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Comment Mathieu van der Poel s’est frayé un chemin jusqu’au sommet absolu : « C’est la course. Et donc je vais faire la course »

Si l’on en croit son père Adrie, il « n’aime pas » qu’on le qualifie de phénomène. Et pourtant, il en est un. Dans les labourés, en VTT et sur l’asphalte. Car là aussi, Mathieu van der Poel (24 ans) a donné un visage à la notion de supériorité et d’esprit d’attaque dès son plus jeune âge. Retour sur l’épisode le moins connu de sa carrière.

« Il est transcendé par la zone temporelle imprévisible des dieux. » (le chroniqueur HugoCamps) « Mathieu a plus de talent qu’ Armstrong, Boonen et Cancellara« . (son ancien coéquipier StijnDevolder) « Un jour, on parlera de Van der Poeliens, comme aujourd’hui on parle de Merckxiens. » ( MarcLamberts, le coach de Wout van Aert)

À l’âge de neuf ans, il a gravi l’Alpe d’Huez et le Mont Ventoux, avec son père Adrie à ses côtés. Il a pleuré de souffrance pendant des kilomètres, mais il a tenu jusqu’au sommet.

Ce ne sont là que quelques-uns des superlatifs dont MathieuvanderPoel a fait l’objet ces dernières années. L’histoire d’un enfant prodige doté des gènes uniques de son père Adrie et de sa mère CorinnePoulidor, la fille de Raymond. Un enfant qui peut déjà marcher à l’âge de dix mois, faire du vélo sans roue de support à l’âge de trois ans et participer à de petites compétitions de cyclo-cross dès de cinq ans, officiellement un an trop tôt. Son rêve, déjà à l’époque: devenir cyclocrossman, car il est fan de SvenNys.

Mathieu pratique bien d’autres sports comme le judo, le tennis et le football (au KSK Kalmthout), mais il les délaisse lorsqu’il commence à se concentrer sur les labourés, à partir des Aspirants: rien ne lui plaît plus. Le petit-fils de Raymond Poulidor ne rêve pas d’une carrière sur route. Ça ne l’empêche pas de gravir l’Alpe d’Huez et le Mont Ventoux à l’âge de neuf ans avec son père Adrie. Il a pleuré de souffrance pendant des kilomètres, mais il a tenu jusqu’au sommet.

Cinq ans plus tard, le Néerlandais choisit Isorex comme première équipe cycliste. C’est dans cette équipe formatrice que des professionnels comme ThomasDeGendt, BertDeBacker et PieterSerry ont appris le métier. RudySteynen, un ami de la famille Van der Poel s’occupe de tout. Le père Adrie pense que c’est un choix judicieux pour ses fils, Mathieu et son frère aîné David : un beau programme, peu de pression, tout reste très ludique.

Mathieu van der Poel exulte: il vient d'être sacré champion du monde sur route junior après, pour une fois, une attaque dans les derniers kilomètres.
Mathieu van der Poel exulte: il vient d’être sacré champion du monde sur route junior après, pour une fois, une attaque dans les derniers kilomètres.© BELGAIMAGE

Mathieu s’aventure déjà dans les labourés: comme débutant première année, il remporte 22 victoires dès l’hiver 2009-2010. Toutefois, lors de la campagne sur route qui suit, son compteur reste à zéro. Parce que Van der Poel ne s’entraîne que le mercredi après-midi et laisse souvent gagner son coéquipier et partenaire d’entraînement ToonWouters. Il est souvent la « victime » de son envie, parfois excessive, d’attaquer dès le début. Cependant, ça lui permet de gagner de nombreuses primes et des points pour le classement de la montagne. Avec des prix à la clé, comme un cadre de vélo qu’il peut revendre.

Dans les cyclo-cross plus courts de l’hiver 2010-2011, le débutant deuxième année est capable de convertir ses tonnes d’énergie en victoires: 29 succès sur… 29. Au printemps et à l’été 2011, il mène également ses attaques sur route à leur terme, contrairement à l’année précédente. Le 27 mars 2011, Van der Poel remporte sa première course sur route, le Tour de Huijbergen. Un mois plus tard, il s’impose pour la première fois en Belgique, à Tamise.

Cette victoire est suivie par d’autres: au Circuit de Margraten, au championnat national de contre-la-montre et au GP Houtsaeger. Après un effort solitaire de cinquante kilomètres, il conserve… cinquante mètres d’avance. « Je n’ai jamais pensé que je resterais seul jusqu’à l’arrivée », rigole le débutant.

Début juillet, son envie d’attaquer reprend le dessus dans la course de côte ardennaise de Harzé. Cette fois-ci, il conserve plus de deux minutes d’avance sur NathanVanHooydonck (aujourd’hui chez Jumbo-Visma). Et il en impose autant à la mi-août dans la Course des raisins. Juste avant la mi-parcours, il laisse sur place Van Hooydonck, son seul compagnon d’échappée. Son avance: encore deux minutes.

Ardennes flamandes

L’hiver suivant, Van der Poel se présente dans les labourés avec un nouveau maillot: celui d’IKO-Enertherm, des frères Christoph et PhilipRoodhooft. Christoph a connu le père Adrie au café de RolandLiboton où, lorsqu’il était Junior, il avait reçu des conseils d’entraînement d’Adrie. Des années plus tard, lors du cyclo-cross de Gieten en 2009, Adrie demande à Christoph, à l’époque directeur sportif de NielsAlbert, s’il peut fournir des vélos à son fils David. Deux semaines plus tard, il ajoute: « J’ai un autre fils qui est encore meilleur. Il peut vraiment tout faire. Il a aussi droit à un vélo? »

C’est ainsi que Mathieu s’est retrouvé sous le férule de Roodhooft, où il a également fait pleuvoir les victoires lors de sa première saison Junior (2011-2012): 26 en trente cross. Il enfile, entre autres, son premier maillot arc-en-ciel à Coxyde, devant… Wout van Aert. Sur route aussi, les victoires s’enchaînent: dans les classiques néerlandaises, dans les courses de côte belges de Harzé et d’Herbeumont et dans le Tour des Vallées en France. Dans d’autres tours internationaux, en revanche, Van der Poel doit se contenter de places d’honneur. Et lors de son premier championnat du monde sur route, à Valkenburg, il ne termine « que » neuvième du sprint sur le Cauberg. MatejMohoric et CalebEwan remportent l’or et l’argent.

Junior vainqueur du GP Houtsaeger à Coxyde sous le maillot Isorex.
Junior vainqueur du GP Houtsaeger à Coxyde sous le maillot Isorex.© BELGAIMAGE

Après avoir à nouveau surclassé tout le monde dans les labourés durant la saison 2012-2013 (trente victoires en trente épreuves), Van der Poel passe également à la vitesse supérieure sur la route, avec son premier titre national, des victoires d’étape à la Course de la Paix et au GP Patton, et des victoires au classement général du Trophée Centre Morbihan, du Tour du Valromey et du GP Rüebliland, tout en remportant de nombreuses victoires d’étape. Pourtant, il déclare que sa plus belle victoire, cet été-là, est celle conquise à la course de côte de Harzé. Au terme d’un effort en solitaire de 75 kilomètres conclu avec plus d’une demi-minute d’avance sur LaurensDePlus. Même lorsqu’il est largement en tête, MvdP se force à rester debout sur les pédales dans les côtes, jusqu’à ce que l’acide lactique lui gicle des oreilles. « Voir les autres coureurs souffrir en montée alors que soi-même, on a l’impression de voler: c’est pour ça qu’on fait ce métier », déclare-t-il cette année-là à HUMO.

Même lorsqu’il est largement en tête, MvdP se force à rester debout sur les pédales dans les côtes, jusqu’à ce que l’acide lactique lui gicle des oreilles.

