CRISE ET POST-FORMATION

Le point faible de la formation de nos footeux est bien connu. Si les sélections de jeunes de nos clubs se font régulièrement remarquer dans des tournois internationaux, une fois la majorité passée les résultats s’étiolent. Durant des années, les spécialistes ont cherché à comprendre ce qui clochait. Un jour, un analyste imaginatif a trouvé le problème et a inventé un concept : la post-formation ! Le néologisme sonnait bien et fut vite adopté par tous ! Personne ne se rendit compte que post-formation, c’est un mot creux, vide de sens comme 4 saisons de Secret Story. Car, cette après-formation qu’est ce que ça veut dire ? Qu’après 18 ans, nos footballeurs en herbe ont terminé leur écolage ? Qu’ils n’ont plus rien à apprendre ? Soyons sérieux : une fois trop vieux pour les U21, ce n’est pas la post-formation qui commence mais c’est une carrière qui débute ! Et c’est là que le bât blesse, car pour débuter une carrière, faut- il encore trouver un club qui leur fasse confiance.

Dans le grand bazar de l’après arrêt Bosman, les cercles de notre élite ont trop souvent cherché ailleurs ce qu’ils avaient à la maison. Un métier en vogue, l’agent de joueurs, s’est mis à draguer nos FC avec des DVD de milieux gauches croates, de backs droits de CFA et d’attaquants de pointe hongrois. Convaincus que le 13e meilleur buteur de D2 danoise est bien meilleur que le topschutter de réserve, nombreux sont ceux qui sont tombés dans le panneau.

Les traders yankees jouent aux cons et font sombrer les States puis le monde dans une crise financière. Le monde du football, parfait miroir de la société, trinque aussi. Bien sûr, les dirigeants reçoivent toujours des piles de DVD, mais maintenant ils les regardent avant de signer un joueur. Peu à peu, nos adolescents commencent, faute de moyens certes, à trouver une place dans les effectifs pros. Ce mouvement se fait sentir particulièrement chez les sans-le-sou du championnat, à Mouscron notamment. Après plusieurs années d’une lente descente aux enfers, le club hennuyer qui avait pourtant l’habitude de réaliser de belles trouvailles, se voit contraint de faire la part belle aux jeunes. La moyenne d’âge sur le terrain du Canonnier diminue aussi rapidement que l’espérance de vie du club. Et ô surprise, on se rend compte, bien trop tard, que le Futurosport est capable d’accoucher de petites merveilles : Guillaume François (18 ans) et MaximeLestienne (17 ans). Une fois l’implosion du club enterinée, les deux gamins trouvent sans peine de l’embauche dans de jolies écuries et laissent les supporters mouscronnois à leurs chagrins et leurs questions. Combien de gamins de 18 ans produits par le Futuro ont quitté le club, sans avoir pu saisir leur chance pendant toutes ses années ?

Mais au sommet de la hiérarchie, le rajeunissement des cadres est aussi une réalité. Après avoir tenté tout le contraire durant des années en offrant des gros contrats à des briscards comme Rapaic, SaPinto ou Leonard ; le club prend un virage à 180° en constatant les limites de cette politique. Le manque d’expérience est largement compensé par trois couches de talents et de motivation, et au final c’est bingo : un titre qui se refusait depuis 25 ans.

GEOFFREY VANCAUWENBERGHE, MOUSCRON

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