COUDÉES FRANCHES

Après six mois noirs, l’attaquant du Sporting a retrouvé les terrains et le chemin des filets.

Le bombardier du Pays Noir est enfin de retour. Rebaptisé Akgoal par LaGazette des Sports et acclamé par les supporters après sa rentrée face à Genk, le Belgo-Turc Izzet Akgül est revenu par la grande porte, après six mois de galère, de doutes et d’attente. Auteur du premier but carolo contre Genk, à la pointe d’une attaque remaniée par Jacky Mathijssen, Akgül n’a pas manqué ses retrouvailles avec le terrain. Au point que, ce dont toute une région rêvait – une paire d’attaque composée d’Akgül et de François Sterchele – est devenu réalité. Mathijssen possède là de la dynamite et il compte bien s’en servir. Quant à Akgül, il peut enfin entamer sa saison de confirmation.

Comment avez-vous vécu votre retour ?

Izzet Akgül : J’ai savouré. Je ne m’attendais pas à ce que l’entraîneur me fasse immédiatement confiance et me place dans le 11 de base pour le premier match de l’année. Et puis, j’ai pu retrouver mes sensations de buteur – NDLA :il n’avait plus marqué depuis la victoire sur le Cercle la saison passée.

Avez-vous douté de vous ces derniers mois ?

Ces séries de blessures m’ont démoralisé. Je ne le montrais à personne sauf à ma famille et à Frank Defays. Au stade, j’avais toujours le sourire mais c’était un sourire de façade. On ne peut pas s’empêcher d’avoir plein de choses en tête. Je me demandais si j’allais voir le bout du tunnel, si j’allais retrouver mes sensations et si j’allais être dans le rythme. Pratiquement tout le monde marche à la confiance. Je pensais que je ne pourrais plus rien faire avec mon coude. Or, comme je joue beaucoup avec mes bras… Maintenant, il y a toujours cette appréhension de retomber sur le coude même si les médecins m’ont assuré que plus rien ne peut m’arriver au niveau osseux.

Cette blessure au coude vous est arrivée au moment où vous étiez en plein boum. Vous aviez trouvé votre place dans le groupe. Comment vit-on à l’écart pendant six mois ?

Cela fait mal d’autant plus qu’en football, c’est chacun pour soi. Quand j’ai débuté à Charleroi, c’était un honneur pour moi. Je me sentais reconnaissant vis-à-vis de ma famille, de mon entraîneur, de tous ceux qui m’avaient fait confiance. Puis est arrivée cette blessure. A ce moment-là, on se rend compte qu’on est vite rejeté dans les oubliettes. Il n’y a qu’une chose à faire : mordre sur sa chique et revenir étape par étape.

Et le groupe ne vous a pas soutenu ?

Si. Certains plus que d’autres. Même s’il y a toujours des jalousies, j’ai l’impression qu’on entend davantage d’encouragements dans notre vestiaire. J’ai également reçu deux coups de fil du président qui me demandait comment cela se faisait que je n’étais toujours pas rétabli alors qu’au départ, je ne devais rester sur le flanc que deux mois.

Complémentaire avec Sterchele

Et justement, pourquoi êtes-vous resté écarté des terrains six mois ?

C’est la faute à la malchance. (Il réfléchit). Peut-être que j’ai voulu revenir trop vite également. Je me suis entraîné alors que j’avais encore mes points de suture. J’ai repris quand j’avais encore mon plâtre. Cela ne m’a pas aidé à cicatriser convenablement.

Vous avez l’impression de devoir reprendre votre écolage depuis le début ?

Pour moi, personnellement, c’est comme si je devais recommencer à zéro même si je vois que l’entraîneur m’a tout de suite fait confiance.

Votre absence a été mise à profit par François Sterchele pour s’imposer. Avez-vous craint pour votre place ?

Je n’ai jamais été jaloux de ce qui arrive à François. Au contraire. Je suis content pour lui. On se parle beaucoup et je lui ai toujours dit que j’avais envie de jouer à ses côtés.

C’est une formule d’usage…

Non, c’est vrai. Je savais que cela allait être difficile de revenir dans le 11 mais je n’ai jamais vraiment craint pour ma place. Pour moi, il ne faisait pas de doute que François et moi étions complémentaires.

C’est vrai que contre Genk, c’était comme si vous aviez toujours débuté ensemble…

Dès le premier match amical d’avant-saison, j’avais vu qu’on était complémentaires. C’est difficile à expliquer mais rien qu’avec le regard, on se comprenait. Aux entraînements, je sais quand il va croiser et quand je dois partir. Nous sommes tous les deux des attaquants de pointe mais on évolue dans deux registres différents. Mois je suis plus pesant sur la défense et je frappe instinctivement, que je sois dans le grand rectangle ou en dehors. Lui, c’est quelqu’un qui peut se faufiler. C’est un vrai renard de surface.