Cet été-là, Mathieu goûte également pour la première fois aux Ardennes flamandes dans une course sur route: la classique junior du Circuit Mandel-Leie-Schelde. Le Néerlandais grimpe directement le Kluisberg et le Vieux Quaremont. Au sommet du Paterberg, à nonante kilomètres de l’arrivée, il compte déjà près d’une minute d’avance. Van der Poel est toutefois rejoint à nouveau et, à cause d’un jeu tactique dans le final, il ne termine qu’en 32e position. Mais il s’est amusé.

Pourtant, il ne parvient pas à déployer ses ailes dans les semaines qui suivent: une blessure à la jambe entame sa confiance avant les Mondiaux de Florence, fin septembre 2013. D’autant que Van der Poel ne termine que cinquantième du contre-la-montre, en concédant plus de deux minutes au regretté IgorDecraene. Remporter l’épreuve en ligne suivante? Impossible, pense-t-il. Cependant, son père Adrie encourage Matje : « Tu peux aussi gagner sur une jambe et demie! » Et il lui donne un conseil: « Pour une fois, sois patient, et mise tout sur une attaque dans la dernière ascension. »

Le plan est parfaitement exécuté par son fils sur la Via Salviati. Il franchit la ligne d’arrivée avec trois secondes d’avance sur le peloton lancé à ses trousses. À la deuxième place, son grand rival MadsPedersen, qui deviendra champion du monde professionnel à Harrogate en 2019, au détriment de MvdP, vaincu par une fringale. Là il termine tête basse, alors qu’à Florence en 2013, il conclut en criant sa joie. « Le soulagement est toujours grand lors d’une course sur route, mais là, j’étais vraiment euphorique. Je n’oublierai jamais la sensation que j’ai ressentie dans cette dernière ligne droite », déclare Van der Poel, le premier Junior à avoir remporté des titres mondiaux à la fois dans les labourés et sur la route. L’entraîneur de l’équipe des jeunes, PietKuijs, ne tarit pas d’éloges à propos de sa pépite: « Mathieu, le nouveau PeterSagan? Il grimpe certainement mieux. Et il peut aussi briller dans les contre-la-montre et au sprint… Un super talent, même si la route vers le sommet est longue. Il doit d’abord encore un peu mûrir dans les labourés. »

Comment Mathieu van der Poel s'est frayé un chemin jusqu'au sommet absolu :
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C’est ce que Van der Poel a en tête, déclare-t-il plus tard à HUMO. « Être aussi éloigné de la maison, en tant que cycliste sur route, j’aurais du mal à le supporter. Mais après Florence, j’ai commencé à réfléchir. Bien sûr, j’aimerais un jour participer au Tour de France. Et les classiques devraient aussi me convenir. Mais je préfère cent fois le cyclo-cross. Même dans une course sur route de 120 kilomètres, je m’ennuie. Ce n’est pas compatible avec ma mentalité de course: j’aime attaquer dès le départ. »

Débuts professionnels

Van der Poel n’hésite donc pas à passer pro le 1er janvier 2014, 19 jours avant son 19e anniversaire, chez BKCP-Powerplus, l’équipe continentale (de cyclo-cross) des frères Roodhooft. En mai de la même année, il fait aussi ses débuts chez les grands sur route, lors du Tour de Belgique. Dans l’étape-reine, alors que le peloton a déjà été décimé après deux passages par le mur de Huy, il se laisse descendre jusqu’à la voiture du directeur sportif Christof Roodhooft. Celui-ci lui demande comment il se sent. « Je le saurai quand ils commenceront

vraiment la course! » Il a la réponse dans l’avant-dernière ascension, lorsqu’il comble tout seul l’écart sur un groupe qui comprend notamment le leader TonyMartin, Philippe Gilbert et Greg Van Avermaet. Le Néerlandais ne gagne pas – il termine à la 32e place du sprint – mais tout le monde parle de ce fameux démarrage.

Deux semaines plus tard, il fait à nouveau parler de lui en remportant le Tour du Limbourg. C’est sa toute première victoire professionnelle sur route, à seulement 19 ans, quatre mois et 27 jours. Son instinct de tueur et son envie irrépressible de gagner le poussent déjà à aller de l’avant. Christoph Roodhooft le constate également, un mois plus tard, dans les Boucles de la Mayenne. Il teste Van der Poel et lui promet un iPhone dernier cri s’il ne termine pas dans les cinq premiers lors du prologue. MvdP termine troisième, après avoir tout donné. Et dans les semaines qui suivent, il remporte des étapes au Tour d’Alsace et au Baltic Chain Tour (en plus du classement final). Aux championnats du monde Juniors de Ponferrada, il ne termine « que » dixième, après avoir attaqué dans la finale. Une déception, mais qui n’est plus qu’un lointain souvenir lorsqu’il prend le départ des Mondiaux de cyclo-cross, à Tábor en 2015. Après son premier titre national chez les professionnels, il devient également, à vingt ans et treize jours, le plus jeune coureur à enfiler le maillot arc-en-ciel parmi l’élite.

Après s’être octroyé une pause, le Néerlandais retrouve la route lors du Tour de Belgique. Dans l’étape-reine, il décide du déroulement de la course avec Van Avermaet et le jeune TiesjBenoot (21 ans). Il ne lâche que dans la montée finale, mais termine quand même sixième du général. S’en suit un été relativement calme. Le grand objectif est le Tour de l’Avenir. Mathieu veut savoir ce qu’il vaut dans les cols. Après avoir terminé quatrième du prologue, il chute dans la deuxième étape et se blesse au genou droit. Malgré une plaie ouverte, MvdP remonte sur son vélo. Abandonner? Hors de question. Malgré la douleur, il termine deuxième du sprint le lendemain. Cependant, le matin suivant, Van der Poel n’a plus la moindre force – les points de suture se sont déchirés – et se voit malgré tout contraint à jeter l’éponge.

De retour en Belgique, il est immédiatement opéré et obligé de se reposer pendant des semaines. Ce n’est que fin novembre que Van der Poel pourra commencer la saison de cyclo-cross 2015-2016 à Coxyde, et il se remettra à dominer à partir des fêtes de fin d’année. Il n’y a que lors des Mondiaux de Heusden-Zolder qu’il doit reconnaître la supériorité de Van Aert. Mais après cela, la saison sur route n’apportera pas grand-chose. Une chute en VTT oblige MvdP à subir deux autres opérations du genou en juillet 2016. Il doit à nouveau passer par la case revalidation, mais cette période le rendra plus fort physiquement et mentalement.

Van der Poel s'adjuge la deuxième étape du Tour de Belgique en battant au sprint Philippe Gilbert à Moorslede en 2017.
Van der Poel s’adjuge la deuxième étape du Tour de Belgique en battant au sprint Philippe Gilbert à Moorslede en 2017.© BELGAIMAGE

Prévision exacte

Début octobre, à Gieten, Van der Poel célèbre son retour dans les labourés, après quoi il remporte encore 22 cross. À Bièles, à son grand regret, il doit laisser le maillot arc-en-ciel à Van Aert après une série de crevaisons. Le Néerlandais débute à nouveau la nouvelle saison sur route au Tour de Belgique, entre deux courses de VTT. Le week-end précédent, lors de la manche de Coupe du monde à Nové Mesto, il stupéfie tout le monde: il passe de la nonantième à la huitième place. Son manager Christoph Roodhooft affirme que c’est, à ce jour, son plus bel exploit.

