Couleurs locales

Après la dernière saison pourrie en D1, Mons a procédé au grand nettoyage pour aborder cette nouvelle campagne dans l’antichambre de l’élite. Principale consigne : redonner une coloration régionale à son noyau.

La malédiction de la troisième saison en D1 a une nouvelle fois frappé les Montois l’an dernier. Relégué à l’issue d’une saison calamiteuse qui ne l’aura pas vu décoller de la lanterne rouge, l’Albert a décidé de complètement changer de cap et de redémarrer d’une page blanche en D2.

Les décisions n’ont pas tardé à tomber une fois les play-offs 3 contre Louvain perdus : hormis Tim Matthys (finalement parti à Malines) et les jeunes Adrien Saussez, Brice Ntambwe et Dylan De Belder, l’ensemble du noyau montois était invité à se chercher un nouveau club par le président Domenico Leone.

Et l’opération table rase s’est également poursuivie au niveau de la direction : le conseiller sportif Dimitri Mbuyu et le directeur général Alain Lommers ont été démis de leurs fonctions. Pour les remplacer, Leone a fait appel à Pierre François, qui reprend le poste de manager général de Lommers, et à son fils, Romain Leone, qui a pris du galon dans l’organigramme et est désormais vice-président exécutif et correspondant qualifié du club.

Exit également Cedomir Janevski qui a raté sa mission sauvetage et dont le contrat de coach n’a logiquement pas été renouvelé.

Un staff qui connaît la maison

L’élaboration d’un nouveau staff était donc la priorité pour Mons qui, après avoir discuté avec plusieurs coaches parmi lesquels Arnauld Mercier (ex-RBDB, actuellement à Seraing United) ou Drazen Brncic (ex-Verviers, récemment nommé à l’Union), a finalement jeté son dévolu sur Didier Beugnies.

Auteur d’une excellente saison à la tête du RWDM Brussels, qu’il est parvenu à hisser à la huitième place malgré un noyau inexpérimenté, il a l’avantage de bien connaître la maison :  » J’ai été formé à l’Albert et j’y ai passé une quinzaine d’années avant de partir à Charleroi « , rappelle Beugnies.  » Je pense que c’est un argument qui a fait pencher la balance en ma faveur « .

Pourtant, l’ancien buteur des zèbres était courtisé et, à l’annonce de sa signature, le noyau était loin d’être formé.  » C’est vrai que j’aurais pu signer ailleurs « , reconnaît le coach hennuyer.  » Je n’avais jamais été aussi demandé que durant cette entre-saison mais quand Mons m’a proposé le poste, je ne pouvais pas refuser.

C’est l’un des deux clubs de mon coeur avec le Sporting Charleroi et même s’il n’y avait pas encore véritablement d’équipe, il y avait un projet : redonner aux supporters l’envie de venir au stade en leur proposant du spectacle et en misant sur des joueurs de la région et du centre de formation « .

Pour le seconder dans sa tâche, l’Albert a nommé un autre ancien du Tondreau : Laurent Demol. Coach des espoirs depuis 2012, le Jurbisien conservera ce poste en plus d’occuper la fonction de T2. Une double casquette qui compte de nombreux avantages : il connaît très bien les jeunes que le staff a décidé d’incorporer au noyau A et il pourra veiller à ce que l’implication des joueurs de l’équipe première non repris pour le match du week-end et envoyés en Réserves soit optimale.

Un retour à l’esprit montois qui se traduit également dans le recrutement des Hennuyers. Fini les cohortes de Français, de Flamands ou de mercenaires venus des quatre coins du monde. Désormais, on transfère local à l’avenue du tir.

Des Dragons zébrés

Le premier arrivé et symbole de cette nouvelle politique est loin d’être un inconnu. Loris Brogno, le fils du Carolo Dante, a rejoint les rangs montois en provenance de Lommel United où il a été prêté la saison dernière par Louvain. Formé à Marcinelle puis chez les Zèbres du temps de la splendeur de son père, Brogno est un milieu offensif, habile sur phases arrêtées, capable également d’évoluer sur les flancs. Avec un nom pareil, difficile de s’imposer au Mambourg. Loris a donc décidé de rejoindre l’OHL où il a disputé une dizaine de rencontres de D1 sans jamais parvenir à glaner ses galons de titulaire mais il sort d’une excellente saison à Lommel.

Parti pour la première fois du giron familial, il s’est imposé comme un titulaire indiscutable dans le Limbourg et ses stats (8 buts et 12 assists) parlent pour lui. Lié au club pour trois ans, il sera chargé d’animer le secteur offensif montois et veut prouver aux yeux de tous qu’il a le niveau pour la première division. Atout non négligeable, il s’entend à merveille avec Didier Beugnies qui était en charge de l’école des jeunes carolos lors de sa formation.

Deuxième transfert entrant, Mehdi Khchab, ne faillit pas à la nouvelle politique montoise : jeune (22 ans), il est également un produit du Sporting Charleroi où il a notamment côtoyé Brogno, son nouveau coéquipier. Capable d’occuper toutes les positions sur le flanc droit, il a disputé deux rencontres au sein de l’élite pour le compte de Charleroi, l’année de la descente. Prêté ensuite à Virton, il y a joué sous les ordres de Frank Defays et a été l’un des piliers de la montée du club gaumais en D2.

 » C’est un joueur que je connais bien « , explique Beugnies.  » Il est puissant et dispose d’une excellente qualité de centre. Il a passé un test concluant au RWDM Brussels la saison dernière. J’espérais que le club lui offre un contrat mais les problèmes de licence l’ont empêché « . Recasé à Charleroi-Fleurus (Promotion D) pour garder le rythme, il a paraphé un contrat de deux ans en faveur de l’Albert.

Toujours issu de la filière carolo, Mahamadou Kéré a également rejoint le Tondreau. S’il n’est pas à proprement parler un Hennuyer pur souche, le Burkinabé connaît bien la région puisqu’il a fait les beaux jours du Sporting Charleroi, encore une fois, durant plus de 10 ans. A 32 ans, l’ancien capitaine des Etalons, sera chargé d’apporter de l’expérience au sein de cette jeune équipe. Avec plus de 250 matches de D1 à son compteur, il en regorge.

A keeper gagne

Parti en Turquie en 2010, il a passé deux saisons à Konyaspor avant de rejoindre pour un an Samsunspor. De retour en Belgique l’an dernier, il faisait figure d’incontournable dans la jeune équipe du RWDM Brussels coachée par Beugnies qu’il connaît depuis son arrivée en Belgique dans le centre de formation carolo. Professionnel exemplaire, il a déjà porté le brassard de capitaine lors de la préparation et doit diriger le secteur défensif.

Ancien coéquipier de Kéré, le gardien Damien Lahaye s’est lié à l’Albert pour une saison + une autre en option. Le Chimacien est un habitué de la D2 puisqu’il y a joué durant plusieurs saisons pour le compte de l’Union Namur, Tubize ou encore dernièrement du White Star. A 30 ans, il a déjà un long parcours derrière lui mais n’est malheureusement jamais parvenu à s’imposer en D1. Barré par le talentueux Bertrand Laquait à Charleroi, il ne s’est pas imposé non plus lors de son passage à Courtrai où Glenn Verbauwhede avait la préférence du coach.

Il a connu Reda Acimi, le nouvel entraîneur des gardiens qui succède à Francky Vandendriessche, l’année dernière, au White Star. Sa saison n’a toutefois pas été une réussite puisqu’il s’est sérieusement blessé aux adducteurs en octobre. Une fois remis sur pied, il a encore disputé quelques rencontres avant que sa mésentente avec John Bico, l’entraîneur des Etoilés, ne le pousse hors de l’équipe. Il débarque donc avec la ferme intention de retrouver les cages mais ce ne sera pas chose aisée.

En effet, le groupe compte parmi les rescapés de l’an dernier, le jeune portier Adrien Saussez (22 ans). Formé au RBDB puis à Mons, il fait partie du noyau A depuis 2010 et a successivement été la doublure de Tristan Peersman, Cédric Berthelin et Olivier Werner.

Entré au jeu début novembre contre Ostende la saison dernière après une blessure de Werner, il n’a plus jamais rendu sa place au Liégeois, qui a rejoint le Cercle Bruges. Convainquant malgré la déroute montoise, il ne compte qu’une petite vingtaine de matches professionnels à son actif mais sa jeunesse et ses prestations de l’an dernier parlent pour lui.

 » Je n’ai pas établi de hiérarchie dans mes gardiens « , souligne Beugnies.  » Personne n’est titulaire certain, je n’aime de toute façon pas ce mot. Celui qui aura montré les meilleures choses durant la préparation jouera lors du match d’ouverture contre Eupen « .

L’école montoise à l’honneur

Pour compléter ce duo de qualité, le staff montois a été pêcher parmi ses jeunes. International espoirs congolais, Bryan Londot est actif chez les jeunes de Mons depuis deux saisons et il se tiendra prêt en cas de pépins chez ses deux aînés.

Il n’est d’ailleurs pas le seul à effectuer le bond dans le noyau A depuis les espoirs. Meilleur buteur du club (19 goals) à ce niveau la saison dernière, Sandro Tardio a convaincu Laurent Demol de l’emmener avec lui en Première. Pur numéro 9, il a également connu Beugnies à Charleroi et il dispose d’un gabarit (1m86-80 kg) et d’une présence dans les duels intéressants. Originaire de Châtelineau, il évoluait encore chez les Espoirs d’Heppignies (D3) il y a huit mois mais il a les dents longues et progresse à pas de géant.

Il sera accompagné chez les pros par Dieudonné Lwangi qui est arrivé de Seneffe il y a trois ans. Petit gabarit, ce joueur de flanc brille par sa vitesse et son explosivité et il a déjà séduit les plus fidèles supporters lors de la rencontre amicale contre Anderlecht.

Autre produit de l’école des jeunes montoise, Megan Laurent (22 ans) a quitté le Tondreau direction la Flandre il y a deux ans. Auteur de deux saisons pleines en D3 avec notamment 10 buts et 6 assists, il fait son come-back à l’Albert où il a paraphé un bail de deux ans. Originaire de Bernissart et également passé chez les Francs Borains et à Charleroi, ce petit milieu de terrain vif et dribbleur tentera de se faire une place sur le terrain en tant que numéro 10 ou sur les flancs.

Enfin, dernier joueur régional, Georgios Kanminiaris vient de La Louvière. Back gauche de 25 ans, il a évolué au RBDB puis à Ostende où il faisait partie intégrante de l’équipe promue à l’issue de la saison 2012-2013. Toujours à la côte l’an dernier, le Belgo-Grec n’a reçu en tout et pour tout que trois minutes de jeu en D1 de la part de Frédéric Vanderbiest. Revanchard, il devra faire oublier Pieter-Jan Monteyne, parti à Mouscron-Péruwelz.

Comme on peut le constater, Mons a remis les compteurs à zéro et l’équipe est très jeune. Un défi qui ne fait pas peur à Beugnies qui a déjà connu ça au RWDM :  » L’accent est mis sur les joueurs de la région mais il serait tout de même utopique de penser qu’on peut faire toute une saison avec 24 joueurs du coin. Si la plupart des nouveaux manquent encore d’expérience, mon noyau en a tout de même grâce aux anciens de D1 « .

Partis pour rester ?

En effet, malgré l’annonce de fin de saison dernière, une partie de l’équipe reléguée est toujours bel et bien présente au Tondreau, faute d’avoir trouvé où se recaser. Des joueurs comme Jérémy Sapina, Grégory Lorenzi, Daan Van Gijseghem, Flavien Le Postollec ou Vusumuzi Nyoni sont encore sous contrat et font, à l’heure actuelle, partie intégrante de l’équipe.

 » On leur a demandé de partir mais en ce qui me concerne, s’ils adhèrent au projet et qu’ils mouillent le maillot pour le blason, ils peuvent rester « , précise Beugnies.  » Ce serait même un plus. Ils peuvent encadrer les jeunes, apporter leur métier à ce groupe qui, lui, peut de son côté leur insuffler la fougue de la jeunesse. De toute façon, c’est la direction qui aura le dernier mot « .

Une direction qui jusqu’à présent se refuse à évoquer un quelconque objectif sportif. Et le nouveau coach ne s’y risque pas non plus :  » L’an passé, l’Antwerp était un gros candidat à la montée et il n’y est pas arrivé. Moi, on me donnait descendant avec le RWDM et finalement on a terminé juste derrière les Anversois ! C’est difficile d’exprimer un objectif pour le moment. Le mercato est encore long et je ne connais pas encore le niveau des autres équipes. Il faudra attendre encore un peu pour déterminer si on vise le top 5, une place en milieu de tableau ou simplement… le maintien « .

PAR JULES MONNIER – IMAGES BELGAIMAGE

 » Il faudra attendre encore un peu pour déterminer si on vise le top 5, une place en milieu de tableau ou simplement le maintien.  » Didier Beugnies

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