Comment PARDONNER ?

En Italie, la plaie est toujours ouverte. A Arezzo, en Toscane, on y est certain que l’Etat belge, l’UEFA, l’Union Belge, la Juventus et Liverpool ont toujours eu comme objectif commun d’oublier au plus vite.

29 mai 1985

Sur le coup de 19 h 20, le Heysel est un enfer. 39 personnes (32 Italiens, 4 Belges, 2 Français et un Nord-Irlandais) perdent la vie et 502 sont blessées. Pour éviter une catastrophe plus grave encore, il est décidé que le match sera joué. Jules Georges, président de l’UEFA à l’époque :  » Je me suis retrouvé face à un cas de conscience, face à une des plus difficiles décisions à prendre de toute ma vie. J’ai estimé que remettre le match aurait signifié créer des prédispositions pour un autre massacre. Les spectateurs se seraient rendus à l’extérieur du stade et qui aurait contrôlé leur furia ? Il y avait tant de personnes qui avaient vu mourir un être proche ou un ami. Comment aurait-il été possible, sans service d’ordre adéquat, d’éviter une bataille ? Je suis convaincu qu’en remettant la rencontre, nous nous serions retrouvés face à une vraie guerre et les morts auraient été bien plus nombreux « .

A 21 h 39, les équipes montent sur le terrain. La Juventus l’emporte 1-0 grâce à un penalty û inexistant û transformé par Michel Platini.

4 juin 1985

Le quotidien italien La Nazione annonce que des corps ont été échangés. Le premier cas est signalé à Buia, dans le Frioul, où les parents de Dionisio Fabbro (51 ans), se sont aperçus que le cercueil contenait le corps d’un inconnu, en l’occurrence Luciano Rocco Papaluca (38 ans) de Reggio de Calabre. Interrogée par le même quotidien, la juge d’instruction Marina Coppieters ‘t Wallant affirme que les corps ont été placés par les Italiens et que la responsabilité de l’erreur incombe au service de pompes funèbres italiens. Mais après enquête, il apparaît que la société s’était bien basée sur les étiquettes portant les noms des victimes et que la confusion a bien eu lieu à l’intérieur de la morgue et non à l’extérieur.

21 juin 1985

La commission de discipline de l’UEFA décide d’exclure à durée indéterminée les clubs anglais et Liverpool pour trois saisons supplémentaires au terme de cette interdiction. Le président de Liverpool, Sir John Smith, qui avait décidé le retrait de son club et le président de la fédération anglaise, Bert Millchip, celle de tous les clubs anglais pendant un an de toute compétition européenne, avaient déjà pris les devants. La Belgique, qui avait annoncé le 31 mai qu’elle n’autoriserait plus les clubs britanniques sur son territoire, se voyait interdire toute organisation d’une finale européenne pendant dix ans et la Juventus a été condamnée à disputer ses deux prochains matches à huis clos.

juillet 1985

Le gouvernement belge crée la mission mixte d’inspection des stades. Sa mission : contrôler la coordination entre les organisateurs, les services d’incendie, la croix rouge et la police et de visiter tous les stades de D1 avant le 15 août.

30 janvier 1987

Albert Roosens, le secrétaire général de l’Union Belge, est inculpé d’homicide involontaire ayant entraîné la mort.

2 septembre 1987

Après sept mois de procédure, les 25 hooligans inculpés û un 26e est resté en prison pour y purger une autre peine û sont extradés.

28 avril 1989

Après cinq mois (début du procès le 17 octobre 1988), 84 audiences et 260 heures de débats, l’heure du verdict (564 pages) est arrivée pour les 25 hooligans inculpés. 11 d’entre eux sont acquittés pour absence de preuves. Quant aux 14 autres, ils ont été condamnés à trois ans de réclusion dont la moitié avec sursis. Et comme ils ont effectué six mois de préventive, la peine se limitera à un peu moins d’un an. L’UEFA et la Ville de Bruxelles ainsi que Viviane Baro, l’échevine des Sports, sont acquittés. Le capitaine de gendarmerie, Johan Mahieu, responsable de la sécurité au stade, a écopé de neuf mois de prison avec sursis et Albert Roosens a été condamné à six mois avec sursis. L’Association des familles des victimes va en appel de la sentence.

26 juin 1990

En appel (début du procès le 12 mars), John Davis est acquitté mais en revanche Kevin Hughes, Terence Wilson et Alan Woodray, qui était le seul inculpé présent, voient leur peine augmenter de cinq ans avec le sursis confirmé. La peine du capitaine Mahieu a été réduite à trois mois tandis que celle d’Albert Roosens n’a subi aucune modification. En revanche, Hans Bangerter, le secrétaire de l’UEFA, est condamné à trois mois avec sursis et à une amende de 750 euros. Le bourgmestre de Bruxelles, Hervé Brouhon, est à nouveau acquitté. L’UEFA va en cassation.

