Coups de SIFFLET

Pierre Danvoye
Pierre Danvoye Pierre Danvoye est journaliste pour Sport/Foot Magazine.

Nos arbitres n’ont jamais été autant contestés que cette saison : à tort ou à raison ?

Foutu championnat, pollué par un nombre impressionnant de bourdes arbitrales. Des penalties non sifflés qui ont une incidence directe sur le score de matches de première importance. Des buts valables que l’on annule. Des goals entachés de fautes que l’on accorde. Une règle du hors-jeu régulièrement appliquée de façon plus que discutable. Une méconnaissance flagrante du règlement (passe en retrait réglementaire mais sanctionnée de Mustapha Sama à Bertrand Laquait lors de CS Bruges-Charleroi ; l’Anderlechtois Daniel Zitka qui reprend en mains le ballon de son propre dégagement, ramené vers lui par une bourrasque, sans que l’arbitre ne bronche). On en passe et des meilleures. Notre D1 ne va pas trop bien ; notre arbitrage non plus ! Cinq personnalités (deux joueurs, un entraîneur, un dirigeant et un arbitre) répondent à 10 questions clés. Des réponses souvent sans concession.

1. Peut-on parler de saison noire pour l’arbitrage en Belgique ?

Pär Zetterberg :  » Je ne sais pas comment ça s’est passé ici pendant mes trois saisons en Grèce, mais c’est vrai qu’il y a eu pas mal d’incidents depuis quelques mois. Il ne faut pas se faire d’illusions : ce n’est pas demain que les erreurs vont disparaître. Les joueurs prennent parfois de mauvaises décisions, les arbitres aussi. On ne peut certainement pas les accuser de mal siffler volontairement. Leur problème, c’est qu’ils sont jugés de façon beaucoup plus critique que les footballeurs. On ne leur pardonne rien « .

Ariel Jacobs :  » Oui. Il ne se passe pas une semaine sans qu’il y ait l’un ou l’autre gros incident d’arbitrage. Ce ne sont pas de simples idées que les gens se font mais des faits réels. Cette saison, certains arbitres sont tellement critiqués qu’ils ne parviennent même plus à être spontanés. Leurs errements des semaines précédentes les poursuivent et leur approche n’est plus naturelle. Le climat est devenu difficile à vivre. Aujourd’hui, la première question que l’on pose avant le coup d’envoi d’un match est : -Qui arbitre ? C’est révélateur du malaise. C’est une bonne chose que la saison se termine pour qu’on remette les compteurs à zéro, pour que tous les referees repartent avec une ardoise vierge et une bonne réputation « .

Amand Ancion :  » Pas du tout. La réalité, c’est que certaines phases ont été médiatisées à l’extrême. Je pense évidemment au penalty non sifflé dans le match Gand-Standard. L’hyper médiatisation de cette phase n’a fait qu’accroître la portée d’une erreur d’appréciation. Et l’attitude des dirigeants du Standard n’a pas servi la cause de l’arbitrage belge. Quand Luciano D’Onofrio dit qu’il faut faire le procès de l’arbitre et non le sien, il confond les genres ! Je suis vraiment convaincu qu’il n’y a pas eu plus d’erreurs cette saison que les années précédentes. On reste dans la norme : l’arbitrage est toujours très bon en Belgique « .

Michel Preud’homme :  » Jusqu’à la trêve, c’était très bon. Après, ça a un peu dérapé. Sans que je puisse donner d’explication cohérente « .

Philippe Clement :  » Parler de saison noire serait, selon moi, exagéré. Des erreurs d’arbitrage et des incidents, il y en a toujours eu et il y en aura toujours. Je ne pense pas que ce soit plus grave cette année que les saisons précédentes. Par contre, les décisions litigieuses ont été beaucoup plus mises en évidence au cours des derniers mois. La montée de dirigeants du Standard sur le terrain de Gand n’y est pas pour rien : dès ce jour-là, on a commencé à parler abondamment de toutes les phases douteuses observées depuis le début de la saison. Et évidemment, les intérêts financiers de plus en plus importants ne font qu’augmenter la médiatisation des erreurs arbitrales « .

