Curiosité artistique

Au top 50 des gars les plus sympas, Georges Grün bat tous les records. Rarement quelqu’un a autant fait l’unanimité autour de son sourire. Son élégance naturelle et sa gentillesse font le reste. On dit souvent que le dernier d’une famille est le petit gâté. Pour Georges, ce ne fut pas le cas : trois s£urs et un frère l’avaient devancé mais ce n’est pas pour autant qu’il bénéficia du régime de faveur traditionnellement réservé au petit cadet. Bien au contraire, son éducation fut sévère, rigoureuse et empreinte d’austérité. C’est là qu’il faut trouver l’origine des ressources morales exceptionnelles qui en firent le capitaine de notre équipe nationale.

Né en janvier 62, il cultive l’esprit d’indépendance propre à tout verseau qui se respecte. C’est pas qu’il veuille faire bande à part mais il aime sa liberté. Se retrouver seul est un luxe qu’il préservera toujours. Sa passion extrême pour la pêche en est sans doute le signe le plus concret ! Georges avait la réputation d’être le footballeur pro qui s’intéressait le moins au foot. N’exagérons rien. Si Georges ne fut jamais un monomaniaque du ballon rond, il n’en fut pas moins un joueur professionnel hyper consciencieux.

Et dire qu’à 16-17 ans, il fut tout près d’abandonner le foot. Il pratiquait le basket, le tennis, le ping-pong… il terminait ses humanités et s’orientait vers un régendat en éducation physique. A Anderlecht, on l’avait même relégué en Juniors A, la troisième équipe junior pour soi-disant l’aguerrir physiquement. Trop mince, après une croissance un peu rapide, on l’estimait déficient sur le plan athlétique. Une carrière en D1, Georges n’y pensait pas un seul instant. Dans sa tête, il y avait déjà renoncé quand Paul Van Himst, perspicace comme toujours, vint modifier le cours de son avenir :

 » Cela m’est tombé dessus au moment où je croyais tout lâcher. Paul me fit descendre d’un cran sur le flanc droit et travailla mon jeu de position. Il voyait en moi le défenseur offensif moderne en vogue à cette époque. A 19 ans, je signais mon premier contrat d’aspirant pro ! « .

On connaît la suite. Son brillant parcours avec les Diables Rouges et surtout sa réussite dans le Calcio avec Parme :  » Ce fut le bonheur absolu en Italie ! Le nirvana à tous points de vue ! Je n’aurais jamais dû revenir à Anderlecht. J’aurais dû signer une prolongation de contrat avec Parme et éviter ainsi ce retour raté. La direction du Sporting a totalement manqué de respect à mon égard. Des insinuations malveillantes sur mon manque de professionnalisme me resteront à jamais en travers de la gorge ! « .

Sa reconversion n’avait pas vraiment été préparée. C’est son côté cigale : il vit au présent. Pour l’avenir on verra bien et le passé, il ne s’y complaît guère ! C’est pourquoi, après une année sabbatique, Georges se retrouva quelque peu dés£uvré. Il ne se voyait pas trop entraîneur :  » La mentalité des dirigeants belges et leur esprit de clocher n’étaient pas faits pour me rassurer « . Un poste de directeur technique lui aurait plu davantage. Mais les clubs belges n’ont pas les reins suffisamment solides pour se payer ce genre de fonction. Il suivit pourtant les cours à l’école des entraîneurs, assouvit sa passion de l’automobile en participant à de nombreuses épreuves et accepta de jouer les consultants sur Canal+.

Il jouissait d’une telle image que sa réussite en télévision semblait acquise, mais c’était sans compter avec son extrême timidité, sa nature assez introvertie et son absence totale d’intérêt pour l’analyse tactique ! Joueur, il n’avait jamais eu l’envie de  » refaire le match  » en discussions et polémiques interminables. Cela l’agaçait plutôt. Et voici que, subitement, on lui propose d’en faire son métier. Pas évident ! Mais l’aspect stressant du boulot et ses exigences créatives ont fini par exciter sa curiosité artistique. Car Georges aime l’ambiance des studios et des salles de spectacles.

La TV pouvait devenir pour lui une nouvelle piste d’épanouissement, à condition de franchir un nouveau cap sur RTL-TVI : devenir un véritable animateur. A lui d’améliorer son  » fonds de jeu  » comme on dit en foot. J’ai admiré son audace à relever ce défi. J’aimerais beaucoup qu’il le réussisse.

parAndré Remy

 » La direction du Sporting a totalement manqué de respect à mon égard « 

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