Crève-coeur

Le meilleur marqueur belge dispute ses derniers matches sous le maillot de Mons.

« C’était déjà la deuxième fois que j’affrontais mon futur club. Voici trois semaines, quelques jours après la signature du contrat, je m’étais rendu à l’Expodroom avec l’Union Mons-Hainaut. Toute la semaine, mon épouse m’avait demandé si je n’allais pas être nerveux. Je lui répondais constamment par la négative. Sur le terrain, j’ai constaté que ce n’était pas aussi simple. Heureusement, nous l’avons emporté 85-88 et j’ai converti mes deux derniers lancers-francs. C’est marrant, car j’avais évoqué cette hypothèse avec Yves Defraigne. Dans une discussion prémonitoire, il m’avait demandé: -Que feras-tu si nous sommes à égalité à quelques secondes du terme et que tu es amené à prendre tes responsabilités à la ligne? Je resterai montois jusqu’en juin et il n’y a pas de doute à avoir sur mon intégrité. Je l’ai démontré ».

Retour, avec l’actuel meilleur marqueur belge du championnat, sur la saison irrégulière de l’équipe boraine.

Potter était important

Septembre: Mons élimine Ostende en Coupe. On imagine que la saison sera bonne pour les Borains et difficile pour les Côtiers…

« Huit mois plus tard, on est obligé de dresser le constat inverse. Nous avions bien commencé la saison. Ostende, en revanche, ne tournait pas encore à plein régime. Eddy Casteels n’était pas encore là, et des joueurs comme Teo Cizmic et Andrius Giedraitis étaient blessés ».

Déjà, pourtant, des nuages noirs assombrissent l’horizon: Rodger Farrington n’est pas autorisé à s’aligner comme joueur européen.

« Devoir se priver de Rodger Farrington nous a porté préjudice. Nous attendions beaucoup de lui. Il n’aurait pas remplacé complètement Jim Potter, mais il nous aurait rendu du précieux services en défense et au rebond. Il aurait été capable de s’opposer à Louis Rowe ou Ralph Biggs dans des moments difficiles. Offensivement, on comptait sur Wouter Dewilde pour faire oublier Jim Potter. Mais il revenait de blessure. En outre, au poste n°3, il était barré par Gary Collier et moi-même, tandis qu’il manque un peu de body pour évoluer au poste n°4. Aujourd’hui, on s’en rend compte: Jim Potter était vraiment important pour Mons ».

Octobre: Mons se qualifie pour les poules de la Coupe Korac au détriment de Trèves et, à l’exception d’un cuisant revers à Fuenlabrada, livre d’excellentes prestations sur le front européen.

« Nous avons souffert pour nous qualifier face à Trèves. Mais, en fin de compte, nous avons accompli un parcours très correct ».

2002: changement de cap

Janvier: alors que l’année 2001 s’était terminée par sept victoires d’affilée, toutes compétitions confondues, 2002 commence mal. Mons retrouve Ostende pour la reprise du championnat et s’incline sur le fil après avoir mené de 21 points. Un ressort se brise. C’est une série de cinq défaites d’affilée qui est entamée.

« Cette rencontre reflète à elle seule toute la saison de Mons. Elle démontre un manque flagrant de régularité. On peut alterner le meilleur et le pire sur un seul match. Cette fois-là, notre première mi-temps fut exceptionnelle. Mais nous n’avons pas tenu la distance. Ce genre de scénario s’est reproduit à plusieurs reprises. A Tournai, récemment, nous avons mené de 26 points avant de nous incliner. Contre Charleroi, c’était 31-18 à l’issue du premier quart-temps. Nous avons aussi perdu. Notre noyau est sans doute un peu trop étriqué. Nous ne pouvons pas nous permettre de faire souffler certains joueurs sans que le rendement s’en ressente. Cette saison, il n’y a que trois joueurs à plus de dix points de moyenne: George Evans, Gary Collier et moi-même. C’est trop peu, il y en avait cinq la saison dernière. L’adversaire sait qu’en neutralisant un ou deux de ces joueurs, il peut gagner le match ».

Il « suffit » à Mons de battre Leverkusen à domicile pour accéder, pour la première fois de son histoire, aux huitièmes de finale de la Coupe Korac. Mais la déception est au rendez-vous.

« Toujours les séquelles de la cruelle défaite subie contre Ostende quelques semaines plus tôt? Peut-être. On a vu, dès le coup d’envoi, que l’équipe manquait de confiance. Nous avons rapidement été menés de 10 ou 12 points. La course-poursuite fut vaine. L’équipe était fragilisée mentalement et je tiens à faire mon mea culpa. Je suis un des leaders du groupe et j’avais un rôle à jouer pour fustiger les troupes. Je ne l’ai pas rempli correctement ».

Mons en crise, Bree aussi

Février: le manager Thierry Wilquin menace de démissionner si la Ville et la Province continuent à rester indifférentes. Le signe d’un malaise.

« Je comprends son désarroi. Il ne peut pas continuer éternellement à tenir l’Union Mons-Hainaut à bout de bras sans aide extérieure ».

Mars: Matthias Desaever signe à Bree pour deux ans.

« Je n’ai pas abandonné l’idée de retenter une expérience à l’étranger. Mais je n’avais pas envie, cette année, d’attendre le mois de juin pour être fixé sur mon sort. J’ai discuté avec Eddy Casteels et cela m’aurait plu de travailler à Ostende sous sa direction. En revanche, je n’ai pas vraiment négocié avec Charleroi. Bree m’a paru un challenge intéressant. C’est une équipe d’avenir. Pour l’instant, je préfère jouer le top en Belgique que le bas de classement à l’étranger. Je m’étais fourvoyé à Gravelines et je m’étais dit que, si je réalisais deux bonnes saisons à Mons, les propositions ne manqueraient pas. Cela s’est vérifié. Rien ne dit qu’après deux bonnes saisons à Bree, je n’aurai pas des propositions intéressantes de bons clubs européens. Mons a essayé de me faire une contre-proposition mais n’a pas pu s’aligner sur les conditions qui me sont offertes dans le Limbourg. On prétend que je suis cher. Jusqu’à présent, j’en ai toujours donné pour leur argent aux dirigeants qui m’ont fait confiance ».

Avril: Mons s’incline pour la cinquième fois de la saison contre Charleroi.

« Sur un match, nous pouvons prendre la mesure des Spirous à condition d’être constants pendant 40 minutes. Sur la durée, en revanche, il faut se rendre à l’évidence: Charleroi est plus fort que Mons ».

Bree, depuis l’officialisation du transfert de Desaever, accumule les défaites.

« Y a-t-il un lien de cause à effet? Eh bien… oui! Certains joueurs savent qu’ils devront quitter Bree et ont du mal à se concentrer sur les derniers matches de la saison ».

La cinquième place de Mons: déception ou satisfaction?

« Peut-être sommes-nous à notre place? Je ne pense pas que l’avantage du terrain sera prépondérant pendant les playoffs. Nous sommes capables d’aller gagner en déplacement ».

Daniel Devos,

« On prétend que je suis cher mais les dirigeants en ont toujours reçu pour leur argent »

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