Croissance rapide

Il vole, plonge, dribble et multiplie les trois points. Aux USA, on l’appelait: « L’inconnu le plus spectaculaire ».

Il rigole Marcus Faison (24 ans), l’ancienne vedette de Pepinster qui retrouvera son ancienne équipe samedi dans le cadre de la 4e jour née de championnat. « éa me plaît, oui. Je viens de Siena, une modeste équipe universitaire. Mais les entraîneurs et les joueurs de là-bas ont appris à me connaître ».

En championnat belge, il est simplement connu sous le nom de Marcus Faison: chorégraphe du meilleur jeu aérien. Il est arrivé à Pepinster il y a deux ans où l’Américain s’était fait une fameuse réputation. Les supporters de Pepinster sautaient en l’air toutes les cinq minutes, quand Faison les régalait d’un alley-hoop ou d’un superbe dunk. Il a bouclé la saison 2001-2002 avec une moyenne de 19,6 points par match. En quarts de finale des playoffs, malgré un apport personnel de 26 points, il a été éliminé par Charleroi. Cette année, il a rejoint les Spirous où l’ossature a été fortement renouvelée avec des joueurs comme Roel Moors, Vlade Kuzmanovic, Andre Riddick et Dimitri Jorssen, le tout sous la direction de Savo Vucevic, qui également un nouveau venu. Mission: offrir à Charleroi un nouveau titre national.

Comment se sont déroulés vos premiers contacts avec le club?

Marcus Faison : Très bien. Ron Ellis et Roger Huggins me soutiennent bien. Et l’entraîneur m’a immédiatement laissé une bonne impression.Niksa Bavcevic, qui m’a entraîné ces deux dernières saisons, n’arrêtait pas de gueuler et ne tolérait aucun écart à la discipline. Pour employer le jargon du métier, Bavcevic est un teacher-coach alors que Sa vo est plutôt un players’ coach. Il octroie beaucoup de libertés à ses joueurs. Je ne dis pas que ça le rend meilleur, mais son style me convient mieux.

Aviez-vous une idée claire de ses projets à votre égard?

Le coach souhaite évidemment que j’effectue beaucoup de travail défensif. D’un point de vue offensif, il vise un basket rapide, où chacun est en mesure d’apporter sa touche de créativité. C’est dans ce registre que j’ai livré mes meilleurs matches aux USA.

Ne craignez-vous pas de vivre le même scénario que Rowe? On l’a poussé en avant mais il n’a pas été suffisamment soutenu et a dû supporter les critiques de ses coéquipiers, de l’entraîneur et de la direction.

Non, parce que nous allons pratiquer un basket rapide. Je me tracasserais si nous travaillions par plays, car nous disposons de quatre ou cinq hommes capables de marquer 20 points. On ne peut qu’espérer que chacun agisse dans l’intérêt de l’équipe. Si ce n’était pas le cas de l’un ou l’autre, il faudrait les remettre en question.

Ne ressentez-vous aucune pression supplémentaire?

Pas vraiment. Evidemment,on discute beaucoup du titre. De la pression? Que je joue dans un petit club ou dans un grand, je me livre toujours à 100%.

Cet été, vous avez rejoint les Etats-Unis pour participer au championnat estival de l’USBL avec les Adirondack Wildcats. Avec quel résultat?

On y participe dans l’espoir d’obtenir un contrat en NBA….Personnellement, j’ai eu des contacts avec les Memphis Grizzlies et les Indiana Pacers, au terme d’une bonne campagne avec les Wildcats. J’ai joué 19 matches et terminé troisième au classement des trois points. Mais vous savez comment ça va: on s’intéresse à vous, sans que rien ne se concrétise. Il faut être réaliste. Si j’étais vraiment doué pour la NBA, je ne serais pas à Charleroi sans doute. Mais j’ai eu des expériences enrichissantes avec la NBA. Il y a deux ans, j’ai participé aux draft camps des Dallas Mavericks et des Houston Rockets. D’un côté, c’est frustrant de voir tous les garçons avec lesquels j’ai évolué être repris en NBA, comme Mike Bibby ou William Avery. Car je ne peux jamais m’empêcher de me dire que je suis aussi doué qu’eux. Mais tous les basketteurs américains ont ce sentiment.Jouer le titre

Pourquoi avez-vous choisi Charleroi et la Belgique? Après une saison aussi réussie que la dernière, vous avez certainement reçu des offres de l’étranger?

Effectivement. Quelques propositions d’Italie et d’Espagne étaient concrètes, mais j’habite en Belgique depuis deux ans. En y restant un an de plus, je peux obtenir un passeport belge. Cela peut être intéressant si je souhaite faire carrière en Europe. En plus, il est agréable de pouvoir se dire qu’on va jouer le titre en sachant qu’on a de bonnes chances de réussir.

Vous n’avez que 24 ans à l’entame de votre troisième saison en Belgique. Vous vivez seul. N’avez-vous jamais le mal du pays?

Je passe toujours quelques semaines en Caroline du Nord, en juillet. C’est là que la plus grande partie de ma famille habite. Ceci dit, je suis tout à fait capable de me débrouiller seul. J’ai aussi l’habitude de déménager. Mon père était militaire et nous devions le suivre, en fonction de ses affectations. J’ai successivement habité la Caroline, Hawaï, le Texas et New York. Tout ça m’a laissé d’excellents souvenirs.

Vous avez un tatouage à chaque épaule. Sont-ils liés à ces souvenirs?

Le tatouage droit représente un soleil, avec mon nom à l’intérieur. Rien de particulier. De l’autre côté, c’est le portrait de mon père. Il est décédé il y a cinq ans, alors que je n’avais que 19 ans. Il a été gravement malade pendant deux ans. Nous étions très liés. Je suis enfant unique. Après son décès, j’ai été bombardé homme de la maison, j’ai écopé de toutes les tâches ménagères et des responsabilités. J’ai rapidement grandi!

Que pensait votre père de votre carrière sportive?

Il m’a toujours encouragé à faire du sport. Jusqu’à l’âge de 15 ans, j’ai combiné le basket et le football américain mais j’ai remarqué que tous ces footballeurs étaient trois fois plus larges que moi (il rit en montrant la largeur moyenne d’un footballeur). En basket, j’affrontais souvent des joueurs plus âgés et plus lourds. Je pense que j’ai acquis un style plus spectaculaire pour compenser mon manque de gabarit.

Que vous a apporté l’Europe sur le plan sportif?

J’ai surtout appris à défendre. C’était obligatoire, avec Bavcevic. J’ai nettement amélioré mon shoot en deux ans. En fait, je suis devenu un basketteur plus complet.

Et en dehors du terrain?

La Belgique m’a montré un autre visage de l’Europe. Quand j’étais à l’université, j’ai disputé un tournoi en Grèce. Et peu avant mon arrivée en Belgique, j’avais passé une semaine en Macédoine. C’était ça, mon image de l’Europe. Je dois dire que je me sens très bien en Belgique.

Matthias Stockmans

« J’ai appris à jouer contre des gros gabarits »

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