1990-1991

Les clubs anglais sont réadmis en Europe.

17 octobre 1991

La Cour de cassation confirme les peines d’Albert Roosens, Johan Mahieu, Hans Bangerter tandis qu’Hervé Brouhon et l’Etat belge sont blanchis.

27 septembre 1992

L’Association des familles des victimes du Heysel est dissoute.

23 août 1995

Le Heysel a fait place au stade Roi Baudouin dont l’inauguration (le bloc Z étant devenu la Tribune Nord 1) a eu lieu avec le match Belgique – Allemagne.

Comprendre cette amnésie volontaire

20 ans ont donc passé depuis ce triste 29 mai 1985, un jour où le football a connu l’un de ses holocaustes. Pendant toute cette période, on a peu parlé de la tragédie du Heysel car toutes les parties concernées (la Belgique et ses forces politiques et sportives, l’UEFA, l’Angleterre et la Juventus) ne tenaient pas que l’on revienne trop souvent sur ce qui, pour elles, reste un motif de honte.

OtelloLorentini, qui a aujourd’hui 81 ans, était président de l ‘ Associazione tra le Famiglie delle Vittime dell’ Heysel et est président honoraire du Comitato Permanente contro la Violenza nello Sport Roberto LorentiniGiuseppina Conti. Il n’a cessé de faire en sorte que les 39 victimes du Heysel ne soient pas mortes pour rien. Depuis que le tirage au sort des quarts de finale de Ligue des Champions a désigné Liverpool et la Juventus comme adversaire, il n’a cessé d’être interpellé.  » A cette période, j’ai été appelé à effectuer plus de 150 interventions « , lance-t-il d’emblée.  » D’accord, il s’agissait parfois de répondre au téléphone mais je me suis aussi rendu fin mars en Belgique pour une sorte de rencontre avec des personnes de tous âges afin d’y raconter mon histoire. Franchement, ce qui me désole c’est de voir à quel point les gens û qu’ils aient vécu le drame, qu’on le leur ait raconté, qu’ils soient d’origine italienne ou belge, qu’ils soient amateurs de football, politiciens ou journalistes û sont mal informés. J’en ai un peu marre de toujours répéter la même chose.  »

Mais Otello Lorentini n’a pas décidé de mettre un terme à un combat qui dure depuis vingt ans. Il teste son interlocuteur :  » Vous avez lu le livre La Verità sull’Heysel ? Alors vous connaissez mon histoire et je ne vois pas ce que je peux y ajouter.  »

On lui rétorque qu’il y a déjà deux ans que le livre a été édité et que s’il suffisait de traduire son interview, il n’était pas nécessaire de venir à Arezzo, en Toscane…

 » J’ai amené la dépouille de mon fils au fourgon avec mes neveux  »

Manifestement, cette réponse lui suffit pour nous inviter à la réunion du Comité permanent contre la violence dans le sport qui se tenait le soir même au siège local de la fédération italienne de football. Et, une fois de plus, il retrace sa poignante histoire.

 » Médecin spécialisé en maladies infectieuses, mon fils Roberto venait de fêter son 31e anniversaire et d’être nommé à l’hôpital d’Arezzo. Son entrée en fonction était justement fixée à ce triste 29 mai 85. Il m’avait conseillé de mettre un terme à ma carrière aux chemins de fer avant la Noël : -Papa, à 61 ans, il est temps que tu prennes un peu de bon temps et que tu voies grandir tes deux petits-fils. Supporters de la Juventus, nous avons décidé de nous rendre à Bruxelles pour y assister à la finale de la Coupe des Champions en compagnie de deux cousins de Roberto, Gianni et Andrea Stazio Nous étions dans le bloc Z. Avant que ne commencent les charges des Anglais, j’étais tranquille mais j’avais remarqué qu’il n’y avait plus que dix policiers entre eux et nous. De nombreux spectateurs ont continué de rentrer dans le bloc. Les Anglais ont commencé à s’agiter toujours plus. Après avoir arrêté une première pierre avec mon journal, j’ai crié à mon fils et à mes deux neveux de filer. Les Anglais ont démonté la grille de séparation, nous ont lancé des morceaux de fer, des canettes et des morceaux de béton arrachés des gradins en piteux état et ont chargé pour la première fois. Dans notre groupe comptant de nombreuses femmes et enfants, personne n’avait l’envie de répondre à ces confrontations. La police n’intervenait pas. Nous étions au milieu du virage et je voyais le mur s’approcher. Je me suis accroché à la colonne d’une main courante et Roberto était collé à moi. Est alors arrivée une deuxième vague de spectateurs chargés par les Anglais. Je me suis retourné et je n’ai plus vu mon fils. Il avait été avalé par la foule. La vague est passée juste à côté de moi. A suivi un moment d’accalmie et j’en ai profité pour me jeter sur le terrain. Il était impossible que tout le monde se sauve : il n’y avait que deux petites sorties d’un mètre de large tout au plus. Et puis, les policiers qui surveillaient le bloc Z se sont mis à frapper les supporters qui tentaient de sauver leur vie en se jetant sur le terrain.