2. La professionnalisation de l’arbitrage serait-elle une solution ?

Zetterberg :  » Certainement pas. Ça ne changerait absolument rien. Verraient-ils mieux un hors-jeu s’ils étaient professionnels ? Arrêtons de rire. Il y a d’autres façons de les aider. Placer un détecteur au niveau de la ligne de but, pour savoir avec certitude si le ballon l’a franchie ou non, ce serait bien plus utile que professionnaliser l’arbitrage « .

Jacobs :  » Le professionnalisme pourrait aider les arbitres parce qu’ils seraient alors mieux préparés physiquement, mieux reposés et plus frais dans la tête. Cela leur permettrait de prendre des décisions plus lucides. Mais je n’irais pas jusqu’à dire que ce serait une garantie « .

Ancion :  » Non. Les arbitres d’élite vivent déjà pour ainsi dire comme des pros. Ils bénéficient de nombreuses facilités pour pouvoir suivre leur programme de préparation physique et la CCA met un psychologue à leur disposition. C’est largement suffisant. Je sais de quoi je parle. Pendant une période, j’ai vécu 24 heures sur 24 pour l’arbitrage : les effets ont été très néfastes. Je ne suis pas du tout persuadé non plus qu’il serait utile de multiplier les entraînements physiques. Cela ne sert à rien à partir du moment où la grande difficulté de ce métier consiste à prendre des décisions au dixième de seconde. Le problème n’est de toute façon pas financier non plus. Pour un match de D1, nous touchons un brut de 625 euros. Pas mal ! Celui qui siffle trois matches par mois se fait un beau petit pactole. Les arbitres commettraient-ils moins d’erreurs s’ils recevaient 2.500 par match ? Je n’en suis pas sûr du tout « .

Preud’homme :  » Bien sûr. Plus on passe de temps à faire quelque chose, mieux on le fait. S’ils étaient professionnels, les arbitres seraient mieux préparés physiquement, mieux reposés, ils auraient l’occasion d’analyser toutes leurs prestations en profondeur et de mieux se préparer à certaines phases précises. Cela leur permettrait de mieux voir les penalties et de mieux juger les hors-jeu. Pourquoi n’a-t-on pas droit à des arbitres pros alors que les joueurs le sont ? Croyez-vous qu’ EmileMpenza shooterait aussi bien s’il n’était pas professionnel ? »

Clement :  » Oui, ça ne pourrait faire que du bien. Si on a l’assurance qu’un arbitre est très bien préparé physiquement et mentalement, c’est toujours un plus « .

3. La collaboration avec les juges de touche et l’assistant est-elle suffisante ?

Zetterberg :  » Je constate une nette amélioration. Et il faut que cette collaboration soit encore plus poussée, que les linesmen et le quatrième arbitre reçoivent encore plus de responsabilités. Lors du match Beveren-Standard, l’assistant est monté sur le terrain pour signaler à l’arbitre que Mohamed Diallo avait essayé de porter un coup à AlmaniMoreira, et l’arbitre a donné une carte rouge au gars de Beveren. C’est bien que l’initiative soit venue du quatrième arbitre. Il faut que celui-là et les juges de touche montent régulièrement sur le terrain « .

Jacobs :  » Certainement pas. La fédération et la CCA ont essayé de faire des efforts en organisant des réunions entre les arbitres et les entraîneurs. Mais c’étaient des tentatives trop vagues et trop isolées. Les juges de touche n’étaient pas à ces réunions : c’est anormal. Chaque semaine, le manque de coordination entre l’arbitre et ses trois assistants saute aux yeux. Les quatre parties impliquées sont rarement sur la même longueur d’onde. Et on ne sait jamais ce que le quatrième arbitre va permettre et interdire. Certains coaches peuvent rester debout pendant toute la rencontre, d’autres se lèvent 90.000 fois mais doivent chaque fois se rasseoir, certains peuvent donner des consignes, d’autres n’ont pas l’autorisation de le faire. Il y a même des changements de comportement du quatrième arbitre dans le même match. Ce n’est pas grave mais significatif du problème. Si le quatuor qui dirige les débats ne sait pas s’entendre sur la manière de sanctionner ce qui se passe dans la zone technique, comment peut-il avoir une collaboration efficace pour sanctionner tout ce qui se passe sur la pelouse ? Et quelles sont les prérogatives exactes de l’assistant ? A Bruges, Peter Odemwingie s’est fait descendre par Peter Van der Heyden dans le dos de l’arbitre, qui ne pouvait rien voir. J’ai hurlé, l’assistant m’a dit que j’avais raison de m’emporter, mais il ne pouvait même pas en référer à l’arbitre principal. Ce quatrième arbitre est souvent une source de frustration pour les entraîneurs parce qu’il voit tout mais ne peut régulièrement rien dire « .

