CUPER EST LE MEILLEUR COACH D’EUROPE

Emilio Ferrera analyse les compétitions européennes.

La Ligue des Champions atteste, une fois de plus, de la puissance du football espagnol. Le Real Madrid et La Corogne étaient déjà qualifiés. Barcelone s’est joint au lot.

Les Catalans devaient gagner à Galatasaray et ils l’ont fait. De là à affirmer que le grand Barcelone est de retour, il y a un pas que je ne franchirais pas. Barcelone n’a disputé qu’un seul bon match au deuxième tour de la Ligue des Champions: c’était à Liverpool. C’est une équipe sans ligne de conduite, sans système de jeu, et qui ne peut même plus compter sur de brillantes individualités comme autrefois. On est loin de l’équipe de Johan Cruyff. Le Real Madrid, chaque été, achète peu de joueurs mais de véritables vedettes. Barcelone, en revanche, acquiert toujours sept ou huit joueurs… de seconde zone. La chance lui a souri, y compris lors du tirage au sort qui lui a attribué le Panathinaikos, mais que les Catalans se méfient de ces Grecs qui incarnent l’invité-surprise des quarts de finale!

Si l’Espagne a qualifié trois représentants, l’Italie a, une fois de plus, failli: tous ses clubs sont éliminés.

Il y a quelques années, l’Italie était à la pointe du progrès. Que ce soit au niveau de la préparation physique, médicale, diététique ou tactique. Aujourd’hui, tous les clubs européens connaissent ces principes. Je me demande si le football italien n’est pas devenu trop « robotisé ». Il s’est enfermé dans un carcan dont il ne parvient pas à sortir. Je retrouve beaucoup plus de joie de jouer, beaucoup plus de créativité aussi, dans les équipes espagnoles.

Un mot sur la prestation de Thierry Henry, qui a loupé un penalty à Turin et s’est montré égoïste sur une occasion cinq étoiles qu’il a galvaudée?

Attribuer l’élimination d’Arsenal aux ratés de Thierry Henry est trop restrictif. Depuis le début de la saison, je souligne le fait que le club londonien n’a pas de collectif. Il a forgé ses plus beaux résultats sur des exploits individuels, de Thierry Henry précisément, ou encore de Dennis Bergkamp. Contrairement à beaucoup d’amateurs de football, qui s’attachent sans doute précisément aux « noms » qui composent l’équipe, je ne suis pas du tout tombé sous le charme d’Arsenal. La réputation d’Arsène Wenger est surfaite: il dispose de l’un des plus gros budgets d’Europe mais n’a encore obtenu aucun résultat sur la scène internationale. Et il n’est toujours pas parvenu à donner un fonds de jeu à sa formation. Si l’on parle des clubs anglais, je suis beaucoup plus séduit par Liverpool. Là, au contraire d’Arsenal, il n’y a pas de grands noms (à l’exception de Michael Owen, qui ne jouait pas la semaine dernière) mais il y a un collectif. C’est la griffe de Gérard Houllier.

Le tirage au sort a proposé une finale avant la lettre: Bayern Munich-Real Madrid.

Je crains pour les Espagnols que ce choc tombe un peu tôt. Ils possèdent sans doute la meilleure équipe d’Europe, mais elle ne tourne pas à plein rendement pour l’instant. Or, pour remporter la finale de la Ligue des Champions, il faut d’abord franchir le cap des quarts de finale.

La Coupe de l’UEFA présente un beau quatuor en demi-finales: les deux clubs milanais, Dortmund et Feyenoord. Un favori?

Par rapport à la Coupe de l’UEFA, je ne soulignerai qu’un point: l’exploit d’Hector Cuper. Voilà un entraîneur qui, depuis son arrivée à Majorque voici quatre ans, n’a jamais connu l’élimination en coupe européenne. Les seules rencontres européennes qu’il a perdues, avec Majorque et Valence, ce sont les finales. Il était pratiquement inconnu sur le Vieux Continent lorsque les dirigeants de Majorque avaient été le chercher à Lanus, un petit club argentin dépourvu de lettres de noblesse. A l’inverse de bon nombre d’autres dirigeants, ils ne s’étaient pas attachés à la carrière de joueur de leur futur mentor, ni au nombre de sélections internationales qu’il comptait à son palmarès, mais bien à ce que le bonhomme avait apporté à son club comme entraîneur avec les moyens dont il disposait. Un choix intelligent. Depuis lors, Hector Cuper n’en finit plus d’accumuler les exploits dans tous les clubs où il passe. Avant la demi-finale retour de la Coupe de l’UEFA, à Valence, la presse espagnole titrait sur la probable première élimination européenne de l’ancien homme fort de Mestalla. Raté, ce n’est pas encore pour cette fois-ci! Hector Cuper est, pour moi, le meilleur entraîneur d’Europe à l’heure actuelle.

Daniel Devos,

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire