Contre Blatter, votez Platini

Pas de football européen mercredi dernier, mais un programme sportif copieux sur Arte, d’ailleurs coutumière du fait. Chaîne intelligente, elle estime que le foot fait partie de la culture. Cette fois, il était question des scandales secouant la FIFA. On y parlait des pots de vins touchés par les bonzes de la plus importante fédération sportive au monde et payés par les chaînes de télévision pour s’assurer les droits de retransmission de la Coupe du Monde. Et également de la manière dont l’argent et le pouvoir de la FIFA étaient parfois détournés dans des petits pays pour assurer la réélection du président Sepp Blatter. Ce dernier, comme toute l’organisation, n’étaient guère convaincants dans leur manière de répondre aux accusations.

Plus le sport de haut niveau est international, plus il se meut dans une espèce de Far- West où tous les coups sont permis. Et dans le domaine des abus, collusions et escroqueries de haut vol, le football a toujours été très, très fort. La difficulté, pour la justice étant d’agir entre les plaintes et les réseaux internationaux de personnes indélicates. Faut-il rappeler les matches présumés truqués par la mafia chinoise et leurs complices de chez nous ou d’ailleurs ?

Certains pays prennent le taureau par les cornes, comme la France une fois de plus. En plus de sa lutte antidopage omnisports, elle agit contre les trucages financiers ; dans les transferts de l’OM, par exemple. Quand le mal est circonscrit à un seul territoire, la justice intervient facilement. En Allemagne, l’arbitre bidouilleur a été envoyé en prison. Mais la justice suisse ? Va-t-elle déstabiliser Blatter ? Ce serait courageux. Mais ne parle-t-on pas ici d’un pays habitué à se cacher au creux de ses montagnes et de ses coffres-forts géants, étouffant bien des choses inracontables ?

Durant les déballages d’ Arte, on songeait à la juste croisade entamée par le Sporting de Charleroi contre la FIFA dans l’affaire MajidOulmers. Le joueur était revenu très abîmé d’un match international du Maroc et sa fédération n’avait rien voulu payer des (gros) frais médicaux. La FIFA non plus. Mais comment la fédération internationale allait avoir le courage d’imposer à ses membres d’assurer eux-mêmes leurs internationaux ? LA FIFA fait surtout du clientélisme, pour que la  » famille  » en place continue de fonctionner. Blatter se réjouit souvent de l’entente maintenue. Mais à quel prix ? Et que vaut encore l’esprit sportif là-dedans ? Quand on voit, en plus, qu’il n’a même pas remis la Coupe du Monde à l’Italie après la finale…

M ichel Platini a été le conseiller personnel de Blatter de 1998 à 2002 et siège au comité exécutif depuis 2002. Il n’a jamais été soupçonné de quoi que ce soit et s’il l’était, notre intime conviction est qu’il s’en irait. Après avoir organisé le Mondial français, Platoche était entré de plain-pied dans le grand jeu international comme testimonial de ce que le foot devait être sur le terrain. Mais il possédait des mandats dans le domaine du développement technique à l’UEFA (la fédé européenne) depuis 1988, où il est également entré au comité exécutif en 2002.

Vice-président de la fédération française, l’ex-immense joueur a progressivement vu plus grand et est maintenant candidat à la présidence de l’UEFA comme adversaire du Suédois Lennart Johansson. Ce dernier a lancé la Ligue des Champions et a longtemps été très crédible parce qu’il a souvent osé s’opposer à Blatter. Depuis, son étoile a pâli : il est progressivement rentré dans le rang. Platini se veut l’avenir de l’UEFA. Il désire rééquilibrer la donne en respectant mieux les pays pauvres du continent. Son image est immaculée. S’il était élu à l’UEFA, c’est lui qui aurait aussi la réponse pour la FIFA. Mais une chose à la fois…

par John Baete

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