Le replacer sur les flancs avec Toni Brogno donne un visage beaucoup plus offensif à Charleroi ?

Oui, c’est vrai. D’autant plus que Majid Oulmers ou Nasredine Kraouche permutent à tour de rôle. On est constamment à quatre dans la zone offensive.

 » La Coupe est un objectif majeur  »

Cela doit vous changer par rapport à la saison passée où vous étiez plus esseulé en pointe ?

Pas vraiment. Pour moi, tous les matches sont pareils quelle que soit ma position. On ne me demande pas des choses différentes. Simplement, François Sterchele est un centre-avant et donc, d’office, il joue plus proche de moi que d’autres. On ne se marche pas sur les pieds. Chacun s’adapte. Cependant, ce nouveau schéma plus offensif ne me donne pas tellement plus de liberté que la saison passée. Maintenant, les entraîneurs adverses savent que je pèse sur les défenses et on met souvent deux arrières sur moi. Ce sont donc surtout mes deux partenaires d’attaque qui en profitent. Moi, je dois attirer mes deux défenseurs et créer des espaces dans lesquels doivent s’engouffrer les autres.

Comment se fait-il que Charleroi soit passé d’un système plus prudent à un schéma plus offensif ?

Je ne sais pas. C’est l’entraîneur qui prend de telles décisions. Durant les entraînements, on utilise plusieurs systèmes, et quand Jacky Mathijssen choisit d’opter pour telle ou telle option de jeu, on sait que l’on va défendre ou attaquer. Contre Genk, on m’avait demandé de presser les deux défenseurs centraux pour qu’ils dégagent de longs ballons. Cependant, on ne sait pas toujours répondre aux demandes du coach. On ne sait pas toujours jouer à 100 %. Contre Genk, on a fléchi pendant 20 minutes. A Saint-Trond, on a dû tenir compte du terrain gelé.

Parlons-en de la Coupe. Est-ce le seul objectif des Zèbres pour la suite de la saison ?

C’est un objectif majeur. On sait que si on passe ce tour-ci, il suffit de se donner à fond deux rencontres et on se retrouve en finale. Il ne faut cependant pas oublier notre élimination face au Lierse la saison dernière – NDLA : victoire 3-1 à Charleroi, défaite 2-0 au Lierse. Elle doit nous servir de motivation mais aussi de leçon. A Saint-Trond, on a réussi à ne pas encaisser de buts. De la sorte, on a parcouru la moitié du chemin. On doit également toujours se concentrer sur le championnat. Il faut faire attention à ce qui se passe derrière nous car nos concurrents ne sont pas loin.

Plus de bise à Siquet

Est-ce que le groupe a craint de devoir lutter de nouveau pour la descente ?

On a eu peur de retrouver nos vieux démons. Cela a trotté dans la tête. La victoire au Germinal Beerschot a constitué un tournant. Grâce à ces trois points, on peut aborder les rencontres plus tranquillement. Cependant, si jamais on avait dû se battre pour rester en D1, je crois que le groupe aurait eu les ressources nécessaires pour s’en sortir. Cette équipe a du caractère. On était mûr pour aller au combat. Même les jeunes !

Ce groupe a d’ailleurs rajeuni puisque Thierry Siquet a intégré le staff…

Tous les jeunes avaient beaucoup de respect pour lui, d’autant plus que c’est quelqu’un d’attachant, qui n’hésitait pas à donner des conseils. Du jour au lendemain, le voir rejoindre le vestiaire du staff, cela nous a fait bizarre. On n’hésite pas à le chambrer sur le sujet. Il faudra apprendre à ne plus lui faire la bise (il rit). Il ne faut pas minimiser l’apport des anciens. Pour moi, Frank Defays est un modèle de maturité et de professionnalisme. A 32 ans, il court encore plus que nous. Alors, on se dit – Si lui le fait, on ne peut pas baisser les bras. Ce sont des gars comme lui, Thierry, Toni Brogno ou Bertrand Laquait qui tirent le groupe.

Sans oublier l’apport récent de Sergiy Serebrennikov…

Il est très serein. A ses premiers entraînements, on s’est tous regardé en pensant – Qu’est-ce qu’il est fort. Et dire qu’il n’était que réserviste à Bruges…

Jacky Mathijssen a dit la même chose en affirmant qu’on voyait la différence entre un réserviste à Bruges et un titulaire à Charleroi…

Tout cela, c’est pour nous pousser. Et puis, cela montre également que l’on a toujours du chemin à parcourir.

STÉPHANE VANDE VELDE

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