Le week-end suivant, la manche de Coupe du monde d’Albstadt est au menu, et le Tour de Belgique devient donc une petite épreuve intermédiaire, avec un objectif en tête. Pour ne pas perturber le bureau d’organisation Golazo, Van der Poel prévient Roodhooft qu’il gagnera l’étape du jeudi à Moorslede. Aussitôt dit, aussitôt fait: le Néerlandais se montre le plus rapide, devant Gilbert et Van Aert. À peine trois jours plus tard, l’enfant prodige termine deuxième à Albstadt. 26 secondes derrière le roi du VTT NinoSchurter, qui n’en croit pas ses yeux.

Gagner sur route lui procure plus d’euphorie qu’en cyclo-cross.

La semaine suivante, Van der Poel ne fait qu’une bouchée de la concurrence dans les Boucles de la Mayenne. L’histoire de la dernière étape est révélatrice: Matje prend le départ avec le maillot de leader sur les épaules et ne doit donc pas attaquer. Cependant, lorsqu’un petit groupe de coureurs se détache, il ne peut s’empêcher de les suivre. Le champion de France ArthurVichot, qui veut contrôler la course pour son coéquipier de la FDJ MarcSarreau, lui demande pourquoi il agit de la sorte. Van der Poel répond froidement: « C’est une course. Et donc je fais la course. » Au final, il remporte le sprint massif devant… Sarreau.

Les réserves d’énergie du Néerlandais sont (presque) illimitées, et il le démontre encore au Tour des Onze Villes quatre jours après avoir parcouru 700 kilomètres sur et autour du Mont Ventoux, à l’occasion du Mémorial TomSimpson. Le samedi soir, Van der Poel se rend en train en Belgique. Pour terminer deuxième à Bruges le dimanche, dans un sprint, derrière… Van Aert. Son explication: « Il me manquait un peu de fraîcheur… ». Un mois et demi plus tard, à la mi-août, il bat le Campinois et TacovanderHoorn dans À Travers le Hageland. Le prélude à un nouvel hiver de domination dans le cyclo-cross (2017-2018), avec pas moins de 31 victoires. Mais encore une fois sans titre mondial. Celui- ci revient à nouveau à Van Aert, à Valkenburg.

Le Néerlandais après son succès spectaculaire lors de l'édition 2019 de l'Amstel Gold Race.
Le Néerlandais après son succès spectaculaire lors de l’édition 2019 de l’Amstel Gold Race.© BELGAIMAGE

Feu d’artifice à Hoogerheide

Le printemps et l’été 2018 qui suivent sont principalement consacrés au VTT. Après trois manches de Coupe du monde, Van der Poel se voit cependant contraint de courir sur la route pendant quelques semaines, en raison d’une blessure au poignet qui l’oblige à éviter les chocs. Avec une victoire d’étape et le classement général aux Boucles de la Mayenne, ainsi qu’une deuxième victoire au Tour du Limbourg, le Néerlandais est déterminé à participer au championnat national à Hoogerheide, le village de son père Adrie, début juillet. Et ce, même si une manche de Coupe du monde de VTT est programmée dès la semaine suivante.

Lors du stage d’altitude à Livigno, juste avant le championnat national, MvdP ne court qu’en VTT, à l’exception d’une ascension du Stelvio. Pourtant, il promet un feu d’artifice à Hoogerheide. À cinquante kilomètres de l’arrivée, il tire déjà ses flèches, avec trois autres échappés. Cependant, 45 kilomètres plus loin, ils sont rattrapés. Juste assez pour un peu récupérer et ensuite surprendre tout le monde sur l’arrivée légèrement en pente. Après quoi, Van der Poel reste affalé sur l’asphalte pendant de longues minutes, son visage en sueur caressé par sa mère Corinne. « Bien joué, mon garçon. »

Matje considère lui-même cette victoire comme très spéciale. Lui et les frères Roodhooft réalisent qu’ils ne peuvent plus attendre pour le lancer sur les classiques printanières, avec le maillot néerlandais sur les épaules. Surtout lorsqu’il remporte également la médaille d’argent à l’EURO en août (derrière MatteoTrentin et devant Van Aert), et lorsqu’il gagne deux étapes de l’Arctic Race en Norvège.