Une fois sur la pelouse, j’ai vu mon neveu Andrea, les mains dans les cheveux. Je me suis approché de lui et j’ai vu le corps de Roberto mort, écrasé sur les gradins. Que devais-je faire ? A côté de nous, il y avait un tas de corps sans vie. Il me semblait que le c£ur de Roberto battait toujours mais c’était ma tempe qui martelait sur son thorax. J’ai arraché la bonbonne d’oxygène des mains d’un militaire qui me disait qu’il ne savait l’utiliser. Je ne sais pas combien de temps je suis resté enlacé à mon fils Alors est intervenu un policier belge, qui a tenté de m’arracher Roberto. Je me suis rebellé parce que je voyais qu’ils embarquaient les corps sans respect. Sont arrivés deux autres policiers auxquels j’ai hurlé : – C’est mon fils, laissez-le-moi ! Puis avec mes neveux, nous avons amené nous-mêmes la dépouille aux fourgons. Avant de quitter le stade, j’ai vu des Anglais s’amuser en lançant en l’air des objets appartenant aux morts : chaussures, sacs, appareils photos. Dégoûtant !

Dehors, il était difficile de trouver un téléphone ou un taxi. Nous en avons arrêté un quasiment de force pour nous rendre à la morgue où les Belges nous ont obligés à attendre plus de trois heures. Ils nous traitaient avec arrogance, leur comportement était scandaleux. C’est seulement vers trois heures du matin que j’ai pu revoir le corps de mon fils et j’ai noté qu’il n’avait plus sa chaîne en or autour du cou ni son alliance. On nous a dit qu’on les lui avait enlevés afin de l’identifier. Faux, sur l’alliance ne figurait que la date du mariage et mon fils avait à l’orteil du pied droit une étiquette sur laquelle figuraient ses nom et prénom « .

 » Une tragédie voulue  »

 » C’était une tragédie voulue, provoquée par l’incapacité des organisateurs belges, de la police et des responsables des fédérations internationales. J’ai dénoncé ces lacunes impardonnables. Il est inconcevable de casser ainsi la vie d’un homme de 30 ans. Quelqu’un doit payer. Moi j’ai déjà payé : j’ai perdu mon fils. Au nom de Roberto, je voulais que l’on fasse tout ce qui est possible pour définir les responsabilités et pour condamner les coupables et ceux qui n’ont pas pris les mesures de sécurité. Je voulais continuer à dénoncer l’impréparation de la police belge, l’inadéquation des secours et toutes les impardonnables légèretés de l’organisation. En outre, ils doivent pouvoir me dire qui a fait disparaître la chaîne et l’alliance de mon fils. Ces effets, y compris son portefeuille avec les 70.000 lires (35 euros) qu’il contenait, nous ont été restitués quelques mois plus tard sans aucune explication. Quand l’ambulance l’a emmené, il avait ses bijoux sur lui. Je veux aussi faire savoir avec quelle arrogance et quelle brutalité les Belges nous ont traités, nous, les parents des victimes !

Quelle angoisse après ; les enfants pensaient que leur père était parti à un congrès aux Etats-Unis. J’attendais qu’ils soient au lit pour pleurer. Ma femme, Lina, allait tous les jours au cimetière et ma belle-fille, AriannaAccorsi, qui était quatre ans plus jeune que mon fils, devait terminer ses études de médecine. La nuit, le film de la tragédie se déroulait sans cesse dans mon esprit. Je me suis dit que j’avais encore la force et la lucidité pour lutter. On a écrit que l’on a voulu lancer une action en justice pour être dédommagé financièrement. Ce n’est pas vrai : on voulait que les responsables payent.

Plusieurs témoins m’ont affirmé que mon fils était en train de faire du bouche à bouche à un jeune garçon de Cagliari, probablement AndreaCasula (11 ans) qui, comme son père Giovanni, a perdu la vie.

Roberto a été enterré le 1er juin, son corps était arrivé à Arezzo, avant que n’explose l’affaire des cadavres échangés. Car on a dû rouvrir tous les cercueils. Je me suis rappelé qu’à Bruxelles on avait prétendu que les médecins ne voulaient pas terminer les autopsies parce que les autorités refusaient de payer les heures supplémentaires. J’avais la rage à l’égard des vrais responsables que personne ne touchait : l’UEFA et le gouvernement belge. Le 2 mars 1986, je devenais président de l’ Associazione tra le famiglie delle vittime di Bruxelles. Elle visait à réunir toutes les familles des victimes afin de se porter partie civile lors du procès. 23 ont accepté, quatre nous ont donné leur soutien moral et certaines personnes âgées n’avaient plus envie de lutter. Les autres ont dit non merci. Aller de l’avant, ce n’est pas facile : il y a des notaires qui ont réclamé 100 euros pour authentifier la signature du mandat et des bourgmestres qui, huit mois plus tard, ont demandé de rembourser les frais d’enterrement. Si je l’ai fait c’est parce que je ne dormais pas et que j’avais quelque chose sur la conscience « .

