CULTURE CLUB

De Strasbourg, il suffit de passer le pont et vous êtes en Allemagne. Remontez le Rhin jusqu’à son affluent, la Ruhr, et vous arrivez dans le centre footballistique de l’Allemagne. A 10 kilomètres de Gelsenkirchen se niche la ville d’Essen. Longtemps poumon industriel de la région, dominée par la famille Krupp qui possédait un des plus grands conglomérats de la région, elle s’est aujourd’hui redéveloppée autour de son musée, financé par les Krupp, et de sa ceinture verte, sans pour autant renier ses origines minières. A quelques kilomètres se situe le Zollverein, ancienne mine classée au patrimoine mondial de l’UNESCO et dont le châssis à molette orne fièrement l’écusson du club de la ville, le Rot Weiss Essen.

Alors que des clubs comme Schalke et Dortmund ont dû concilier leur base ouvrière avec les réalités du foot business, le Rot Weiss Essen a toujours revendiqué son terreau ouvrier et continue à le faire. On pensait généralement que les résultats des dernières années ne permettraient pas à ce géant endormi de s’acoquiner avec le foot business. Pourtant, depuis deux ans, cela bouge du côté d’Essen qui végète en quatrième division mais qui a construit un nouveau stade de 20.000 places, remplaçant le désuet mais charmant Georg-Melches Stadion. Et, comme tout arrive, le RW Essen a cédé aux sirènes du naming en vendant les droits du stade à AG !

Longtemps premier bastion de la Ruhr, le RW Essen a même fait figure de pionnier, au sein-même du foot allemand. Premier club allemand à posséder l’éclairage, premier également à disputer une Coupe d’Europe, les fifties appartenaient au RW Essen, champion en 1955 et vainqueur de la Coupe d’Allemagne, deux ans plus tôt (1953), emmené par der boss, Helmut Rahn, buteur en finale de Coupe du Monde 1954 face à la Hongrie. Pour ce but, si symbolique neuf ans après la fin de la guerre, Rahn a longtemps été perçu comme un héros, lui qui mourut reclus dans son appartement d’Essen. Cette légende fut d’ailleurs saluée par le roi Pelé qui accepta en 2005 de devenir membre d’honneur du RW Essen, en mémoire à Helmut Rahn.

Après les années 50, ce fut un long déclin, à l’image des usines de la région.  » Quand une usine se ferme, le RW Essen descend d’une division « , exagérait-on même à une époque. De dégradation en faillites, le Rot Weiss a abouti en Ligue Régionale Ouest, au milieu des équipes réserves de Dortmund, Düsseldorf mais surtout Schalke, le grand rival régional du RWE, et ce malgré la présence au nord d’Essen des Schwarz Weiss. Mais le statut d’amateur de ce club n’en fait plus vraiment un rival du Rot Weiss…

PAR STÉPHANE VANDE VELDE

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