© photos : émilien hofman

D’un prince à l’autre

Les vieux genoux n’aiment pas les terrains synthétiques, mais les vétérans du RFCU La Calamine n’ont pas le choix quand ils évoluent à domicile comme ce samedi soir.  » À presque 40 ans, je pourrais être avec eux, mais disons que c’est peut-être encore un peu trop lent.  »

Alexandre Di Gregorio se marre. Reconverti en défenseur, l’ancien attaquant de Charleroi et de l’Antwerp est aussi l’entraîneur de l’équipe première calaminoise, qui s’apprête à affronter Fize.

Son arrivée chez les germanophones s’est faite il y a un an et demi… alors que le noyau ne comptait qu’un seul joueur à quelques semaines du début du championnat de Division 3 amateurs.

 » Suite au départ de l’ancien président, la vanne financière a été coupée et on est passé tout près de fermer les portes du club « , se souvient Vincent Hubert, l’actuel président à la petite barbichette et à l’écharpe autour du cou.

 » On a dû transférer les quelques joueurs libres qui restaient et beaucoup de jeunes. L’objectif n’était pas de se sauver mais d’essayer de remettre des bases.  » En avril 2019, La Calamine a donc quitté le niveau national pour la première fois depuis 2002.

Carnaval et kelmisplat

Piga se nourrit de chips au paprika. Ce petit bonhomme souriant a effectué tout son parcours foot à La Calamine, des jeunes aux vétérans avant de devenir entraîneur puis membre du comité.

 » Je préfère voir mon club en P1 « , lance-t-il d’emblée.  » Il y a plus de jeunes du cru qui peuvent s’entraîner avec les A et il y a beaucoup de derbies. On peut même rester ici quelques saisons, ça ne me dérange pas… même si j’espère revoir un jour le niveau national.  »

Dans son dos, Bianca multiplie les allers-retours vers le bar de la buvette, qu’elle tient depuis dix ans. Elle ne prête pratiquement pas attention à cette photo du Prince Philippe en train de botter un penalty du pied droit.

À la fin des années 90, le futur souverain était venu inaugurer le stade qui porte son nom. Et il a marqué son tir au but. Bianca la tenancière préfère s’attarder sur un autre cliché : celui du fils du président, habillé en Prince Carnaval.

 » C’est une festivité très importante pour la ville « , glisse-t-elle.  » D’ailleurs, il y aura moins de spectateurs au match ce soir parce qu’ils sont tous au lancement officiel des festivités du carnaval.  »

La Calamine possède son propre mélange des cultures, un héritage probable de l’époque où la ville (Kelmis en allemand ) faisait partie de Moresnet neutre, un État indépendant de 1816 à 1919 où les citoyens parlaient francique ripuaire, espéranto, allemand, français et néerlandais.

 » Au niveau des joueurs, on est plus sur une mentalité francophone « , pense le président Vincent Hubert.  » Mais dans la buvette c’est 50-50 avec les germanophones : ça parle surtout le patois local, le kelmisplat.  »

Objectif top 5

Une atmosphère qui convainc toujours Alexandre Di Gregorio.  » J’ai fait une grosse partie de ma carrière en Flandre et je retrouve un peu cette mentalité auprès des germanophones : c’est sérieux et respectueux, mais quand il s’agit de s’amuser, il y a du monde aussi.  »

À quelques minutes du coup d’envoi, Léon s’affaire toujours à réparer les trous dans les filets avec des colsons.  » Un jour où j’allais chercher des petits pains en ville, j’ai entendu le président Hubert crier mon nom. Je l’ai rejoint dans son bureau d’assurances et quand j’en suis sorti, j’étais le délégué de l’équipe A « , sourit-il alors que le speaker débute la composition des équipes. En français et en allemand.

À l’entrée des joueurs sur le terrain, c’est l’heure des retrouvailles. Entre deux reporters locaux, qui parlent techniques photographiques, et entre les deux capitaines, qui évoquent le potentiel achat d’un ami commun en Espagne.

Sur le terrain, les Calaminois mènent au score puis accusent le coup et courbent l’échine. De quoi perdre le leadership de la P1.  » L’objectif est de jouer les cinq premières places pour stabiliser la Première « , tempère toutefois le président.  » Mais si on a le bonheur de monter, on ne le boudera pas.  » Le carnaval non plus.

D'un prince à l'autre
© photos : émilien hofman
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