Crise au sein des directions

Mercredi dernier, le poing serré, John Van den Brom a poussé un cri de triomphe après le premier but d’Anderlecht à Ostende, comme s’il était libéré. Il a balayé d’un geste la colère de l’entraîneur ostendais, Fred Vanderbiest, furieux qu’Anderlecht ait poursuivi le jeu alors qu’un de ses footballeurs gisait au sol, blessé. Ce n’est pas vraiment le style de la maison mauve.

Sans prendre en compte le match de mardi au PSG, Anderlecht n’avait plus affiché un niveau aussi faible depuis longtemps. Samedi dernier, les Mauves ont encore peiné contre OH Louvain. Comme à Ostende, leur football était dénué de rythme et s’apparentait plutôt à un festival de passes ratées. La direction semble subir la situation avec une certaine décontraction, pour le moment. Elle réfute toute insinuation sur un limogeage éventuel de son entraîneur. Nul n’est en mesure de procéder à l’analyse de ce qui ne va pas, sans parler d’une recette pour inverser la tendance.

La plupart des problèmes du football belge sont à attribuer au manque de connaissances footballistiques des directions. Bart Verhaeghe se démène au Club Bruges sans parvenir à mettre son équipe sur les bons rails. Il y a deux possibilités : soit il en fait trop et surestime ses connaissances, soit il n’est pas bien entouré. Le Club ne fournit pas plus que le Sporting d’analyse des problèmes réels. En revanche, il se plaint de l’arbitrage et de l’exclusion injustifiée de Victor Vazquez dans le derby, par exemple, alors que l’Espagnol a taclé délibérément son adversaire, Kristof Dhaene.

Le problème, c’est que les dirigeants sont de fervents supporters. Ils tournent à l’émotion, ce qui les empêche de réfléchir et d’agir rationnellement. De ce point de vue, le directeur sportif Arnar Gretarsson n’apporte rien de bon. Il est très décevant de l’entendre s’en prendre au corps arbitral après la série de défaites et crier que nul n’aura la peau du Club. On peut attendre plus de profondeur et de sérieux d’un homme occupant ce poste. Au lieu de se plaindre, il ferait mieux de réunir les têtes pensantes et de se demander pourquoi le Club Bruges a déjà reçu six cartes rouges cette saison.

Samedi, quand les supporters en colère ont interrompu l’entraînement, le Club leur a demandé de faire preuve de patience. Chez lui, en Espagne, Juan Carlos Garrido a dû s’étrangler en l’apprenant. Dimanche, la victoire péniblement acquise contre Lokeren a été accueillie avec soulagement. Elle ne résout pas les problèmes, même si Michel Preud’homme a loué la mentalité de l’équipe et a affirmé avoir décelé quelques touches satisfaisantes. Le Club, qui a déjà aligné plus de joueurs que le Standard, qui pratique la rotation, attend les prochains matches. Comme Anderlecht.

On clame n’importe quoi en football. C’est encore apparu avec clarté quand Dirk Poppe, le manager de Waasland-Beveren, a affirmé, après le nul au Standard, que le mérite en revenait à Glen De Boeck, limogé deux jours plus tôt. Au Standard, après ce même match, Guy Luzon, imperturbable, a déclaré que le jeu de son équipe ne cessait de s’améliorer. L’Israélien s’en tient avec entêtement à sa rotation. Il a répondu aux critiques par ses résultats et il n’a pas l’intention de changer de cap. Il s’en tient ainsi à sa vision, même si elle est erronée. Son débordement de joie après son succès à Gand était d’ailleurs éloquent.

À Gand, le désespoir doit commencer à poindre. La magie du nouveau stade s’étiole à cause des mauvais résultats. À titre d’excuse, on continue à clamer que l’attention requise par ce temple a trop longtemps éclipsé l’aspect sportif, ce qui met en exergue l’incapacité du club à bien cadrer les problèmes de l’équipe. À son embauche, Mircea Rednic a déclaré que la condition physique de l’équipe était lamentable mais avec deux points sur quinze, l’entraîneur n’a pas vraiment le droit à la critique. Un peu plus de collégialité siérait aux entraîneurs qui reprennent une équipe.

PAR JACQUES SYS

Luzon s’en tient avec entêtement à sa rotation.

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