 » Le sang ruisselait encore de cette Coupe  »

 » De Bruxelles m’est arrivé un document me certifiant le décès de Roberto sur lequel il était stipulé : mort accidentelle. Je ne pouvais supporter qu’après tout ce qui s’était passé on aurait pu penser, ne fût-ce un seul instant, que ces 39 personnes étaient mortes par pure fatalité. Je devais faire quelque chose pour mon garçon. Quand j’ai vu les images de l’équipe de la Juventus qui faisait le tour d’honneur avec la Coupe, j’ai eu envie de vomir. J’ai été tout autant impressionné de voir les joueurs descendre de l’avion comme s’ils avaient remporté la Coupe du Monde ; le sang ruisselait encore de cette chose-là. Cette vision m’a véritablement embarrassé. Je n’ai jamais pu accepter ces images. Je dirai même plus : je considère comme honteux qu’encore aujourd’hui dans les statistiques, la Coupe des Champions 1985 ait été remportée par la Juventus. Normalement, à côté de cette édition-là devrait figurer la mention : nonattribuée. Le procès nous a coûté plus de 50.000 euros, 20.000 uniquement pour amener les responsables en appel.

Je n’ai pas regardé les matches Liverpool-Juventus. Cela ne m’intéresse plus. Vous voulez savoir si j’aime le football ? La réponse est oui. J’ai joué pendant 14 ans à ce équivalait à l’époque à notre quatrième ou cinquième niveau national d’aujourd’hui. J’ai dirigé un club et j’ai encouragé mes petits-fils à pratiquer ce sport. Depuis plusieurs années, je fais partie de la section régionale de la fédération italienne en tant que conseiller provincial. La Toscane est composée de 7 provinces, celle d’Arezzo compte 106 clubs. Je me suis concentré sur les équipes de jeunes et avec mes collègues nous suivons 300 à 400 jeunes, susceptibles d’entrer dans nos équipes représentatives en Minimes, Scolaires et Juniors. Avec eux, je m’amuse. Il y a encore moyen de faire passer le message. Mais je ne parviens plus à me passionner pour ces joueurs qui cassent les poteaux de corner quand ils ont marqué un but, pour ceux qui tombent comme s’ils étaient morts alors qu’on ne les a pas touchés et ceux qui se tordent de douleur après un simple contact et qui se mettent à courir comme des lapins après qu’on leur ai jeté un peu d’eau bénite. J’ai une carte me donnant l’accès à tous les stades du pays et je ne l’utilise jamais. En Italie, les gens ont peur d’aller au stade et cela me préoccupe même si je suis blindé. Tant que je vivrai je ferai tout pour qu’on n’oublie pas le drame du Heysel. La mémoire est la seule chose qui rende sa dignité à la douleur « .

La rencontre avec le hooligan repenti

Le samedi précédant le match aller de Ligue des Champions entre Liverpool et la Juventus, TerryWilson s’est rendu à Arezzo où il a rencontré Otello Lorentini et son petit-fils Andrea, qui servait d’interprète. Terry Wilson est, avec SteveMcDonald, un des deux hooligans qui, quelques jours après la tragédie, ont vendu leurs témoignages au SundayPeople. Ils se vantaient d’être à la base de la charge, racontaient qu’ils étaient dans le bloc Z, que les Italiens cherchaient misère et étaient armés de couteaux, qu’un Anglais valait trois Italiens, que le National Front (un parti d’extrême droite) n’avait rien à voir là-dedans et que c’était une excuse avancée par le président de Liverpool, Sir JohnSmith, pour défendre la réputation du club. A tout cela, les journalistes ont ajouté que les deux hooligans ont exhibé des objets pris aux victimes.

Otello Lorentini ne s’attendait pas à un tel rendez-vous mis sur pied par Jean-Philippe Leclaire, journaliste de L’Equipe. Yeux bleus, cheveux blonds, l’air embarrassé, Terry Wilson a répété à plusieurs reprises : I am sorry.

 » Je me suis longuement posé la question de savoir si je devais me rendre à cette rencontre. Je me demandais quelle serait ma réaction face à ce garçon qui était peut-être l’assassin de mon fils « , argumente Lorentini.  » D’ailleurs, si vous regardez le journal français vous verrez une photo où un supporter anglais frappe des supporters adverses. Ce jeune homme de 18 ans, c’est précisément Wilson. Je me suis dit que j’étais quand même un type calme et que je ne devais pas refuser ce face à face, surtout qu’en principe je ne hais personne. Il y avait de la tension et les premiers propos de l’Anglais n’étaient pas de nature à me plaire. Il a commencé par donner sa version des faits, celle qui veut que les supporters de Liverpool aient répondu à une menace. Qu’il n’avait pas vu de morts au stade mais qu’il s’était rendu compte de l’ampleur des dégâts en regardant les images de la télévision. Là, je lui ai rétorqué : – Moi, j’ai tout de suite réalisé. Je lui ai posé quelques questions pour lui faire comprendre que ce qu’il disait était faux. Des pierres avaient été lancées sur les supporters italiens bien avant que la grille de séparation ne soit tombée. Wilson a reconnu qu’il a donné des coups de bâton et agressé des supporters mais a insisté sur le fait qu’il n’avait tué personne… Mais son attitude a provoqué un marasme. Aujourd’hui, il mène apparemment une existence normale. Selon le journaliste français, après ses dix mois de préventive, Wilson a commencé à vendre de la drogue mais il s’en est sorti. Désormais, il est maître-nageur et a choisi le golf comme hobby. Toutefois, je n’ai pu m’empêcher de lui dire :-Tu te seras repenti et je ne te hais pas, mais je ne suis pas prêt à te pardonner !  »

Le fils de la victime rêve d’un match entre les joueurs du Heysel

Andrea Lorentini avait à peine trois ans quand son père est mort. Son frère Stefano n’avait qu’un an et demi. Depuis quelque temps, il a intégré le Comitato Permanente contro la Violenza nello Sport :  » Je l’ai évidemment fait pour venir en aide à mon grand-père, Otello. Il a fait preuve d’un grand courage pendant tout ce temps car il n’était pas facile d’avoir gain de cause contre des forces comme l’UEFA. Avec ma mère, il nous a permis à mon frère et à moi de grandir en toute tranquillité. Ma mère a tout fait pour assurer cette sérénité notamment en se gardant bien de répondre aux invitations qui lui étaient faites, refusant notamment de se laisser photographier. Ce n’était pas le cas de mon grand-père qui, en tant que président de l’association des familles des victimes, se devait de participer à certaines manifestations. Bien que je n’aie pas de souvenir bien particulier de mon père, il y avait dans notre vie un vide impossible à combler. Si j’ai rejoint le Comité permanent, c’est aussi parce que la violence dans le sport et dans le football en particulier est quelque chose qui me touche de près. Détruire la violence est un devoir moral pour tout un chacun. Malheureusement, les scènes d’intolérance sont toujours très nombreuses Nonobstant cela, le sport est ma plus grande passion au point que j’ai étudié le journalisme et que je viens de faire mes débuts dans un quotidien régional. Mon frère, lui, a hérité du goût pour les sciences qu’avait mon père puisqu’il termine des études de physique. Lui, il joue toujours au football, moi pas mais ma modeste expérience de footballeur m’a laissé de bons souvenirs. Ces années-là m’ont profondément enrichi et m’ont offert une adolescence merveilleuse « .

Pour donner une certaine résonance au 20e anniversaire du drame du Heysel, le Comité permanent a décidé d’envoyer une lettre aux dirigeants de la Juventus, de Liverpool et de l’UEFA afin que soit organisé un match amical à Arezzo. Les trois parties ont répondu au courrier et ont accepté de rencontrer le Comité permanent avant le match retour de Ligue des Champions du 13 avril dernier entre les deux clubs.

 » Cette idée vient de mon grand-père. Des forces politiques et économiques de la région sont prêtes à apporter leur soutien afin que viennent au stade communal d’Arezzo les deux équipes qui montèrent sur le terrain du Heysel. Ce match rejoué vingt ans après équivaudrait à une prise de conscience de ce qui s’est réellement passé. Une façon d’honorer dignement la mémoire de ceux qui, ce soir-là, ont été tués de manière barbare. Mais cette rencontre entre la Juventus, coupable d’avoir tout fait pour qu’on oublie au plus vite, et Liverpool, conscient du rôle de ses hooligans, doit être organisée par l’UEFA qui, en appel et en cassation, avait été condamnée en tant que coorganisateur et qui, depuis, est considérée comme responsable des manifestations organisées sous son égide…  »

Elle avait 17 ans et s’appelait Giusy

Le 5 juin 1985, le quotidien local IlCorriere Aretino, décidait d’être le promoteur d’une plaque commémorative aux noms des deux victimes d’Arezzo, Roberto Lorentini et Giuseppina Conti. Le conseil communal allait approuver la proposition et décidait même de donner leurs noms aux stades de Pescaiola et Rigutino, les localités dont ils étaient originaires.

A Rigutino, le comité du club est allé encore plus loin : il a carrément élevé un monument représentant le visage de la jeune fille, qui allait fêter son 18e anniversaire, a placé une grande photo à l’entrée des bureaux et a mis sur pied un tournoi de football pour jeunes, le Mémorial Giusy Conti, dont la première édition a eu lieu en mai 1986. Il y a un mois, les organisateurs étaient en train de monter les installations pour la 20e édition.

PieroLivi, membre du comité des jeunes :  » Il n’est pas question d’abandonner. Les années ont passé depuis la disparition tragique de Giusy sous les yeux de son père mais son souvenir est toujours vif : elle était connue et appréciée de tous. Elle habitait dans la maison juste derrière le terrain. Elle suivait notre club et jouait au tennis. C’est d’ailleurs pour cela qu’il y a également un tournoi de tennis qui lui est dédié « .

 » En fait elle aimait tous les sports et certains prétendent qu’elle aurait voulu devenir journaliste sportive « , ajoute FabioSantini, le président de la section  » jeunes  » de l’US Rigutino.  » On a écrit que la Juventus était sa passion et qu’elle voulait la voir remporter la Coupe des Champions. Elle avait assisté à la finale d’Athènes perdue contre Hambourg et espérait qu’à Bruxelles, pour son troisième essai, la Juve finirait bien par l’emporter. Au lieu de cela, elle y a laissé la vie, sous les yeux de son père. Je me souviens de l’enterrement. Il y avait une assistance folle, la rue de deux kilomètres qui sépare le domicile du cimetière était bondée. Son corps était arrivé le vendredi et la cérémonie a eu lieu le dimanche. Sa mère avait souhaité que Giusy passe encore quelques heures dans sa chambre, aux murs tapissés de posters de la Juve et du groupe pop anglais DuranDuran. Ses compagnons de classe sont venus la veiller. Antonio, le père de Giusy avait encore le visage tout noir à cause des coups qu’il avait reçus au Heysel. Il portait même un pansement. La photo de Giusy posée sur la tombe est la dernière qui a été prise d’elle… à Bruxelles « .

 » Ses parents ont été admirables « , ajoute Piero Livi.  » Ils sont restés dignes. Et bien que dans leur épicerie, il y avait une grande photo de leur gamine juste derrière la caisse, ils ne se sont jamais plaints et ont évité d’en parler. Mais Antonio n’a plus remis un pied dans un stade…  »

39 corps jetés en tas et étiquetés

CarlaGonnelli (18 ans lors du drame) était allée au Heysel avec son père, Giancarlo qui y a trouvé la mort. Aux dires de sa mère, RosalinaVannini, la plaie est toujours ouverte et cela fait quelques années que Carla a décidé de faire carrément le black out et de ne plus parler du tout de son malheur. Il y a quelques années, elle a raconté son histoire au journal La Repubblica :  » J’étais restée enterrée sous huit cadavres mais par chance, John est passé. Il a vu ma main entre ces corps. J’avais une bague de fiançailles comme celle de sa femme et il était en train de la chercher. Il me tira dehors, se rendit compte que je respirais et me fit emmener à l’hôpital. Je l’ai rencontré un an plus tard. Je voulais mettre un visage sur ces mains-là. Et lors de mon mariage, j’ai tenu à ce que soient aussi présentes les personnes qui m’ont aidée au Heysel, notamment une famille italienne de Bruxelles et de nombreux amis. En Belgique, j’ai beaucoup perdu mais j’ai aussi beaucoup trouvé. Mais évidemment, l’amertume est plus forte que la joie (…) Je rencontre parfois des gens qui me demandent combien d’argent j’ai obtenu en guise de dédommagement. Ils me regardent comme une millionnaire. Or, je travaille comme gardienne dans une école alors que j’ai un diplôme d’expert comptable. Les Coopératives Pisanes m’ont offert un boulot de magasinière si je racontais mon histoire à la télévision en faisant de la publicité et j’ai accepté parce que je ne voyais pas d’autre issue. Après trois mois, elles me laissèrent à la maison. J’ai été reprise sur les listes communales des invalides, mais je sais que des personnes prétendent que je suis pistonnée. Du Heysel, j’ai gardé une allergie pulmonaire et la rage à l’égard de l’inutile violence de gens qui deviennent fou au stade. Je ne réussis pas à rester au milieu de la foule, j’ai peur et je ne peux porter des cols trop hauts parce que j’ai l’impression de suffoquer « .

Carla est aujourd’hui devenue secrétaire dans une école.

 » Carla parle toujours de son père comme s’il était encore là « , dit sa mère.  » Je suis déjà retournée à Bruxelles pour revoir des personnes qui ont été extraordinaires avec ma fille. Je crois que des gens comme cela, on n’en trouve pas en Italie mais la Belgique m’a aussi dégoûtée par son comportement, par la façon dont elle a traité les personnes. J’ai beau tenter de les oublier mais les images de mon premier voyage me reviennent sans cesse à l’esprit. J’ai lu que c’est le cerveau qui veut cela. Je revois ce vieux cabanon sombre, ces 39 corps jetés en tas flanqués d’une étiquette portant les noms. On ne fait même pas cela avec les animaux. J’en veux aussi à la Juventus, qui ne s’est jamais manifestée. Au risque de choquer la mémoire de mon mari qui l’aimait, cela m’a fait plaisir que Liverpool l’ait éliminée récemment… « .

Le sabotage du dixième anniversaire

En novembre 2003, Francesco Caremani (35 ans) a publié le livre La verità sull’Heysel û Cronaca di une strage annunciata (la vérité sur le Heysel û chronique d’un drame annoncé). Journaliste indépendant, il a écrit un autre livre Il calcio oltre le barricate (le football au-delà des barricades), qui vient d’être primé à Paris. Francesco connaît bien la famille Lorentini et a rejoint le Comité permanent contre la violence dans le sport.

 » Attention, je tiens à préciser que j’ai renoncé à mes droits d’auteur « , affirme d’emblée Francesco Caremani.  » Si j’ai écrit ce livre, c’est parce que, jusque-là, on n’avait jamais donné la parole aux familles des victimes. D’ailleurs, j’ai été réconforté dans ma conviction quand, à l’occasion du tirage au sort des quarts de finale de finale, une équipe de la chaîne de télévision Sky est allée demander ses impressions à AnnaPassino, qui avait perdu son mari et son fils à Bruxelles. Celle-ci s’est contentée de sortir le bouquin en ajoutant : -Tout ce que j’ai à dire se trouve là-dedans « .

A l’époque des faits, Francesco Caremani était encore un enfant et reconnaît qu’il n’a pas suivi avec une grande attention les vicissitudes auxquelles devait faire face l’ Associazione tra le Famiglie delle Vittime :  » Même si j’étais un des rares Italiens à savoir que l’UEFA avait été condamnée en appel. Le jour du verdict, en juin 90, il n’y avait même pas un journaliste. Ils étaient tous au Mondial et c’est Otello Lorentini, qui a envoyé un message à l’agence de presse Ansa « .

Le Comité permanent, créé dans la foulée de l’Association, n’a pas attendu le 20e anniversaire du drame pour multiplier les initiatives. Il a organisé plusieurs congrès sur la violence dans le sport et des tournois de football pour les jeunes. Il a aussi créé un prix pour le journaliste ayant écrit le meilleur article contre la violence dans le sport et distribué des bourses d’étude. Mais, les rentrées financières l’ont obligé à faire des choix et le Comité permanent a accordé sa préférence aux manifestations sportives. Francesco Caremani est notamment à la base d’un DVD souvenir où il a recueilli un grand nombre de témoignages de personnes ayant vécu le drame. MarcoTardelli, l’ex-joueur de la Juventus et jusqu’à la mi-avril entraîneur d’Arezzo, a été l’un de ses premiers interviewés : » Quand je lui ai demandé quel souvenir il avait gardé de la catastrophe, il m’a répondu :-Ce sont des choses qui arrivent. Un point c’est tout. J’en ai eu le souffle coupé. « .

Le néant absolu pour les familles

Ceci étant, Caremani a appris au long de ses recherches que les familles des victimes ont dû se battre seules pendant les sept années de procès, que le monde du sport et celui de la politique ont toujours été absents. Il y a bien eu des réactions indignées de politiciens tout au début et puis, plus rien, le néant absolu.

 » Nous avions l’intention de donner une certaine résonance au dixième anniversaire. La journée le sport c’est la vie organisée au stade Comunale d’Arezzo a été boudée par les autorités politiques. La fédération italienne n’a même pas daigné répondre au fax que nous lui avions envoyé pour lui demander son soutien. Le 29 mai 1995 tombant un lundi, nous avions attiré l’attention du producteur du Processo del lunedi, (le procès du lundi). A l’époque, l’émission télévisée était en plein boum et son réalisateur avait trouvé que ce serait une superbe idée de la faire en direct d’Arezzo. Mais au moment de mettre les choses en place, nous n’avons plus reçu la moindre réponse. Comme nous insistions, on nous lança qu’il était impossible de diffuser l’émission d’Arezzo. Nous leur avons bien entendu rétorqué que nous étions disposés à nous rendre à Rome… Nous avions aussi un accord avec l’équipe nationale des chanteurs pour qu’elle rencontre l’équipe nationale des arbitres. Mais on ne sait pour quelle raison, elle a finalement décliné l’invitation. Bref, il n’a resté qu’une messe en la mémoire des victimes « .

Comment expliquer cette amnésie volontaire ?

