Coups de barre

Le Club souffre de son objectif: le titre, c’est quand même viser très haut.

« Nous allons essayer de gagner tous les matches mais ce sera difficile », dit Gert Verheyen. « Très difficile. Non, nous ne produirons pas du beau football ». Ils se battront. Une recette qui réussit généralement au Club.

Après la défaite face à La Gantoise, l’entraîneur a eu des conversations avec plusieurs joueurs. Vous aussi?

Gert Verheyen: Oui mais ce qu’il m’a demandé ne vous regarde pas! (il rit).

Selon vous, qu’est-ce qui doit changer?

Faut-il changer quelque chose? Remettre la stratégie et les méthodes de travail en question à chaque défaite n’est pas sain. Nous sommes irréguliers, cette saison, mais pourquoi?

Après la défaite contre Lokeren, on expliquait, dans le vestiaire, avoir joué trop offensivement, sans discipline. Par contre, on a imputé le revers contre Gand à un abus de longs ballons.

Nous en sommes au point où chaque unité perdue semble être une catastrophe. Or, il devient impossible de travailler s’il faut jouer sous cette pression, en sachant que chaque point perdu remette toute la situation en cause.

N’aimeriez-vous pas que le Club évolue plus défensivement?

Questionnez les autres. Vous obtiendrez entre 10 et 15 réponses différentes. Que faire, dans ce cas? Tenter d’exécuter de notre mieux les consignes de l’entraîneur. D’ailleurs, s’il faut changer certaines choses, c’est le problème de l’entraîneur, pas des joueurs.

Que peut faire un capitaine dans les moments critiques?

Il ne faut pas surestimer mon rôle ni ce qu’on peut faire une fois le ballon mis en jeu. Chacun doit assumer ses responsabilités. Le groupe est suffisamment mûr mais le contexte ne nous facilite pas la vie: nous n’avons pas le droit de perdre des points. La seule façon de bien faire était de gagner les dix derniers matches. Cette saison, notre seul objectif était la première place.

Que peut faire un capitaine en semaine?

Je ne suis pas agent de police et je n’essaie pas de contenter 29 gars non plus. Qu’y puis-je s’il y a 15 mécontents parce qu’ils ne jouent jamais? Je peux aller trouver ces garçons, leur sortir tout mon registre de mots de consolation mais qu’est-ce que ça leur rapporte? Tout ce qu’ils veulent, c’est jouer.

« Je suis moi »

Quel genre de capitaine êtes-vous?

Je ne suis pas un capitaine, je suis moi-même. Je n’ai pas changé parce que je porte le brassard. Je ne vais pas jouer les chefs.

Avez-vous le sentiment d’être considéré comme un leader?

C’est difficile à dire. J’espère qu’on me considère comme l’un d’eux, faute de quoi il se créerait une certaine distance, ce que je ne veux pas.

Quelle relation entretenez-vous avec Trond Sollied?

La même que tous mes coéquipiers. Ce n’est pas un entraîneur qui discute davantage avec le capitaine.

Vous estimez-vous suffisamment respecté par l’entraîneur, compte tenu de votre statut?

Pour lui, le football n’a rien à voir avec le passé mais avec votre dernière performance. Et il se comporte ainsi avec les joueurs.

Contrairement à son prédécesseur et actuel adjoint, René Verheyen, il ne construit pas son équipe autour de Gert Verheyen et de Philippe Clement.

Non. Or, un entraîneur qui le fait vous insuffle tellement de confiance qu’en général, vous jouez très bien. C’est partiellement à cause de ça que je joue mieux en équipe nationale qu’à Bruges, pour le moment.

Alors que Sollied vous remplace souvent, Robert Waseige a déclaré, au terme de Grèce-Belgique: « Gert est un des mes leaders et quand je le retire, je sens la différence au sein de l’équipe ».

Il travaille de manière différente mais de là à dire que mon remplacement a permis aux Grecs de gagner… Ça peut être l’effet du hasard. On peut en discuter longtemps! (il rit).

Le sélectionneur prétend que ce n’est pas un hasard.

Recevoir de telles responsabilités n’est pas facile non plus. Il faut pouvoir gérer le surcroît de pression qui les accompagne. Il faut aussi prester, évidemment, car Waseige a déjà dit que je ne pouvais pas me permettre deux mauvais matches de suite. En équipe nationale aussi, c’est votre dernière prestation qui détermine votre sélection suivante.

« Je préfère devant »

Après Grèce-Belgique, vous avez déclaré qu’enfin, vous aviez joué avec plaisir. Ce n’est donc pas le cas à Bruges?

C’est surtout dû à ma position. J’ai besoin de beaucoup de place. J’aime courir et obtenir beaucoup de ballons. Selon moi, c’est impossible sur l’aile droite. Mes espaces sont limités, je reçois rarement le ballon, je dois vivre de quelques actions seulement par match, ce qui ne correspond pas à mon style. Je suis donc dans l’impossibilité de faire ce qui me plaît vraiment.

