Contrôle MONDIAL

Après les Roland Garros et US Open 2003 et l’Open d’Australie 2004, Justine a ajouté un quatrième titre du Grand Chelem à sa collection.

Victorieuse à Varsovie et à Berlin cette année, la future Monégasque a donc achevé la saison sur terre battue en restant invaincue sur cette surface qui l’a vue grandir et sur laquelle elle ne connaît pas de rivales. Sa victoire en finale contre Mary Pierce à Paris fut sa 24e d’affilée. Depuis son retour aux affaires au tournoi de Miami, en mars dernier, elle n’a essuyé qu’une seule défaite, contre Maria Sharapova qu’elle poussa toutefois aux trois sets.

Très vite, pourtant, on s’aperçut que le Roland Garros 2005 serait âpre. Dès le premier tour, face à la roublarde espagnole Conchita Martinez (45e mondiale), la Rochefortoise fut accrochée. Victorieuse 6-0, 4-6, 6-4, Henin resta 2 h 16 sur le court. Beaucoup pour un premier tour :  » Ce fut un match très étrange. Après avoir disputé un excellent premier set, j’ai perdu ma concentration. J’étais très nerveuse le matin du match. Roland ne sera jamais un tournoi comme un autre « .

Des tensions plus importantes que d’habitude apparurent entre la joueuse et son coach à Paris. Carlos Rodriguez avait mis un gros travail en place depuis quelques mois pour amener sa protégée plus souvent au filet. Il veut profiter de son talent à la volée et abréger son temps passé sur le terrain. Mais il a vu qu’il restait du pain sur la planche.

Les affaires furent moins compliquées au deuxième tour face à une autre Espagnole û Virginia Ruano Pascual (66e WTA) : Justine s’imposa 6-1, 6-4 mais se plaignit de douleurs dorsales qui trouvent leur source dans les ischio-jambiers :  » Voilà plusieurs semaines que j’en souffre. Cela n’affecte en rien mon niveau de jeu mais j’ai beaucoup de mal à rester assise. Je n’ai aucune inquiétude quant à la suite du tournoi mais il faudra que je prenne quelques jours de repos complet après Roland Garros « .

Le sort semblant décidément s’acharner sur Henin, son adversaire au troisième tour fut une autre… Espagnole : Anabel Medina Guarrigues, 34e WTA. Sur le court n°1 où elle avait été sacrée championne du tournoi junior huit ans plus tôt, la championne olympique rata complètement son début. Elle s’imposa malgré tout, 2 h 17 minutes après le coup d’envoi, sur le score de 4-6, 6-2, 6-3, en ayant affiché un self-control de tous les instants après que la sonnette d’alarme eût retenti. On dit souvent que pour gagner un tournoi majeur, il faut passer par le chas de l’aiguille lors d’un match pour atteindre l’état de confiance absolue ensuite…

 » J’ai lu la peur dans ses yeux…  »

Lorsque survient le choc face à la Russe Svetlana Kuznetsova, 7e mondiale et redoutable sur terre battue, le clan Henin sait à quoi s’attendre. Mais personne ne pensait qu’il durerait 3 h 15 et entrerait dans la légende de Roland. Durant ce duel remporté sur le score éloquent de 7-6 (6), 4-6, 7-5, le suspense atteignit son paroxysme. La future lauréate sauva d’abord une balle de première manche dans le tie-break. Elle écarta ensuite une balle de set à 3-5 dans le deuxième set qu’elle finit par perdre face à une joueuse russe qui jouait alors beaucoup mieux. A trois partout dans l’ultime set, Henin sembla avoir atteint son point de rupture. Son dos la fit visiblement souffrir et elle permit à Kuznetsova de s’échapper à 5-3. Deux balles de match passèrent dans un silence total. La Russe donna alors les premiers signes de faiblesse sur le plan mental. Incapable d’aller chercher la victoire, elle permit à Henin de s’accrocher fièrement :  » Je n’ai pas joué un très grand match mais j’ai su être forte mentalement. Dans le final, j’ai lu la peur dans ses yeux et ça m’a permis d’y croire encore. La vie m’a appris que rien n’est impossible « .

Qualifiée pour les quarts, Justine n’était pas au mieux physiquement mais face à Sharapova, elle oublia la fatigue et livra le match parfait : 6-4, 6-2. Une performance qu’elle réédita contre Nadia Petrova (WTA 7) en demi-finales (6-2, 6-3) :  » Cette nouvelle finale d’un Grand Chelem est celle de la renaissance « .

La finale face à Mary Pierce û pauvre Française perdue à cause du stress dans l’immensité du court central û fut une pure formalité : double 6-1 en à peine 52 minutes :  » J’ai vécu deux semaines fantastiques. J’ai apprécié chaque minute. Cette victoire est spéciale parce que je reviens de loin après tous mes problèmes. Revenir à ce niveau à Roland Garros, je ne pouvais pas rêver mieux « .

Florient Etienne

Pour gagner un tournoi majeur, il faut toujours passer par LE CHAS DE L’AIGUILLE

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire