Concentration, SVP

En dépit des problèmes actuels, le défenseur finlandais croit toujours dans la qualification européenne.

A l’occasion de son entrée en matière en Coupe de l’UEFA, le RSCA a subi une surprenante défaite, au Parc Astrid, face aux Norvégiens de Stabaek: 0-1. Menés à la marque dès la dixième minute suite à un vigoureux coup de tête de Christian Michelsen, les Anderlechtois n’eurent rien d’autre à proposer qu’une domination stérile contre un adversaire arc-bouté devant son goal.

Malgré ce revers qui fait suite à un piètre un sur six en championnat, beaucoup sont convaincus qu’un bon Sporting est parfaitement capable d’arracher la qualification lors du retour à Oslo. A commencer par le défenseur finlandais des Mauves, Hannu Tihinen, qui connaît cet adversaire comme sa poche pour l’avoir rencontré à diverses reprises quand il portait les couleurs d’un autre club norvégien: le Viking Stavanger.

Hannu Tihinen: Stabaek présente la particularité d’être plus fort en déplacement qu’à domicile, où il éprouve toujours des difficultés à faire lui-même le jeu. De plus, compte tenu de l’identité de son adversaire, ses dirigeants ont choisi de disputer la deuxième manche non pas dans leurs installations habituelles deNadderud, qui peuvent contenir une douzaine de milliers de spectateurs à peine, mais plutôt au stade national d’Ullevaal, capable d’abriter deux fois plus de monde. Sa pelouse a la particularité d’être d’une dimension largement supérieure à celle à laquelle les joueurs sont habitués. Si Anderlecht est bien déployé, l’adversaire éprouvera de grandes difficultés à réduire les espaces et couper les angles. Pour peu que nous prenions l’avantage au score là-bas, la qualification devrait nous sourire. Et je suis convaincu que nous y arriverons.

Que représentaient pour vous ces retrouvailles avec d’anciens collègues norvégiens?

Honnêtement, je ne m’attendais pas à les retrouver si tôt sur ma route. Si j’ai quitté le Viking Stavanger à destination d’Anderlecht cet été, c’était dans le but de découvrir d’autres types de football à travers le championnat de Belgique ainsi que la Coupe de l’UEFA. Et voilà que le premier adversaire européen est Stabaek! C’est quand même un comble, non (il rit)? Sérieusement, il était important, pour le Sporting et pour moi-même de pouvoir nous ressaisir après nos deux moindres prestations contre La Gantoise et l’Antwerp. Nous n’y sommes pas parvenus et c’est navrant. Personnellement, je peste. Car après trois victoires d’affilée en championnat, la mécanique s’est grippée. Contre Gand, qui ne s’était créé que trois occasions réelles, nous avons encaissé deux buts. L’Antwerp, de son côté, en a eu deux et les a converties. Je râle aujourd’hui encore car je porte une grande part de responsabilité dans notre défaite à Deurne dans la mesure où un own-goal de ma part, sur un tir de Patrick Goots, nous avait valu de retourner les mains vides à Bruxelles.

Marquer contre votre camp, c’est une mésaventure qui vous était déjà arrivée aussi en Norvège, non?

Je vois que vous êtes bien renseigné (il rit). A l’occasion de la finale de la Coupe de Norvège, devant Odd Grenland, il y a deux ans, j’avais effectivement inscrit un auto-but fâcheux. Nous menions au score par l’entremise de mon partenaire défensif Björn Dahl quand j’ai malencontreusement dévié le cuir dans mes filets. Cette réalisation permit à l’opposant d’arracher les prolongations et de remporter finalement la victoire grâce au médian danois Christian Flindt Bjerg. J’étais vraiment catastrophé car nous avions allégrement dominé les débats jusqu’alors. Même si je me suis racheté par la suite, en livrant de bons matches et en scorant même à trois reprises, en faveur de mes couleurs, la saison suivante, cet épisode fait tache dans ma carrière. C’est le pire moment que j’aie vécu jusqu’ici, en tout cas.

Vous êtes là depuis trois mois à peine et vous vous êtes déjà parfaitement intégré, comme si vous n’aviez jamais connu d’autre club durant votre carrière.

Cette faculté d’adaptation n’est pas neuve pour moi. Chaque fois que j’ai été amené à changer d’entourage, je me suis très vite senti à l’aise, que ce soit à Helsinki, Stavanger, Londres ou, à présent, Bruxelles. Ce qui est primordial quand on joue dans l’axe de la défense, comme moi, c’est la collaboration avec ceux qui me flanquent. A cet égard, c’est un régal de jouer avec Glen De Boeck, qui a énormément d’expérience et qui ne se prive jamais de coacher ses coéquipiers, dont moi-même, sur le terrain. Sur le plan individuel, je ne suis pas trop mécontent de mes prestations jusqu’à présent, mis à part ce contretemps fâcheux à l’Antwerp (il grimace). Défensivement, je n’ai pas à me plaindre. Mais ma contribution offensive et ma relance doivent encore être améliorées. De manière plus globale, j’ai le sentiment aussi d’avoir fait le bon choix avec Anderlecht. C’est un effectif qui a du potentiel, même s’il n’est exploité qu’à 70% actuellement. Par moments, je suis d’avis que nous produisons du très bon football. Mais nous ne parvenons jamais à maintenir ce niveau pendant toute la durée d’un match. Ces derniers temps, nous avons toujours fléchi après une mi-temps. Passé ce délai, nous abandonnons toujours trop d’espace à l’adversaire qui multiplie alors les infiltrations dans nos lignes. Je ne pense pas qu’il s’agisse d’un problème physique. Le groupe est au point à ce niveau. C’est plutôt une question de mental et de discipline. Car tout le monde n’est manifestement pas concentré de la même manière sur son sujet. Il n’empêche que quand Anderlecht tourne, comme ce fut le cas contre Malines notamment, il n’y a pas grand-chose à redire. Pour moi, c’est la meilleure équipe que j’aie connu jusqu’à présent. Je l’estime supérieure à West Ham en tout cas. Il y a vraiment de très bons joueurs ici et c’est pourquoi j’enrage d’avoir été battu par Stabaek. En Norvège, je suis venu plus d’une fois à bout de cet opposant avec le Viking Stavanger. Or, la valeur de cette équipe était deux fois moindre que celle du Sporting. C’est pourquoi je reste confiant en une bonne issue européenne. Nous devons être en mesure de nous qualifier là-bas. Si nous trébuchions contre Stabaek, ce serait franchement regrettable. Un Lapon à Helsinki

Vous êtes originaire de Kemi, dans le grand Nord finlandais, non loin du cercle polaire arctique. On aurait compris que vous deveniez un jour skieur, joueur de hockey sur glace ou pilote de rallye comme bon nombre de vos compatriotes. Mais footballeur?

Par rapport à Kemi, Tromsö, en Norvège, est située de manière plus septentrionale encore. Ce qui n’empêche pas les jeunes, là-bas, de bien jouer au football. Posez donc la question à Ole-Martin Aarst (il rit). En réalité, dans ces régions, nous bénéficions d’un climat continental avec des hivers longs et très rudes et des étés courts mais chauds, qui permettent précisément la pratique du football. En ce qui me concerne, j’ai eu la chance aussi que la construction d’un hall des sports, dans ma ville natale, ait devancé celle d’une patinoire. J’ai tâté un peu de hand-ball mais le football a très vite fait figure d’absolue priorité pour moi. Dès mes huit ans, j’ai joué neuf mois en salle et trois à l’extérieur. Cette combinaison explique peut-être pourquoi j’ai toujours excellé en matière de jeu de position. En évoluant sur une surface artificielle, comme l’astroturf, il était bien évidemment exclu de tackler, sans quoi on s’exposait à des brûlures. Dans ces conditions, j’ai dû apprendre à rester debout et à peaufiner mon placement. C’est la raison pour laquelle je n’ai pas besoin de slidings pour déposséder un attaquant du ballon.

Avez-vous toujours été défenseur?

A mes débuts, je jouais centre-avant mais j’ai progressivement reculé sur le terrain. D’abord dans la ligne médiane, comme pare-chocs défensif, puis dans l’arrière-garde

tout court. J’ai accompli mes premiers pas comme libero, en équipe fanion, à 16 ans. C’était à Keps, contraction de Kemi Palloseura , le seul club d’envergure dans cette zone du pays. Il évoluait et évolue d’ailleurs toujours en deuxième division. J’ai joué trois saisons en Première avant d’être appelé sous les drapeaux à Lahti, 800 kilomètres plus bas où était précisément casernée l’élite sportive du pays. Et j’en faisais partie, même si j’étais le seul représentant de la Laponie sur place (il rit). C’est par le biais des matches que j’ai disputés à l’armée que j’ai été remarqué par les responsables sportifs du HJK Helsinki, le club phare de l’élite finlandaise. J’y ai signé mes débuts professionnels en 1997. Montagne de Fer

Pour vous, qui avez joué dans votre pays d’abord, puis en Norvège, en Angleterre et, à présent, en Belgique, que vaut le football finlandais?

Longtemps, il a vécu dans l’ombre du hockey. Mais la situation a changé à partir du moment où Jari Litmanen s’est fait un nom à l’Ajax Amsterdam. Les jeunes ont été de plus en plus nombreux, dès cet instant, à pratiquer ce sport et plusieurs joueurs ont, depuis lors, emboîté le pas de l’Ajacide. Aujourd’hui, une cinquantaine de Finlandais jouent à l’étranger et plusieurs d’entre eux ont même rang de vedettes. Je songe à Sami Hyypiä, à Liverpool, ou à Mikaël Forssell, à Crystal Palace. Au niveau local, l’HJK a fait fureur également, en 1998, en devenant le premier club finlandais à se produire en Ligue des Champions. Ce haut fait-là constitue mon plus beau souvenir à ce jour. Nous avions alors rencontré le PSV Eindhoven, Kaiserslautern et Benfica. Et même si nous avions terminé derniers du groupe, nous n’en avions pas moins réalisé l’exploit de battre les Portugais à domicile: 2 à 0. Michel Preud’homme doit sûrement s’en souvenir (il rit). Il y avait 25.000 personnes, ce jour-là, au stade olympique d’Helsinki. Et autant contre les Allemands. Nous n’avions jamais joué jusqu’alors devant plus de 8.000 spectateurs.

Qu’est-ce qui vous a poussé à troquer le meilleur club finlandais pour le Viking Stavanger, un club qui n’avait quand même pas la notoriété d’un Rosenborg Trondheim ou d’un Brann Bergen en Norvège?

Le Viking Stavanger avait beau avoir terminé huitième de la compétition au moment de mon passage dans ses rangs en l’an 2000, il était supérieur, malgré tout, au HJK. Et il est devenu plus fort encore avec moi puisque la saison suivante, il termina troisième derrière les deux grands traditionnels de ce pays. Quelques internationaux actifs dans le championnat de Norvège, comme Harri Ylönen, à Brann Bergen précisément, ou encore Sami Mahlio, à Odd Grenland, m’avaient dit le plus grand bien de ce club ainsi que de son entraîneur, Benny Lennartsson. Au contact d’un championnat plus relevé et de meilleurs joueurs, comme ceux de Rosenborg Trondheim, évidemment, aux multiples participations en Ligue des Champions, je suis devenu un meilleur joueur moi-même. La preuve par le surnom qu’on m’a donné au cours de ma période là-bas: Iron Mountain, la Montagne de Fer. La Coupe avec le Viking

Vous avez perdu une finale de Coupe de Norvège contre Odd Grenland lors de vos débuts dans ce club mais, l’année suivante, vous avez remis les pendules à l’heure en l’emportant 3 à 0 contre Bryne. Avec, à la clé, un troisième but pour vous?

Exact. Cette coupe, c’est le seul trophée que j’aie remporté avec ce club. Il m’a fait d’autant plus plaisir que j’avais été le héros malheureux de la finale la saison précédente. De plus, il existe une très grande rivalité entre Bryne et Stavanger, deux villes qui ne sont distantes que de trente kilomètres à peine sur la côte sud du pays. L’apothéose de l’épreuve, à Oslo, avait entraîné un déplacement de près de vingt mille personnes, ce qui ne s’était encore jamais vérifié au préalable. Il est vrai que la coupe est vraiment sacrée en Norvège, ainsi que dans les autres pays scandinaves d’ailleurs. Le fait d’avoir pu contribuer à la victoire était une belle revanche pour moi.

Quelques mois plus tard, vous vous retrouviez dans un pays où la Cup est davantage encore une institution: l’Angleterre.

Comme pour bon nombre de Nordiques, évoluer en Premier League était un rêve pour moi. Et je n’ai pas hésité un seul instant quand West Ham United m’a proposé de relayer Rio Ferdinand, parti à l’époque à Leeds United. J’ai été prêté aux Hammers avec option d’achat. Mais mon prix n’était pas donné: 3 millions de livres. A ce tarif, les Londoniens ont décroché et il a bien fallu que je rebrousse chemin. Jusqu’au bout, j’ai espéré que le Viking Stavanger se montrerait raisonnable et accepte de revoir ses conditions à la baisse. Mais ses dirigeants savaient que Rio Ferdinand était passé pour un montant astronomique à Elland Road et ils n’entendaient donc pas me brader. J’étais amèrement déçu: je venais de jouer contre Ruud van Nistelrooy en Premier League anglaise et voilà que je devais retourner subitement dans l’anonymat du championnat norvégien. Heureusement, mes prestations au Royaume-Uni, ainsi qu’en sélection finlandaise, avaient contribué à attirer les regards. Everton se mit sur les rangs, le Bayer Leverkusen aussi. Mais c’est Anderlecht, finalement, qui se montra le plus concret.

Bruno Govers

« Anderlecht n’exploite que 70% de son potentielpour l’instant »

« J’ai déjà souvent gagné contre Stabaek »

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