« Courtrai, ma bataille »

L’ancien Zèbre (et Brugeois) est devenu une des valeurs sûres de la bande à Georges Leekens.

L’histoire ne repasse pas les plats, dit un adage qui ne se vérifie pas à Courtrai. Là, le 11 juillet 1302, soutenues par des Namurois et des Hennuyers, les troupes flamandes ont battu l’armée du Roi de France, Philippe Le Bel. A sa façon, et par son exemple, Laurent Ciman rappelle cette page d’un passé lointain et apporte sa détermination bien carolo dans les batailles intelligemment préparées par un grand général : Georges Leekens.

Courtrai constitue, sans aucun doute, une des bonnes surprises du championnat. Là, des joueurs, ignorés ou en manque de jeu, ont relevé un défi : prouver leur valeur. Et alors que Leekens est réputé pour son jeu aérien, la qualité de ses actions en rupture et un engagement très britannique, cette formation soigne son jeu technique, la circulation du ballon au sol, etc.

Même si tout n’est pas parfait, notamment à la finition, malgré les buts de Léon Benko et Christian Benteke, il y a de l’intelligence en mouvement dans les plans des footballeurs de la Lys. A 24 ans, Ciman y a retrouvé le sourire, la confiance et collectionne les citations au tableau d’honneur depuis le début de la compétition. Il est loin le regard las qui était parfois le sien au Club Bruges.

 » Je me suis totalement retrouvé à Courtrai « , souligne-t-il.  » J’y ai été prêté pour une saison. Le directeur sportif de Bruges, Luc Devroe, ne voulait pas entendre parler d’un départ définitif. Moi non plus. Même si tout ne fut pas rose au stade Jan Breydel, c’était quand même une preuve de confiance. Devroe m’a soutenu dans ma quête d’un club qui pouvait m’offrir la garantie de jouer. C’était évidemment essentiel car, dans mon plan de carrière, je ne pouvais pas me permettre une saison sabbatique.  »

Son agent, Youri Selak, a sorti son carnet d’adresses et deux clubs furent rapidement intéressés par un prêt : Charleroi et Courtrai. La piste des Zèbres fut rapidement abandonnée car Mogi Bayat ne pouvait pas certifier qu’il aurait le temps de jeu espéré. Ciman a compris le point de vue du Napoléon des Zèbres. Le coup de foudre lui est finalement tombé au stade des Eperons d’or.

Le style Leekens lui va bien

 » Au départ, je devais évoluer dans l’axe de la défense « , affirme Ciman.  » Puis au fil des arrivées, et de la mise en place de l’équipe, j’ai glissé vers la droite pour retrouver le poste d’arrière latéral. J’ai tout de suite été emballé par le style Leekens : c’est exactement ce dont j’avais besoin. A Courtrai, on marie bien le travail et le plaisir d’être ensemble. Je connaissais pas mal de mes nouveaux équipiers : Brecht Capon, David Vandenbrouck, Jimmy Hempte, Loris Reina, Damien Lahaye. Quand on bosse, on bosse mais cela n’exclut pas la bonne humeur. Ici, c’est cool et je me sens bien dans cette atmosphère. De plus, les résultats répondent à nos attentes. Notre équipe est bien organisée et s’adapte facilement au jeu de l’adversaire. Nous savons à l’avance à quoi nous attendre. En cas de gros problèmes tactiques, Courtrai a toujours un plan B. En ce qui concerne les automatismes défensifs, je m’entends bien avec Vandenbrouck (ex-Charleroi) qui a aussi bien fait de venir à Courtrai. Défensivement et dans l’animation, ça va. Courtrai n’est cependant pas encore assez concret à la finition.  »

Un des matches références de cette équipe s’est déroulé au Standard en Coupe avec, entre autres, un beau but de Capon, des arrêts importants de Glenn Verbauwhede, la frappe victorieuse de Benteke, etc. Courtrai a bien exploité les faiblesses du moment des Rouches mais ne vit pas sous pression médiatique. Les journalistes ne se bousculent pas chez eux en semaine…