Ancion :  » C’est la principale pierre d’achoppement, cette saison. Cette collaboration n’est pas suffisamment efficace, cela saute aux yeux. La plupart des arbitres donnent clairement leurs instructions aux juges de ligne et à l’assistant, mais cela ne suffit pas. Parce qu’il n’y a pas une vraie uniformité dans ces instructions, d’un arbitre à l’autre et d’une semaine à l’autre. Mais surtout parce que les juges de ligne et les assistants doivent faire leur maladie. Il n’y a pas longtemps qu’on a décidé de leur confier plus de responsabilités. Ils doivent donc s’habituer à avoir des compétences élargies. Certains ont peut-être peur d’intervenir dans les moments chauds. Et très peu d’entre eux ont déjà arbitré en D1 : ils ne parviennent donc pas à ressentir ce que l’arbitre de terrain ressent « .

Preud’homme :  » C’était une bonne idée de donner plus de responsabilités aux juges de touche. Mais ce qu’on leur demande aujourd’hui est inhumain. Leur tâche était déjà suffisamment compliquée avant qu’on ne leur impose d’intervenir auprès de l’arbitre principal en cas de besoin. Parce que le hors-jeu est ce qu’il y a de plus difficile à trancher dans le football. Plutôt qu’une collaboration accrue entre les juges de ligne et l’arbitre, je plaide pour une aide technique. C’est à l’assistant qu’il faut demander d’intervenir. Si on met un écran de télévision à sa disposition, il pourra revoir directement les phases litigieuses et aider l’arbitre. Qu’on ne vienne pas dire que cela allongerait les matches de façon exagérée : ils dureraient peut-être cinq ou six minutes en plus. Cela ferait partie du spectacle, et au moins, il n’y aurait plus matière à discussion « .

Clement :  » Non. Les juges de ligne ont un avantage énorme par rapport aux arbitres : ils sont mieux placés que lui et ont une meilleure vision sur la plupart des phases dangereuses. Ils devraient en profiter et prendre plus régulièrement leurs responsabilités. Ils le font trop peu. Je suis tout à fait favorable à un moyen technique de communication entre l’arbitre principal et ses juges de touche « .

4. Comment pourrait-on améliorer l’écolage des arbitres ?

Zetterberg :  » Je ne vois pas de solution. Tout va très vite dans un match, le problème est là. Les erreurs d’arbitrage proviennent souvent de cette vitesse d’exécution. Les médias, les supporters et les joueurs critiquent volontiers… après avoir vu et revu les images au ralenti. C’est un peu facile « .

Jacobs :  » Le problème, c’est cette limite d’âge qu’on n’arrête pas d’abaisser. Celui qui veut faire une belle carrière d’arbitre doit donc commencer à siffler de plus en plus tôt, et cela le prive d’un parcours de joueur. Je ne dis pas qu’il faut avoir évolué en D1 pour avoir les bonnes sensations : jouer plus bas suffit. Mais on ne vous en laisse même plus la possibilité, car vous devez très vite commencer à gravir les échelons si vous voulez vous retrouver au plus haut niveau en tant qu’arbitre. Si tous les arbitres avaient d’abord été joueurs, ils siffleraient plus en fonction de l’esprit du jeu au lieu de se braquer sur le règlement « .

Ancion :  » Les cours de la CCA sont très bien faits. Si je devais donner des recommandations pour le futur, je demanderais que l’on réunisse les arbitres à Louvain une fois par semaine au lieu d’une fois tous les 15 jours, et je proposerais aussi une formation tactique, comme cela se fait en Italie. Cela nous permettrait de mieux sentir le jeu et d’améliorer notre placement, sur les hors-jeu notamment « .

