COURS FOR(R)EST, COURS…

Réplique sublime de ce film devenu mythique : Forrest Gump. Film qui retrace 30 ans d’épopée des Etats-Unis. Avec Tom Hanks en  » simple d’esprit  » qui influence le destin du monde grâce à sa magnifique et tendre différence. Pourquoi parler de cela ?

Parce qu’un autre Forrest arrive dans la cour des grands. Certes, il ne prend qu’un  » R  » mais, l’air de rien, il est peut-être le précurseur d’une nouvelle ère du football. Inspiré aussi par un esprit simple. Dans sa plus noble expression. La plus pure au sens propre comme au figuré.

Ce fameux Forest est le Forest Green Rovers Football Club. Ça ne vous dit rien ? Normal. Après 128 ans d’existence, ce petit club coincé entre rien et pas grand-chose dans le ventre de l’Angleterre va participer pour la première fois de son histoire à la Football League.

C’est-à-dire qu’il fait désormais partie des 92 clubs pro du pays dans l’une des quatre divisions professionnelles anglaises. Eh oui, c’est aussi ça l’Angleterre. Mais ce club est unique au monde. OK, la Fifa vient de lui décerner le titre de club le plus écologique de la planète. Mais ça, il y en a d’autres.

Mais là où les autres n’ont jamais osé, ni même pensé aller, c’est dans le végan. Ce club est 100 % végan. Dans ce monde fait d’hormones, de testostérone, où être une  » bête  » est considéré comme une grande qualité, où la culture de la bière est comme l’évidence du biberon pour le nouveau né, eh bien Forest Green Rovers applique le véganisme. Mode de vie qui interdit de consommer tout produit issu des animaux ou de leur exploitation.

Ni alcool, ni saucisse, ni hamburger, ni chips. Rien. Ni pour les joueurs, ni pour les supporters. Mais c’est pas du foot ça ! ! ! Si, si, c’en est même sa sacralisation extrême. Sa nature essentielle. Le TERRAIN. Surface de tous les possibles. Le jeu, le rôle social et rien d’autre.

Un club sain avec des joueurs sains. Lors de la finale des play-offs à Wembley, le noyau ne comptait aucun joueur blessé. Il n’y a quasi jamais de blessure musculaire dans cette équipe. Pas un hasard. La malbouffe fait beaucoup de mal. La vie du club est rythmée par l’évidence de la nature.

Avec une pelouse organique fertilisée avec des algues écossaises. Avec uniquement de l’eau de pluie recyclée pour tout faire fonctionner. Avec, bien sûr, les indispensables panneaux solaires. Avec, sur les tables, des  » business  » des cocktails à base de fruits. Des mets concoctés et choisis par les invités. Style houmous, tapenades, légumes.

Et ça marche. Les supporters se sont convertis. D’autres, attirés par le projet, ont rejoint les tribunes. Depuis que le club est végan, les ventes aux  » buvettes  » ont quadruplé.

A la base de cette révolution, Dale Vince un  » New Age traveller  » qui, dès ses obligations scolaires finies, est parti sur les routes vivre sa vie de hippie à bord de son  » Van « . De voyages en rencontres, il trouve sa vie et fonde une société d’énergie verte. Bingo, elle vaut maintenant plus de 100 millions de £.

En 2010, il devient président de ce club de foot. Il le sauve de la faillite.  » Pour faire passer un message « . Lui donner plus d’écho à travers le sport roi et ainsi aller au bout de la quête. Sauver le monde. Lui qui arrive au match au guidon de sa moto électrique a fait de son utopie une réalité.

Et une ambition.  » Je veux jouer en Championship (D2) dans les cinq ans. Exposer encore plus haut mon modèle « . Un modèle déjà mis en  » lumière  » par Gary Neville. Devenu ambassadeur du projet, l’ex de Man United avait fait installer 52 éoliennes à Old Trafford pour que son jubilé contre la Juventus soit illuminé d’une énergie exclusivement verte.

Dale Vince  » le président aux boucles d’oreille  » a de plus en plus l’oreille attentive pour ceux qui ne le prenaient encore, il y a peu, que pour un marginal. Et il continue sa route. Il va construire un nouveau stade. Le seul au monde fait à 100 % de bois.

Cet homme est extraordinaire. Et si on créait le premier club de supporters belges de Forest Green Rovers. D’ac ? En attendant, moi je vais boire une bonne bière et manger un bon steak…

PAR FRÉDÉRIC WASEIGE

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire