Contre-attaque !

Après l’affaire Tchité et Cyriac, le Standard a parfaitement rebondi en attirant Marvin Ogunjimi. Pour commencer…

Après avoir suscité l’inquiétude en ouvrant la porte à la vente de ses meilleurs éléments, le Standard a lancé les grandes man£uvres en attirant trois transferts en trois jours. De quoi rassurer des supporters inquiets après les départs entérinés de Mémé Tchitéet Felipe, annoncés de Kanu et Gohi Bi Cyriac et les rumeurs de départ de Jelle Van Damme.

Le gros coup Ogunjimi

C’était dans l’air depuis quelques semaines et le deal s’est confirmé dans le courant de la semaine dernière. Après six mois d’exil en Espagne, à Majorque, où il a peu joué Marvin Ogunjimi, 24 ans, revient en Belgique. Loué pour une saison, avec une option d’achat, l’ancien attaquant de Genk a affirmé qu’il revenait bourré d’ambitions.  » Je n’ai pas perdu mon temps à Majorque. Je me battais à l’entraînement mais ma relation avec le coach ressemblait à un combat avec un mur. Dur de gagner dans ce cas-là. J’estime toutefois être plus fort physiquement maintenant.  »

 » Cela faisait plusieurs semaines que l’on négociait « , explique le directeur technique du Standard, Jean-François de Sart.  » Il avait l’opportunité de quitter Majorque, il a rencontré l’entraîneur Ron Jans et a visité l’Académie. Nous sommes très vite tombés d’accord. Les négociations ont duré à cause des problèmes financiers de Majorque. Un juge doit en effet valider toutes les décisions et cela prend du temps.  »

Si le Standard s’est penché sur le cas Ogunjimi, ce n’est pas en fonction de son profil (rapide et plongeant dans les espaces comme… Tchité) mais de ses qualités de buteur.  » La vitesse, c’est bien mais ce qui compte, c’est de mettre les ballons au fond. Ogunjimi est le meilleur buteur belge des derniers éliminatoires pour l’EURO et nous n’avons aucun doute sur ses qualités. Nous recherchions avant tout un attaquant capable de marquer des buts. L’année passée, le meilleur buteur de l’équipe se nommait Tchité et il n’avait inscrit que 11 buts, dont quatre penalties. C’est insuffisant pour un club comme le Standard. Nous devons compter un ou deux joueurs parmi les meilleurs buteurs du championnat. Avec Ogunjimi et Dudu Biton, nous devrions disposer de ce type d’attaquants. De plus, Ogunjimi a envie de prouver quelque chose et moi, j’aime les garçons qui veulent relever des défis. Il a la mentalité que nous recherchons.  »

A la surprise générale, de Sart a profité de la conférence de presse de présentation d’Ogunjimi pour annoncer que le Standard renonçait à Jérémy Perbet et clôturait son marché offensif.  » Comme Cyriac est out jusqu’en décembre, on ne comptait pas trop sur lui lorsqu’il a fallu dessiner les plans pour le début de saison « , argumente de Sart.  » Nous avons assez de garçons devant. Avec Biton, Ogunjimi, Michy Batshuayi et Ezekiel, nous disposons de quatre attaquants.  »

Les dirigeants ne craignent donc pas de revivre la situation de la saison passée lorsque le Standard s’était vu privé de ses attaquants lors des blessures de Tchité et Cyriac.  » On ne peut pas en avoir plus si on veut laisser à chacun une chance de prouver sa valeur. Nous avons décidé de doubler tous les postes mais on ne peut les tripler ou les quadrupler. Si les deux attaquants principaux se blessent, on prendra le troisième. Et derrière ce trio, on a encore Ezekiel qui n’est pas encore capable de porter tout le poids de l’attaque sur ses épaules mais a montré de bonnes dispositions lors des play-offs. « 

Les bonnes affaire Bulot et Ajdarevic

A peine l’arrivée d’Ogunjimi actée, le Standard a officialisé d’autres transferts. Le premier se nomme Frédéric Bulot, médian français de 21 ans, qui a évolué à Caen et à Monaco ces deux dernières saisons. La relégation du club normand lui a permis de partir. Le Standard en a profité, grillant au passage plusieurs clubs de Ligue 1.  » Nos missions de scouting ont débouché sur ce médian de 21 ans « , explique de Sart.  » Il est titulaire en U21 français, ce qui est déjà un gage de qualité et possède un gros potentiel technique et physique. Sa polyvalence est un autre critère très intéressant.  »

Le deuxième jeune acquis, Astrit Ajdarevic vient de Norrköping (après trois saisons en Angleterre). Médian offensif de 22 ans, il fait lui aussi partie de l’équipe Espoir de son pays (la Suède).  » Il a des qualités techniques et possède un bon pied gauche, du gabarit et une grosse personnalité « , détaille de Sart. Grand (1m90), Ajdarevic pourrait également être utilisé par Jans comme médian défensif ou à gauche.

Ces deux joueurs cadrent avec la politique mise en place par le président RolandDuchâtelet, qui n’a jamais caché son désir de miser sur des jeunes prometteurs. Cependant, en se délestant de Tchité et peut-être Kanu, le Standard perd beaucoup d’expérience, pas encore remplacée par les récentes arrivées.  » Le mercato n’est pas encore terminé et les prochaines arrivées ne dépendent pas des départs éventuels « , glisse le directeur technique du Standard. Preuve que contrairement à ce que certains craignent, le Standard n’a pas renoncé à ses ambitions.

L’affaire Cyriac

Chose rarissime dans le monde du foot : le Standard a black-listé un agent de joueurs en l’épinglant dans un communiqué. Cet agent, c’est Mogi Bayat, pourtant dans les bons papiers du Standard depuis la reprise du club par Duchâtelet.

 » Il est incompréhensible de la part d’un agent de joueurs entretenant des relations étroites avec le Standard de Liège, qui s’est vu fortement impliqué ces derniers temps dans des dossiers de joueurs entrants et qui de sa propre initiative propose ses services à notre club, de véhiculer des propos qui ne correspondent en rien à la réalité des ambitions du Standard de Liège telles qu’elles ont été formulées à plusieurs reprises par notre Direction « , dévoilait le communiqué.  » Le Standard de Liège a accédé aux efforts demandés par Mogi Bayat dans le dossier du joueur Cyriac notamment. Un contrat de longue durée (jusque 2016) a été signé, témoignant de la confiance réciproque entre les parties. En raison de ces éléments, notre club considère l’attitude désobligeante de Mogi Bayat comme tout à fait déloyale. « 

La veille, Bayat avait affirmé que Cyriac, qu’il représente, doutait de l’ambition du Standard et était préoccupé par les départs de plusieurs éléments importants comme Kanu, Felipe ou Tchité. En tenant de tels propos, Bayat préparait le terrain pour un transfert de son poulain vers Anderlecht. Non, l’Ivoirien ne quittait pas Sclessin pour l’argent, ni ne trahissait le club liégeois ; il partait pour un club plus ambitieux ! Le communiqué du Standard a simplement remis les pendules à l’heure.  » A partir du moment où il a tenu des propos déplacés, nous nous devions de réagir « , explique de Sart.

Face à l’étonnement d’une réaction jugée disproportionnée devant les propos de Bayat, qui n’est pas le premier agent à faire monter la sauce, de Sart ajoute :  » Dites-moi depuis six mois quel agent a osé tenir un tel discours ? « . Mogi Bayat n’a pas voulu réagir à ce communiqué, préférant attendre l’issue du deal avant de répliquer.

Au final, cette passe d’armes révèle un sentiment d’amertume de la part du Standard. Dans ce dossier, le club liégeois a été victime d’une clause présente dans le contrat de Cyriac, lui permettant de partir pour seulement 2 millions entre le 1er et le 15 juillet.  » Ce n’est pas normal de se retrouver dans une situation pareille « , peste de Sart.  » J’ai l’impression que l’histoire était écrite depuis le début. Est-ce que les dés étaient pipés ? Oui ! »

Cette clause a-t-elle été mal négociée ? D’après nos informations, Cyriac a toujours eu l’intention de quitter le club. Pour éviter qu’il ne parte pour un montant dérisoire, le Standard a donc renégocié son contrat il y a quelques mois. Au départ, le joueur voulait ajouter une clause de départ à 1 million d’euros. Mogi Bayat est monté à 1,5 million avant que le Standard n’arrache un accord à 2 millions sur une période comprise entre le 1er et le 15 juillet.