Preud’homme :  » Aucune idée. Peut-être en rendant leur tâche un peu plus simple. C’est comme cela qu’on intéresserait plus de jeunes à l’arbitrage. Devenir arbitre, aujourd’hui, c’est prendre un billet pour le casse-pipes. S’il y avait plus d’arbitres, cela ferait plus de concurrence et le niveau s’améliorerait « .

Clement :  » En poussant des adolescents à se lancer dans l’arbitrage le plus tôt possible. Rien ne remplacera jamais l’expérience, le nombre de matches sifflés, quel que soit l’âge. Mais encore faut-il réussir à intéresser ces jeunes à l’arbitrage « .

5. Les arbitres se font-ils suffisamment respecter ?

Zetterberg :  » Je n’en suis pas sûr. Je respecte toujours les arbitres, même quand ils prennent des décisions que je trouve injustes. Mais tous les joueurs ne raisonnent pas de la même façon. Il faut chercher à instaurer un respect mutuel entre les arbitres et les joueurs, mais aussi entre les arbitres et les dirigeants « .

Jacobs :  » Non, non, non ! Mais à partir du moment où le respect se perd dans la vie de tous les jours, que peut-on attendre des joueurs de foot dans leurs rapports avec les arbitres ? Georges Leekens dit qu’il exige du respect de la part de la direction de Mouscron. Jacky Mathijssen affirme qu’il voudrait du respect pour le travail qu’il a accompli à St-Trond. On voit bien que le problème est général dans le monde du football aussi « .

Ancion :  » Oui. Il y a parfois des discussions acharnées entre les joueurs et l’arbitre, mais le respect est toujours présent. Je n’ai relevé aucun incident grave cette saison « .

Preud’homme :  » Oui. Ils comprennent que les joueurs puissent parfois s’énerver, voire les insulter dans le feu de l’action. Mais je trouve les footballeurs plus respectueux que par le passé. Ils savent aussi que s’ils prennent une carte inutile, ils seront punis d’une amende dans leur club « .

Clement :  » Pas vraiment. La solution consisterait peut-être à favoriser les rencontres entre arbitres et joueurs en dehors des matches officiels. Mais il y aurait alors un danger de perte d’objectivité le jour du match. S’ils tissent des liens, l’arbitre ne réussira peut-être plus à avoir un rapport tout à fait neutre avec ces joueurs « .

6. L’arbitrage est-il suffisamment uniforme ?

Zetterberg :  » Non. Chaque arbitre a son style mais c’est parfois déstabilisant pour les joueurs. Certains sont très tolérants, d’autres ne laissent rien passer. D’une semaine à l’autre, on peut tomber sur des referees aux méthodes complètement différentes. Et c’est encore plus pénalisant en Coupe d’Europe : un arbitre anglais va tout permettre, ou presque, alors qu’un Belge sortira une carte à la moindre faute. Ce serait bien pour les joueurs si tous les arbitres de notre championnat pouvaient déjà s’accorder sur un juste milieu et s’y tenir « .

Jacobs :  » Non. Le problème est réel. Le même week-end, des agressions semblables sont jugées de façons très différentes. D’où l’incompréhension des joueurs, du public et des médias « .

Ancion :  » Il l’est de plus en plus. Certains arbitres continuent à oublier de donner la carte rouge quand une faute est commise sur une action susceptible de valoir une occasion de but réelle, mais le problème vient généralement de leur placement. Ils ont l’impression, dans le feu de l’action, qu’il ne s’agit pas d’une vraie occasion, puis ils constatent, en visionnant les images, qu’ils se sont trompés. N’oubliez pas, non plus, que la sensibilité du corps arbitral est différente de la sensibilité des joueurs et des entraîneurs « .

Preud’homme :  » Le gros problème est là et le Standard l’a soulevé. Il est urgent de parvenir à une uniformité de jugement pour qu’une même faute soit toujours punie de la même manière. Des arbitres professionnels seraient plus disponibles et auraient donc davantage l’occasion d’accorder leurs violons « .