Ces succès incitent Van der Poel à s’adjuger d’autres trophées sur route. En Norvège, il a beaucoup apprécié de courir dans une équipe très soudée. D’ailleurs, avouera-t-il plus tard, gagner sur route lui procure plus d’euphorie qu’en cyclo-cross, où l’accoutumance atténue l’excitation des nombreuses victoires. Même si ça ne l’empêche pas d’encore s’adjuger 32 succès durant l’hiver 2018-2019, dont – enfin – son deuxième titre mondial.

La suite est connue: au Tour des Flandres, il réalise une impressionnante remontée après une chute dans la descente du Vieux Quaremont, pour finalement terminer quatrième d’une classique qu’il aurait déjà dû gagner. Van der Poel se rattrape avec une victoire dans la Flèche Brabançonne et un retour miraculeux dans le dernier kilomètre de l’Amstel Gold Race.

Sur la route aussi, MvdP semble désormais sans limite. Où se situent-elles? À ce moment-là, personne ne le sait. Si ce n’est, peut-être, Raymond Poulidor, six mois avant sa mort. « Je ne veux pas tenter le destin, mais il m’arrive de rêver. Que Mathieu prenne le départ du Tour de France. Et enfile le maillot jaune, à Paris. » C’est peut-être une utopie. Du moins, en ce qui concerne l’endroit. Mais ce rêve jaune, Van der Poel l’a déjà réalisé à Mûr-de-Bretagne en 2021. Tout comme il a gagné le Tour des Flandres. Bien sûr, au terme d’une attaque audacieuse. Après l’arrivée, il n’a pu retenir ses larmes en pensant à son grand-père disparu. Là-haut, celui-ci donne fièrement une tape dans le dos de ses collègues cyclistes: « C’est Mathieu, mon petit phénomène ».

MvdP sur route en 7 chiffres

88

Le nombre de victoires que Van der Poel a remportées sur la route depuis les débutants (y compris les critériums et les courses du calendrier national – non-UCI – chez les élites).

20

Le pourcentage de victoires du Néerlandais dans les courses UCI chez les professionnels, y compris le classement final des courses à étapes (qu’il a terminées ou pas).

30

Le pourcentage de podiums de MvdP dans des courses UCI chez les professionnels.

2

Le nombre de courses qu’il avait disputées au niveau WorldTour avant d’immédiatement lever les bras (dans À Travers la Flandre en 2019). Aucun coureur n’avait réussi à le faire avant.

1

Le nombre de fois où un champion du monde de cyclo-cross en titre a également remporté une course d’un jour au printemps suivant (l’Amstel Gold Race): Van der Poel l’a fait en 2019, après que RogerDeVlaeminck a réalisé un doublé encore plus prestigieux en 1975: l’or aux Championnats du monde de Melchnau plus une victoire à Paris-Roubaix. En 2020, le Néerlandais a également remporté les championnats du monde de cyclo-cross et le Tour des Flandres, bien que ce monument ait été couru en automne.

12

Le nombre de fois, sur les treize dernières courses à étapes dont il a pris le départ depuis les Boucles de la Mayenne en 2018, où Van der Poel a remporté au moins une victoire d’étape. Il n’y a qu’au Tour d’Algarve 2020, au début de sa saison sur route, qu’il a dû se passer de succès d’étape.

6

Le nombre de fois consécutives où il a terminé dans le top 10 dans un monument dont il a pris le départ: en 2020, dixième du Tour de Lombardie, sixième de Liège-Bastogne-Liège et premier du Tour des Flandres, et en 2021, cinquième de Milan-Sanremo, deuxième du Tour des Flandres et troisième de Paris-Roubaix. Van der Poel a également terminé quatrième du Ronde en 2019 et treizième de la Primavera en 2020. C’est la seule fois où il a terminé hors du top 10 en sept participations à des monuments.

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