Dallas à Bruxelles

 » Vous cherchez l’assassin de JFK « , entend-on quand on pose une question à propos de Gulf Dynamic Challenge passé du Brussels au White Star. Le foot, c’est parfois Dallas… Explications.

Les avocats ont envahi la capitale vendredi passé. Ils ne sont pas du même plumage. Et cela promet de terribles batailles sur le dos du foot de la capitale. D’un côté, au White Star, des avocats d’affaires, comme Laurent Denis, notamment ; de l’autre, au FC Brussels, un ténor des grands procès, entre autres, Walter Van Steenbrugge. A Molenbeek, la direction a lancé de lourdes accusations exprimées dans les deux grandes langues nationales à propos de Gulf Dynamic Challenge (GDC) ( » Escrocs professionnels « ,  » Société qui n’existe pas à Dubai,  » Il y a eu des pressions pour que des titulaires ne jouent pas « ,  » Piège « , etc.)

Du côté du Stade Fallon où Gulf Dynamic Challenge a installé son projet, la réplique, uniquement formulée en français, fut immédiate :  » En référé, la justice a donné tort à Johan Vermeersch « ,  » Si GDC n’était pas une réalité, les tribunaux le sauraient « ,  » Le fantôme existe : je l’ai rencontré « ,  » Voici une copie de la carte de résident de Jamal Bin Ferha à Dubai avec une indication : investisseur.  »

Vermeersch exigera un dédommagement financier de 318.000 euros. GDC est serein mais l’Union Belge devra répondre à des questions d’autres clubs à propos de cette société. La suite du combat Vermeersch-John Bico, agent de joueurs proche de GDC, se déroulera dans les prétoires.

En attendant, le FC Brussels a sa licence et GDC a pris le contrôle du White Star que Felice Mazzu et une demi-douzaine de joueurs ont quitté sur le champ car le nouveau projet ne les concerne pas. GDC, qui aurait investi 450.000 euros, n’exclut pas un changement de nom, selon Pierre François, spécialisé dans les audits de clubs et désormais Directeur général du White Star (dont l’ardoise serait d’un million d’euros).

Un déménagement est possible. Où ? Au stade Edmond Machtens, outil indispensable en D1, dont Vermeersch détient fermement les clefs avec l’accord de la commune.

Chaque jour qui passe apporte donc son lot de retournements de situation au pied de Manneken-Pis qui doit se demander où va son football d’en bas pris d’assaut par une société venue d’ailleurs, désireuse d’exploiter la position centrale de Bruxelles pour profiter du manque de règles à propos de l’import-export.

Derrière le phare anderlechtois, seul l’investissement financier et social de VincentKompany au futur BX Brussels, qui prendra son élan la saison prochaine, en Promotion, n’inquiète pas.

Loin du conflit Molenbeek-White Star, l’Union végète en D3. Les Mauves mis à part, tous les clubs de la capitale réunis n’attirent que deux ou trois mille spectateurs, tout au plus, une misère.  » Et c’est là que réside le principal souci bruxellois : il y a un talent fou dans notre région mais pas de public « , avance Vermeersch.  » En D2, tous les clubs perdent entre 350.00 et 500.000 euros par an. Nous devons trouver une solution à un problème qui ne date pas d’hier. En 1974-75, le RWDM a été champion avec une moyenne de 8.000 spectateurs seulement.  »

Vermeersch ruiné ?

Sous ses airs de potentat local, qu’on a dit ruiné, il a utilisé sa cassette personnelle pour décrocher la licence de D2. Sans Vermeersch, papa du FC Brussels, né en 2002, Raymond Goethals veillerait sur un désert à Molenbeek. JV y aurait investi près de cinq millions d’euros.

Molenbeek, synonyme de projets : fusion Racing White-Daring Molenbeek pour devenir le RWDM, faillite des Coalisés, effondrement de la famille L’Ecluse, retrait d’Eric Deprins, naissance d’une nouvelle coalition autour du FC Brussels, investisseur venu de Dubaï avec une cargaison de joueurs importés, valse des coaches avec entre autres l’épisode comique Benjamin Nicaise imaginé par Mogi Bayat, etc.

Avant la rupture, Vermeersch et Bico en sont arrivés à se toiser en suivant les entraînements, l’un trônant dans la tribune, l’autre sur le terrain. Surréaliste. A bout, Didier Beugnies a alors quitté le club. Vermeersch a sorti Roland Beelen de son chapeau, coach des Espoirs et ancien joueur du Daring, et changé les serrures du stade.

Vermeersch estime que GDC n’a pas respecté ses engagements en ne versant pas un deuxième montant. L’argent a longtemps été bloqué sur le compte d’un bureau d’avocats où travaille Laurent Denis, proche de Mogi Bayat et d’Anderlecht, mais aussi de Louis Derwa, chargé du dossier de la liquidation du White Star. GDC a estimé que le premier versement ne fut pas utilisé comme la convention entre les deux parties le prévoyait.

A 61 ans, Vermeersch reste à la barre mais s’avoue un peu fatigué, désireux de vivre autrement sa passion pour le FC Brussels, son enfant. Il a tout fait dans ce stade : joueur, entraîneur, sponsor, entrepreneur, coach, président. Son grand regret : ne pas être resté au RWDM jusqu’en 1974-75, l’année du titre. Il est effectivement parti un an trop tôt, de Molenbeek, en direction du KV Courtrai. Les temps ont bien changé depuis… ?

PAR PIERRE BILIC-PHOTO : IMAGEGLOBE

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