Clement :  » Non. Les interprétations peuvent être très différentes pour une même phase ou une même faute. Pour les joueurs, c’est déstabilisant. Prenez l’exemple du deuxième but que nous encaissons en Allemagne, sur ce coup franc shooté alors que l’arbitre n’avait pas sifflé. Nous l’avons tout de suite interrogé, il nous a répondu que le règlement ne l’obligeait pas à donner un coup de sifflet. Je n’avais jamais entendu parler de cette règle. La semaine dernière, on a vu une phase semblable dans le match de Ligue des Champions entre La Corogne et l’AC Milan : l’arbitre a fait recommencer le coup franc. Il est urgent d’uniformiser les comportements, en Belgique mais aussi à l’échelle du monde entier « .

7. Les arbitres connaissent-ils bien le règlement ?

Zetterberg :  » Oui. Je suis sûr que, si on leur fait passer un examen écrit à n’importe quel moment de la saison, ils feront tous un sans-faute. Mais, en situation de match, tout se complique. Quand vous devez siffler devant 25.000 personnes, beaucoup de journalistes et des caméras de télévision, vous risquez d’oublier l’une ou l’autre astuce du règlement « .

Jacobs :  » Ils le connaissent… en théorie. Mais je me demande s’ils sont suffisamment conscients que les situations les plus improbables risquent de se produire à tout moment. Ils n’y sont pas bien préparés et commettent alors des erreurs quand ils y sont confrontés. Ils ne se sont pas habitués à réagir très vite « .

Ancion :  » Nous avons récemment passé un examen portant sur le règlement, et les points étaient très bons. Oui, les arbitres connaissent le règlement. Peut-on en vouloir à Frank De Bleeckere quand il ne siffle pas la faute de Zitka, qui avait récupéré son propre dégagement ? C’était une phase exceptionnelle qui a surpris tout le monde. Je rappelle qu’aucun adversaire n’a rouspété. Tout simplement parce que personne, ou presque, n’avait jamais assisté à ce cas de figure et ne savait donc pas que Zitka avait l’interdiction de reprendre cette balle en mains « …

Preud’homme :  » Oui, mais on peut être le meilleur et rater un coup « …

Clement :  » Si ceux de D1 ne le connaissent pas bien, c’est à désespérer de tout ! Je leur fais confiance pour cela. En sachant que cela ne suffit pas à empêcher des erreurs, comme quand Zitka a pu reprendre en mains son fameux dégagement. Je suis certain que, si De Bleeckere avait été confronté à la même phase lors d’un examen de la CCA, il aurait sifflé. Parce qu’il aurait alors eu le temps de bien réfléchir et de penser au point du règlement qui interdit cette action. Mais, sur le terrain, il n’avait pas cette latitude : il devait prendre sa décision en une seconde « .

8. Les arbitres sont-ils assez sévères ?

Zetterberg :  » Ils ne le sont pas assez sur certaines phases. Des tackles par derrière et des tirages de maillot, par exemple, ne devraient jamais passer « .

Jacobs :  » Non. En début de saison, on siffle et on punit tout, comme le recommandent la FIFA, l’UEFA et le Board. Mais, plus les semaines passent et plus les arbitres se montrent coulants. Un tacle par derrière, qui doit être synonyme d’exclusion, ne vaut plus qu’un carton jaune, voire une simple réprimande. Mais ce phénomène est, quelque part, compréhensible. A quoi bon exclure un joueur si on sait qu’il n’écopera que de deux semaines de suspension, puis que sa peine sera réduite à un seul match en appel ? Quand j’étais joueur, celui qui touchait le referee était automatiquement suspendu trois ans. Et une agression, même pas trop grave, valait six semaines. Il n’y avait pas à discuter. Aujourd’hui, les coupables débarquent à l’Union Belge avec une armée d’avocats et ils s’en tirent toujours très bien. On revient toujours avec le même argument massue : -Suspendre un footballeur professionnel pour une durée prolongée, c’est l’empêcher de gagner sa vie. Cela a sûrement un effet démotivant sur les arbitres « .

Ancion :  » Non. Il faut réprimer beaucoup plus sévèrement le jeu dur et protéger les artistes. Quand le règlement impose de donner une carte rouge, on doit la donner. Point à la ligne. Et ne pas se dire que cette sanction est peut-être trop sévère. Dans certaines situations, nous ne devons surtout pas trop réfléchir. Si le joueur d’une équipe menée 5-0 arrête de la main le ballon sur sa ligne de but, il doit être exclu. Le public dira alors que le referee est trop dur, que son équipe est déjà suffisamment malmenée. Tant pis, le règlement c’est le règlement. Maintenant, il convient de se demander si les clubs accepteraient que les arbitres deviennent subitement plus sévères « .

