou, évidemment. Je suis à vous après le cocktail, me précise-t-il quand son regard croise à nouveau le mien. L’ennui, c’est que l’événement s’éternise. Au bout du compte, il est 2 heures du matin quand les derniers invités s’esquivent. Ah, vous êtes toujours là ? Allons donc dans ma suite, nous y bavarderons plus à l’aise, me dit Hayatou.

Finalement, le soleil est déjà levé depuis un petit moment quand nous prenons congé de l’interviewé. Qui, au moment de nous raccompagner, nous demande encore de saluer Jean-Jacques Missé Missé, l’un des joueurs qu’il a eus sous ses ordres au pays, actif à Charleroi entre-temps. Grand monsieur, grande classe !

PAR BRUNO GOVERS

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