Cot, cot, cot, quotas !

Friande de débats d’idées, la France caquète depuis que le site Mediapart a pondu du foot : cela rappelle l’empressement des mêmes censeurs, hier, à stigmatiser déjà notre petit monde suite à cette bête main de Titi Henry ! Quota : mesure de protection mathématique prise par un pouvoir, lorsqu’il croit que le but qu’il poursuit est menacé. Exemple : les 50 % de candidatures féminines imposés depuis 1999 sur nos listes électorales. Ayant estimé que le machisme ambiant contrecarrait la participation des femmes à la vie démocratique, nos législateurs ont voté une loi basée sur l’inné et pas sur l’acquis, sur une différence de nature (ici le sexe plutôt que l’ethnie) et pas de culture ou de compétence. Les opposants à pareille mesure parlent de discrimination et de xénophobie (craindre l’étranger étant ici craindre le mâle). Les partisans y voient au contraire une transition nécessaire et une discrimination positive… comme Laurent Blanc dans le cas qui nous occupe !

A un Laurent Blanc chargé d’obtenir des résultats avec l’équipe nationale A, sa fédé fournit des outils. Tels ces centres de formation où, dès 12 ans, sont convoqués les meilleurs petits Français pour évoluer en équipes nationales de jeunes. Sauf que ces mono-français selon la loi civile peuvent s’avérer binationaux aux yeux de la seule FIFA : laquelle leur permet d’opter plus tard pour la sélection A du pays d’origine (le leur ou celui des parents). Dès 2003, la FIFA a construit pareille stratégie pour renforcer les pays africains, et par ce biais l’attrait de son Mondial quadriennal. L’effet pervers étant que les fédérations ainsi concernées sont incitées au racolage, se mettant à transférer comme les clubs !

C’est un autre mercato et pas qu’africain : Ludovic Obraniak, français et lillois, s’est laissé séduire par la fédé polonaise ; et la FFF elle-même, voici quelques années, envisagea de débaucher Gonzalo Higuain né en France !

Conséquence pour Blanc en France/terre d’accueil : plus de la moitié des p’tits gars formés en sélections d’âge sont susceptibles de vouloir jouer pour un autre pays quand ils seront grands. Et même si les plus fortiches de ceux-là risquent de choisir alors la grande et glorieuse équipe de France, les autres plus nombreux auront été formés par le système français pour renforcer ensuite un concurrent potentiel : pour quatre internationaux A français récemment passés par ces centres, ils furent une vingtaine d’internationaux A étrangers !

Blanc trouve ça bizarre, et pense qu’avec moins de binationaux au départ, les chances augmenteraient qu’éclosent des internationaux A pour la France. Il n’a pas tort et ça n’en fait pas un raciste, n’en déplaise à Lilian Thuram prompt à se scandaliser. Et si un quota est envisagé, ce n’est pas tant pour réduire à 30 % les binationaux que pour pouvoir travailler avec quand même 70 % de sélectionnables A garantis. On rejoint la notion de discrimination positive en relation au but poursuivi, fût-il empreint de nationalisme : à savoir continuer d’organiser, parallèlement aux compétitions entre clubs désormais multiethniques, des compétitions entre nations… où la victoire reste importante !

A tort, Blanc s’est fait traiter de beauf raciste par les flics du Nouvel Obs et assimilés, qui ont préféré voir une discrimination ethnique dans ce qui n’était qu’un projet de jeu, explicité en aval de la problématique réelle des binationaux. Blanc estime que pour jouer mieux et gagner plus souvent, la France doit désormais imiter l’Espagne : en formant davantage de joueurs petits, vifs, habiles… alors que, selon lui, les jeunes Noirs des sélections deviennent surtout grands et forts ! En soi, le raisonnement n’est que technique, et Blanc y a droit : en NBA, personne ne parle de racisme anti-Blancs parce que les basketteurs noirs sont majoritaires, ils ne le sont que parce qu’ils sont plus grands et sautent plus haut !

Reste que… le raisonnement peut paraître foireux ! Car les Espagnols ne sont pas tous nains, le Barça de 2011 n’est pas la panacée pour jouer mieux éternellement, nombre de Blacks sont petits, vifs et techniques ! Car le foot aura toujours besoin de vitesse et de grands gabarits… et les grands Blancs courent moins vite ! Non Lolo, question cocorico, les grands Blacks français ne sont pas obsolètes !

PAR BERNARD JEUNEJEAN

Blanc s’est fait traiter, à tort, de beauf raciste par les flics du Nouvel Obs.

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