Preud’homme :  » Parfois trop, parfois pas assez. Les fautes spectaculaires sont fréquemment punies de façon plus sévère que des interventions bénignes au premier coup d’£il mais qui peuvent en fait avoir des conséquences graves pour le joueur touché. Quand un type vole sur trois mètres et que tout le stade hurle, il ne se fait généralement pas très mal. Mais l’arbitre se laisse avoir et donne une carte. A côté de cela, certains joueurs ont l’art de mettre discrètement le pied pour blesser, sans être pénalisés. Mais, pour comprendre ces subtilités, il faut avoir été joueur « .

Clement :  » Beaucoup sont trop sévères dans le championnat de Belgique. Et cela nous pénalise dans les matches de Coupe d’Europe ou avec les Diables Rouges. Dans ces occasions-là, nous manquons d’agressivité parce que nous sommes habitués à entendre un coup de sifflet dès que nous mettons le pied. Et parfois, nous nous faisons manger par l’adversaire à cause de cette peur d’y aller avec toute notre énergie « .

9. Les grands clubs sont-ils protégés ?

Zetterberg :  » Ce débat est vieux comme le foot. Je fais partie de ceux qui estiment que tout s’équilibre sur l’ensemble d’une saison. On dit qu’Anderlecht est avantagé ? Je rappelle notre but valable au Germinal Beerschot, annulé pour un hors-jeu qui n’existait pas. Et un autre but tout à fait valable à Beveren, lui aussi annulé « .

Jacobs :  » Tout part d’un conditionnement psychologique. Les petits se sentent toujours plus petits, et les grands estiment que tout est normal s’ils reçoivent un cadeau de l’arbitre « .

Ancion :  » Non. Ils sont plus médiatisés, c’est différent. On analyse beaucoup plus une décision arbitrale importante dans un match d’Anderlecht que dans un Westerlo û Heusden-Zolder « .

Preud’homme :  » Euh… Si le Standard peut être considéré comme un grand club, il n’est sûrement pas avantagé ! Mais ce n’est pas ce que nous demandons. Nous voulons seulement être traités de la façon la plus honnête possible « .

Clement :  » Je ne pense pas. Si les arbitres sifflent beaucoup plus souvent en faveur des meilleures équipes du championnat, c’est tout simplement parce qu’elles ont plus régulièrement le ballon et entreprennent plus d’actions « .

10. Doit-on utiliser les images pour sanctionner après-coup ?

Zetterberg :  » Oui. Comme en Angleterre. Le joueur qui donne un coup de coude le fait généralement dans le dos de l’arbitre. Cela n’a plus rien à voir avec le foot. Il faut absolument avoir recours à la vidéo pour punir ces tricheurs « .

Jacobs :  » Oui. Si les joueurs savent que les images peuvent les punir, ils vont se calmer. Ils ne profiteront plus du fait qu’ils sont dans le dos de l’arbitre pour faire leurs sales coups « .

Ancion :  » Certainement. Il faut purifier le football « .

Preud’homme :  » On en a parlé à la Ligue Pro. Mon point de vue est clair : on doit punir sur la base des images à partir du moment où tous les clubs sont filmés de la même manière. C’est-à-dire avec le même nombre de caméras placées aux mêmes endroits. Il faut une uniformité, traiter de la même façon ceux qui passent continuellement à la télévision et ceux qu’on ne voit que de temps en temps « .

Clement :  » Oui, à condition de loger tout le monde à la même enseigne. Il ne faut pas commencer à visionner à la loupe les matches retransmis sur Canal+ en oubliant ceux qui n’étaient suivis que par une ou deux caméras, sous prétexte qu’on ne peut quand même pas tout voir dans ces rencontres-là « .

Pierre Danvoye

 » Devenir ARBITRE, aujourd’hui, c’est prendre un billet pour le CASSE-PIPES  » (Preud’homme)

 » Un arbitre PROFESSIONNEL verrait-il MIEUX un hors-jeu ? ARRêTONS DE RIRE  » (Zetterberg)

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