Dahmane et Dirar sont les Barons du Club Bruges

Jusqu’à cette saison, il n’y avait qu’un baron au Club : l’ex-président et médecin Michel D’Hooghe ; un vrai baron, anobli par le Roi des Belges. Depuis le film Les Barons (qui fait un tabac), on pourrait dire qu’il y en a deux autres : Momo Dahmane et Nabil Dirar, deux ailiers qui déclenchent énormément de commentaires mais qui sont aussi trop sous-évalués.

Le Franco-Algérien va encore être au centre de pas mal d’émotions avec l’interview qu’il nous a accordée dans ce numéro… Joueur techniquement doué et doté d’une vivacité et d’un véritable sens du but, Dahmane a toujours été Dahmane. Il ne déborde pas que sur un terrain et sa volonté de la mettre au fond rime avec le besoin de toujours régler ses comptes. Mais il est fier de son caractère de feu et le revendique en termes choisis, comme vous le lirez. Dirar, lui, est l’un des plus beaux footballeurs de notre D1. Ceux qui ne voient pas, chez lui, de ressemblances avec Cristiano Ronaldo doivent aller chez l’ophtalmo.

Sans eux deux, Bruges paraît toujours un peu compassé. Pourtant ils ne jouent pas toujours. Retards, absences, incompatibilités (?), ils slaloment sans doute un peu trop sur la ligne droite de la discipline et en payent le prix. C’est très dommage parce qu’avec plus de temps de jeu, ils pourraient apporter encore plus à Bruges.

Mais bon, on a l’exemple – avec Dick Advocaat – d’un entraîneur hollandais qui ne tolère pas le moindre retard lors des rassemblements (éloignés) des Diables. Son compatriote Adrie Koster est certainement aussi vigilant dans la vie au jour le jour du club blauw en zwart.

Or, tous les pédagogues vous le diront : au-delà d’un cadre disciplinaire clair et à respecter, on peut également obtenir énormément d’éléments dits  » difficiles « , qui ne demandent que de recevoir plus de responsabilités. Cela, c’est pour le milieu scolaire, ici on parle de sport de compétition et on connaît des grands clubs – en Belgique et ailleurs – où les entraîneurs se sont montrés bien coulants par moments. Avoir des principes de discipline, c’est bien, mais proposer du bon football et marquer des goals, c’est encore mieux. Les principes ne peuvent prendre le pas sur la créativité et le don de soi. Or, on remarque souvent que plus un joueur est doué et imaginatif, plus il a tendance à adopter un comportement un peu… artistique. Dès lors, un club ne peut s’automutiler en voulant faire prévaloir ses principes de discipline à tout prix. A partir du moment où les écarts restent légers, on doit pouvoir s’en accommoder et ne penser qu’à gagner le prochain match.

Mais Bruges a toujours eu tendance à être trop paternaliste. Trond Sollied, coach à Bruges de 2000 à 2005, y a remporté les derniers honneurs : deux championnats et une Coupe. Sans lui, le Club ne gagne plus. Mais Sollied a toujours été considéré par ses dirigeants comme un peu trop… indiscipliné. Il aimait boire un verre et venait parfois un peu tard à l’entraînement. Malgré les bons résultats et un beau football, on lui a fait sentir par omission qu’on ne comptait plus sur lui. Au lieu de lui dire qu’on était content de son travail, on ne lui a rien dit. Et Sollied a fini par en tirer ses conclusions. Marié à une Flamande, il était bien en Belgique mais il est parti coacher ailleurs. C’est le dernier grand coach du Club Bruges.

Il faut espérer, pour les fans brugeois et du beau jeu, que Dirar et Dahmane ne s’en aillent pas trop vite, trop tôt, parce qu’on ne leur a pas fait sentir qu’on les aimait. Ces joueurs ont en eux un nombre de grands matches, mais ils ne les jouent pas pour n’importe qui….l

PAR JOHN BAETE

« Ces joueurs ont en eux un nombre de grands matches, mais ils ne les jouent pas pour n’importe qui… « 

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