Mais pourquoi avoir accepté une telle clause ? Selon l’article 17 du règlement du statut et du transfert des joueurs, un footballeur peut, au bout de trois ans de présence dans un club, casser son contrat, en contrepartie d’une somme calculée en fonction de sa rémunération ou de la durée restante de contrat. Après calcul, si l’Ivoirien utilisait cet article, il pouvait partir pour 350.000 euros !

Comme pour Tchité, le Standard avait laissé la porte ouverte à un départ, échaudé par les blessures récurrentes de l’Ivoirien mais si le Standard avait pu maîtriser tous les éléments du dossier, jamais il n’aurait permis que Cyriac aille renforcer la concurrence. Tchité et Cyriac pouvaient partir mais à l’étranger !

Tchité aurait voulu rester cinq ans

A l’annonce du départ de Tchité pour Bruges, on n’a pas vraiment perçu de surprise dans le chef des supporters liégeois. Comme la chronique d’un départ annoncé depuis janvier. Seul le lieu de destination a suscité quelques commentaires. Pourtant, après son départ avorté en janvier pour Al Shabab, l’attaquant et la direction liégeoise s’étaient fortement rapprochés. Pierre François avait même imaginé un projet afin de garder Tchité jusqu’à la fin de sa carrière. Son départ a brisé la confiance que Tchité pouvait ressentir pour le Standard.

 » Si Pierre François était resté, Tchité ne serait jamais parti « , explique son agent Alfred Raoul.  » Depuis décembre, François avait posé les jalons d’une collaboration longue durée en imaginant un accord entre le Standard et l’académie Mémé Tchité au Burundi, géré par le frère de Mémé.  » En résumé, le Standard prolongeait le contrat de Tchité de trois ans et aidait son frère dans l’organisation de cette académie, avec l’assurance d’obtenir la priorité lorsqu’un talent explosait. A la fin de sa carrière, Tchité compte en effet retourner s’occuper de cette académie et aurait continué à travailler avec le Standard.

Suite au départ du directeur général, ce projet a été rangé au placard.  » Après le licenciement de Pierre François, on n’a plus jamais trouvé d’interlocuteurs à qui parler « , ajoute Raoul.  » Comme personne ne nous a contactés, on a appelé de Sart pour lui dire que le joueur ne se voyait pas continuer avec le Standard comme il ne recevait pas de considération de Duchâtelet. De Sart a répondu que le Standard ne s’opposerait pas à son départ au regard des services rendus. « 

 » Il n’y avait pas de raison de prendre contact avec Tchité puisqu’il lui restait un contrat de deux ans « , se défend de Sart.  » On ne peut pas dire qu’on manquait de considération par rapport au joueur. « 

Duchâtelet a commencé à s’intéresser au dossier le 19 juin, demandant une entrevue entre le 21 et le 25 juin. Trop tard. Entre-temps, Bruges était rentré dans la danse et tout s’est par la suite accéléré. Pourquoi cette lenteur ? Simplement parce que le président du Standard n’a pas fait de Tchité une priorité. Il trouvait son contrat trop lourd par rapport à ses prestations.

 » Il y a eu une erreur de casting « , s’explique de Sart.  » On ne pouvait pas en arriver à cette situation mais je ne vois pas en quoi la présence ou non de Pierre François au Standard peut influencer la carrière d’un joueur. Le Standard n’avait aucune raison de renégocier le contrat de Tchité puisque cela avait déjà été fait en janvier. « 

Sur ce dossier, le Standard a donc l’impression d’être le cocu de la pièce.  » On peut l’écrire comme cela, oui « , reconnait de Sart. Le Standard n’a pas perdu d’argent (Tchité a été vendu 1,35 million alors qu’Al Shabab avait proposé 1,5 million en janvier) mais n’a jamais pensé que l’attaquant partirait pour un autre club belge. Pourtant, en janvier, l’attaquant n’avait pas voulu inclure dans son contrat une clause lui interdisant de partir pour un club belge. Un signe ?

PAR STÉPHANE VANDE VELDE – PHOTOS: IMAGEGLOBE

La clause spéciale dans le dossier Cyriac a été ajoutée pour ne pas que le joueur parte pour 350.000 euros.

Sur le dossier Tchité, le Standard a l’impression d’être le cocu de la pièce.

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