C’est possible si on joue avec deux attaquants. Le plaisir que vous avez peut avoir une influence positive ou négative sur vos prestations. Vous réalisez mieux et plus facilement ce que vous aimez. Je n’irai pas jusqu’à dire que j’évolue contre mon gré sur l’aile mais ça m’est plus difficile. J’estime être un centre-avant qui s’exprime mieux dans un duo offensif ou alors, un médian droit au sein d’un 4-4-2. En fait, je n’ai rien d’un ailier droit. Je n’ai aucune des qualités spécifiques requises à ce poste. Quand vous n’y croyez pas vous-même, il est difficile de remplir votre mission.

En tant que capitaine, n’allez-vous pas plaider en faveur du 4-4-2 auprès de l’entraîneur?

Non. Je ne pense pas que ce soit nécessaire car on en revient toujours au même point: il n’y a pas d’unanimité sur le style de jeu au sein du groupe. Cette saison, Timmy Simons et Gaëtan Englebert sont nos atouts. Jusqu’à présent, ils ont signé une saison fantastique. Je peux donc m’imaginer que Timmy et Gaëtan préfèrent le 4-3-3 au 4-4-2.

Vous ne seriez pas opposé à un changement d’entraîneur?

Attention: je ne suis pas contre l’entraîneur. Ce n’est pas parce que nous n’avons pas la même opinion quant à ma position que je suis contre lui. Si ça m’avait vraiment énervé, j’aurais déjà essayé de changer cet état de choses. Il suffit d’aller trouver la direction et de dire que je veux partir.

Ou qu’il doit partir. Vous n’avez pas encore plaidé en faveur de son départ?

Non. Les gens qui travaillent ensemble seront toujours en proie à des divergences de vues mais au fond, nous poursuivons tous deux le même objectif.

« Ce sont les problèmes de Sollied »

Le titre. Mais la question, c’est « Comment? »

Qui peut dire ce qui est le mieux? Le problème, en football, c’est justement que vous n’êtes pas maître du résultat et que vous ne pouvez dire pourquoi ça va bien ou mal, du moins à court terme. Chaque méthode de travail, chaque système de jeu aboutit à de bons et de mauvais matches. Il en sera toujours ainsi. N’est-ce pas pour cela qu’il y a tellement de systèmes de jeu différents dans le monde? S’il n’y avait plus de discussions à ce propos, tout le monde jouerait de la même manière et le football serait très ennuyeux.

Il est normal de ne pas être sur la même longueur d’ondes. Faites une revue de presse le lendemain d’un match: cotes et jugements varient d’un journal à l’autre. L’un trouve que tel joueur a été le meilleur alors qu’un autre journal estime qu’il a été le plus mauvais. A quoi est-ce dû? A la manière dont on appréhende un match. Ça commence par des préjugés à l’égard des joueurs et des gens, ce qui est humain. Pour balayer ces préjugés, il faut être très fort ou, dans l’autre sens, très mauvais. C’est quelque chose qui se passe entre journalistes, entraîneurs et joueurs.

Ce que la presse écrit à votre sujet ne va quand même pas entamer votre sérénité?

Nul n’est immunisé contre les critiques. Je ne crois pas ceux qui affirment que ça ne leur fait rien. Je les supporte quand je n’ai pas bien joué mais il arrive souvent qu’on soit critiqué alors qu’on s’estimait bon. Cette situation-là est plus difficile à vivre.

Souffrez-vous encore des abdominaux?

Les derniers problèmes remontent au stage hivernal. J’évite les exercices de musculation spécifiques aux abdominaux et je fais beaucoup de stretching.

Est-il possible que vous jouiez différemment? De manière plus calme, plus économe?

Je suis plus calme ballon au pied et aussi plus propre. Je cours peut-être de manière plus intelligente. Toutefois, je pense que c’est plutôt dû à ma position: en équipe nationale, quand j’évolue en pointe, je cours de gauche à droite et je me bats contre la défense.

Imaginez que vous disputiez un brillant tournoi. Pourriez-vous en profiter pour vous risquer à l’étranger?

Seulement si le club dit: -Gert, nous avons besoin d’argent et nous voudrions te vendre afin de réaliser un bénéfice. J’ai pris une décision que je ne regrette pas un instant depuis l’année dernière. Ce n’est pas parce que tout ne marche pas comme je le veux que je changerai d’avis. D’ailleurs, quand on signe pour cinq ans, on sait qu’on ne vivra pas cinq saisons idylliques.

Ne surestime-t-on pas les joueurs du Club?

Si on se base sur la qualité intrinsèque des noyaux, ceux qui affirment que Bruges doit être champion doivent le dire d’Anderlecht et du Standard aussi.

Le Club affronte une muraille chaque semaine ou presque. Comment peut-il se créer des ouvertures, s’il n’a pas d’ailiers ni de meneur de jeu typique?

Avec deux bons centre-avants qui ne rechignent pas à courir. Qu’est-ce qui fait la force de Genk?

Christian Vandenabeele, , ,

Pourquoi est-il meilleur avec les Diables qu’à Bruges?

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