 » Ce n’est pas un hasard si les dirigeants du foot italien et européen ont tout fait pour qu’on oublie le plus vite possible ce drame du Heysel « , explique Caremani.  » L’UEFA n’a évidemment pas accepté d’être considérée comme co-responsable des manifestations organisées en son nom. Elle a dû se préoccuper des problèmes de sécurité alors qu’elle ne l’avait pas vraiment fait jusque-là, laissant les autorités locales s’en charger. Elle empochait 80 % de la recette et saluait tout le monde. D’ailleurs dans leurs déclarations, Lennart Johansson, le président, et Gerd Aigner, le secrétaire général de l’époque, avaient souligné qu’ils ne possédaient pas de police propre et qu’il était impossible de s’assurer du bon déroulement des quelque 500 matches européens disputés pendant l’année.

La Belgique entière était consciente que son image en avait pris un coup. Ses politiciens, Charles-Ferdinand Nothomb, le ministre de l’Intérieur, en tête, ses forces de l’ordre et ses responsables sportifs avaient tous été dépassés par les événements. C’était la honte pour un pays très attaché à ses principes. La Belgique a toujours tout fait pour effacer cette tâche indélébile. Un an après le drame, CarlaGonnelli, une rescapée qui devait la vie à un supporter anglais, JohnWells, avait décidé de commémorer l’événement. Mais la Ville de Bruxelles interdit l’entrée du stade aux journalistes anglais venus immortaliser la rencontre entre la jeune et son sauveteur. Finalement, seule la jeune fille et ses parents purent se rendre sur les lieux. On a également empêché un supporter de la Juventus résidant à Bruxelles de déposer un bouquet de fleurs aux couleurs vert-blanc-rouge « .

Les rendez-vous ratés de 1990 et 2000

 » Il aura fallu attendre le vingtième anniversaire pour qu’une stèle soit placée. Et la plaque commémorative, avec une inscription In memoriam 29-05-1985 qui ne signifie pas grand-chose, a été placée à l’entrée du stade Roi Baudouin en 2000. En Italie, certaines personnes ont même ironisé en ajoutant que c’est en dessous de cette plaque que l’on entrepose les poubelles. La Belgique a même tiré un voile sur les tentatives de commémoration voulues par les autres. Ainsi quand Milan a rencontré Malines au Heysel en 1990, Franco Baresi n’a pas pu déposer une gerbe sur les marches du bloc Z, il n’y eut pas de minute de silence et les Milanisti se sont vu refuser le droit de porter un brassard noir. A la fin de la rencontre le capitaine milanais a déposé dans l’indifférence û certains de ses équipiers n’étaient même pas au courant û un bouquet de 39 roses rouges payé par un ami de PaoloTaveggia, le directeur administratif du club milanais. Et puis, en 2000 avant le match Belgique-Italie de l’EURO, pendant que la délégation italienne déposait son bouquet composé de 39 roses blanches, le haut-parleur du stade diffusait de la musique rock à fond.

La Juventus ne s’est jamais manifestée mais il est vrai que tant l’Association des familles des victimes et le Comité permanent contre la violence dans le sport ne l’ont pas contactée. Trois jours après le drame, GiampieroBoniperti, le président de l’époque, avait déclaré qu’il fallait mettre une pierre sur ce qui était arrivé. L’intention du club turinois était claire. Et quand je lui ai envoyé mon livre pour qu’on annonce sa sortie sur le site, il m’a été répondu qu’il n’entrait pas dans la politique de la maison de parler de livres qui relatent des catastrophes.

Liverpool a posé un geste lors du match aller contre la Juventus mais cela ne peut faire oublier 20 ans de silence. On a parlé de mémoire et d’amitié sans penser à inviter les familles des victimes. Distribuer des bracelets, des brochures c’est beau mais il faut aussi rappeler que sur le site du club, à la rubrique history, on peut lire une version révisionniste des faits : – Une heure avant le coup d’envoi, les supporters des deux camps se sont provoqués à travers une séparation solide comme un grillage à poules. Après qu’une pluie continue de missiles s’est abattue sur les secteurs réservés aux fans des Reds, certains supporters de Liverpool ont chargé leurs homologues italiens, ce qui a provoqué la panique. Sur la même page, on retrouve également un extrait de la biographie de KennyDalglish où l’Ecossais précise : – On ne peut que condamner le comportement de certains supporters de Liverpool, mais il est difficile de ne pas réagir quand ceux d’en face vous lancent des projectiles.

Si vous ne me croyez pas, voici l’adresse http://www.liverpoolfc.co.uk/lfc_story/heysel/.

Enfin, en France, le célèbre Variétés club, dans lequel évoluait Michel Platini, a joué pour tout le monde y compris pour les victimes de Furiani mais pas celles du Heysel, alors que de nombreuses demandes lui ont été formulées « .

Nicolas Ribaudo, envoyé à spécial Arezzo

 » Liverpool a parlé de MéMOIRE ET AMITIé mais sur le site du club, à la rubrique History, on peut lire une VERSION RéVISIONNISTE DES FAITS  »

 » Avant de quitter le stade, j’ai vu des Anglais s’amuser en lançant en l’air des objets appartenant aux morts : DéGOûTANT !  »

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