Ciman :  » Tout est tranquille ici et ce sera peut-être un argument décisif. J’espère être présent dans le top 6 ! Il ne faut pas rouler les mécaniques avant l’heure du verdict mais Courtrai n’a rien à envier à Zulte Waregem. Le Standard va retrouver son rang et aura sa place dans les playoffs 1 avec Anderlecht, le Club Bruges et Gand. Le Germinal Beerschot est bien parti aussi avec une équipe bien balancée entre des jeunes, des anciens comme Philippe Clement, qui marque et ferme bien la baraque derrière ainsi qu’un attaquant de toute première force : Sherjill MacDonald. A mon avis, il ne restera plus qu’une place pour nous ou Zulte. Nous avons hélas perdu les quatre points acquis sur le terrain contre Mouscron, avant de passer à côté de notre sujet face au Club Bruges avant la petite trêve hivernale…  »

Revenir au Club ?

Ciman a du tonus et a convenu avec Devroe de faire le point en fin de saison. Le Carolo aura alors encore un an de contrat avec les Bleu et Noir. Son ambition est sans aucun doute de retourner là-bas. Arrière droit, c’est un peu le poste maudit au Club Bruges : tout le monde s’y est essayé en vain depuis le départ d’ Olivier Decock.

 » A un moment, à Bruges, j’ai été la tête de Turc « , se souvient-il.  » Bruges ne tournait pas et les problèmes portaient un nom : Ciman. J’avais un cachet sur le dos : j’étais le joueur de Jacky Mathijssen qui me coacha à Charleroi. Il a insisté pour que Bruges me transfère mais cela ne l’a jamais empêché de m’installer sur le banc. Ce ne fut pas évident à vivre mais je suis sorti du trou et le public a apprécié ma fin de saison et ces épreuves m’ont rendu plus fort. J’ai 24 ans et j’ai bien compris Silvio Proto quand il a déclaré récemment : – Maintenant, je ne joue plus pour moi mais pour ma famille. C’est d’une simplicité géniale et, regardez-le jouer. Silvio est transfiguré et impressionnant. Moi, je joue aussi pour ma femme, Diana, ma princesse, et notre bébé qui viendra au monde en mars : Nina. Nous avons acheté une fermette à Presles, près de Charleroi. Il y a encore pas mal de boulot mais nous nous donnons le temps. Nous vivrons près de nos familles respectives. Et pas loin de Charleroi, quand même…  »

Ciman est attaché à ses racines carolos. Pourtant, on ignore généralement qu’il a des origines italiennes. Si sa maman est d’ici, son papa, supporter de l’Inter, provient du nord de l’Italie. Il y a beaucoup de Ciman ( » Là-bas, on dit Tchimane) du côté de Vérone où vit d’ailleurs sa s£ur. Forcément, tout ce qui touche à la Botte est important pour lui. Et il n’oublie pas d’ajouter qu’il a encore sa merveilleuse nonna qui prépare les meilleures pâtes du monde.  »

Les soucis des Zèbres le chagrinent et ce stade souvent désert ressemble à des spaghetti sans parmesan :  » J’ai fait mes classes à l’Olympic où Patrick Thairet ne croyait pas en moi. J’ai joué un match en D3. A l’époque, il y avait des synergies entre les deux clubs. Dante Brogno m’avait d’autant plus à l’£il que je fréquentais le Foot Elites de Charleroi et il m’a fait venir au Sporting en disant – Si tu veux et si tu travailles, tu peux réussir en D1. Je lui dois beaucoup, comme à Mathijssen et Philippe Vande Walle. Même si ce fut compliqué, Charleroi a flirté avec le haut du tableau. Le courant passa moins bien avec Thierry Siquet. Je ne faisais pas partie de ses plans. C’est la vie, ça arrive.  »

« Top 6 : Courtrai n’a rien à envier à Zulte… « 

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