» CZERNIA ET DEMOL SONT TROP GOURMANDS « 

Vous tenez d’abord à apporter un complément d’information concernant votre rubrique de la semaine passée.

Oui. J’ai dit qu’il fallait maintenir dans le noyau toute une série de joueurs qui n’avaient pas été de la revue contre les Pays-Bas et j’ai malheureusement péché par omission, entendu que j’ai oublié de mentionner le nom de Walter Baseggio. Il est évident qu’il est tout aussi incontournable qu’un Wesley Sonck ou un Emile Mpenza. Mea culpa.

L’EURO 2004 débute samedi avec le mach Portugal-Grèce en ouverture, suivi d’une autre rencontre mettant aux prises les deux derniers participants du groupe A, l’Espagne et la Russie. Qu’en attendez-vous ?

Si la logique fooballistique est respectée, les deux représentants de la péninsule ibérique devraient s’imposer et poser les premiers jalons d’un parcours qui pourrait les mener très loin dans cette compétition. En tant que pays organisateur, le Portugal a une carte d’autant plus belle à jouer que, pour bon nombre de ses joueurs, l’événement sera synonyme d’ultime rendez-vous majeur. Je songe évidemment à cette génération articulée autour des Fernando Couto, Rui Costa et Luis Figo qui n’a, malheureusement, jamais remporté de titre majeur au plus haut niveau, alors qu’elle a fait ample moisson de distinctions chez les jeunes, autrefois, sous la direction de Carlos Queiroz. Son ultime baroud, sur ses terres, devrait valoir le coup d’£il. Quant à l’Espagne, elle sera pour ainsi dire chez elle, elle aussi. A l’image des Lusitaniens, les Espagnols, pour doués qu’ils soient, n’ont jamais réussi à marquer un tournoi de leur empreinte. Pour la génération des Helguera, Valeron, Baraja et Morientes, qui approchent tous de la trentaine, il est quand même temps aussi de se réaliser.

Quid du groupe B qui réunit la France, l’Angleterre, la Suisse et la Croatie ?

Là aussi, deux phalanges se détachent : le champion en titre, la France, qui me semble encore mieux armé qu’il y a quatre ans, dans la mesure où bon nombre de joueurs sont à présent au sommet de leur art, comme Thierry Henry, David Trezeguet et Robert Pires notamment. En tant que deuxième larron, je citerai, bien sûr, l’Angleterre. L’équipe à la Rose n’a jamais rien gagné en dehors de ses terres et a souvent payé un lourd tribut à l’état de fatigue avancé de ses joueurs, dans le passé. Mais ce désavantage ne devrait plus se vérifier, à présent, entendu que la Premier League a ouvert ses portes, ces dernières années, à un nombre incroyable d’étrangers, et plus particulièrement des Français. Ceux-ci ne seront donc pas plus fringants que les Anglais.

Et le groupe C qui réunit la Suède, la Bulgarie, le Danemark et l’Italie ?

Les Transalpins sont au-dessus du lot mais la deuxième place promet d’être âpre entre les trois autres. Personnellement, je ne serais pas surpris que la Bulgarie profite de la rivalité entre les deux nations scandinaves pour s’imposer.

Le groupe D met aux prises la Tchéquie, la Lettonie, l’Allemagne et les Pays-Bas.

C’est la poule la plus indécise car trois pays peuvent briguer la première place : la Tchéquie, l’Allemagne et les Pays-Bas. Je les ai répertoriés à dessein dans cet ordre car je ne sens pas les Hollandais pour le moment. Sur le papier, ils disposent une fois encore d’une génération exceptionnelle, surtout à l’attaque. Mais la réalité du terrain laisse à désirer chez eux. Contre la Belgique, il n’y avait déjà pas d’équipe entre les lignes et le week-end passé, devant l’Irlande, ce fut pire encore. Tout cela ne présage rien de bon. A moins, bien sûr, que ces gifles ne se révèlent finalement profitables.

En Belgique, il n’y a guère eu de grands mouvements, sauf l’annonce de la venue du coach français Albert Cartier au Tivoli. Une arrivée qui n’a pas l’heur de plaire à Alex Czerniatynski, qui réclame davantage de protection pour les entraîneurs belges.

Désolé, mais le problème de ces anciennes gloires qui tentent à présent de se recycler, comme Czernia ou Stéphane Demol, c’est qu’ils sont trop gourmands en visant directement le top. Or, l’expérience a quand même prouvé qu’il ne suffit pas d’avoir été un bon joueur pour devenir un coach du même acabit. Enzo Scifo en sait quelque chose. Je pense que tous ces garçons devraient s’inspirer de l’exemple de Gilbert Bodart qui n’a pas hésité à traverser toute la Belgique pour exercer son métier en D2 après une première expérience à ce niveau à Visé. Moi-même, j’ai dû patienter dix ans avant de vivre enfin décemment du métier d’entraîneur après avoir commencé en D3 à l’Union. Cela ne m’a tout de même pas empêché de faire une chouette carrière, non ?

Bruno Govers

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