COMMENT LE CONTRER ?

Lorsque le Croate est dans les parages, aucun défenseur n’est à l’aise. Mais il y a des trucs.

Cinq défenseurs qui se sont mesurés au Croate cette saison parlent de cette aventure. Bosko Balaban est d’humeur changeante. Dégoûté et énervé un jour, brillant la semaine suivante, il est, de toute façon, toujours dangereux. Voilà la conclusion unanime de ses adversaires.

1. Le surveiller sans arrêt

Jonas De Roeck (Germinal Beerschot) :  » Dans le rectangle, Balaban se met toujours à bouger au moment où vous jetez un £il vers le ballon. C’est ainsi qu’il parvient à se placer de façon à avoir un peu plus de temps pour contrôler le ballon, puis tirer. Il fait d’abord un mouvement vers l’avant puis décroche, ce qui lui permet de gagner un mètre. Il tente toujours d’éviter le contact avec l’adversaire au moment d’aller au ballon. Il fuit les duels au corps à corps et c’est ce qui le rend si difficile à tenir. Avec lui, il vaut toujours mieux regarder l’homme que le ballon. On ne peut pas le lâcher des yeux et surtout pas lui laisser deux mètres.

Contre nous, je l’ai trouvé plus agressif que d’habitude. Avant, il me donnait parfois l’impression d’être un peu trop relax. Cette fois-ci, il semblait très concerné, comme s’il avait compris qu’à présent, c’était à lui d’inscrire des buts pour Bruges. Aujourd’hui, il peut être dangereux pendant 90 minutes alors que, la saison dernière, il se contentait de coups d’éclat « .

2. Se parler entre défenseurs

Nicky Hayen (Saint-Trond) :  » Contre nous, il était particulièrement mobile. Nous nous attendions pourtant davantage à un joueur qui allait choisir ses moments. Mais il a joué comme attaquant en retrait et a véritablement pris part au jeu. Ces derniers temps, Bosko tente d’être très présent et il ne cesse de bouger. C’est également dû au 4-4-2 prôné par EmilioFerrera. Avec TrondSollied et JanCeulemans, Bruges évoluait en 4-3-3 et Balaban jouait souvent à gauche, sans sortir de sa zone.

Quand un joueur comme Balaban se met à courir entre les lignes, il y a danger car les défenseurs risquent de ne plus savoir qui prendre. Il faut donc se parler pendant 90 minutes pour bien se comprendre : – Il est pour moi, il est pour mon partenaire, à moi de couvrir… Dans ces cas-là, pas besoin de consignes avant le match. La communication est donc cruciale mais en Belgique, on a encore beaucoup de progrès à faire sur ce plan.

Son point faible ? Quand la réussite ne lui sourit pas, il a tendance à laisser tomber les bras. Il est fragile mentalement et on peut jouer là-dessus. En commençant à parler avec lui après une action ratée, par exemple. Alors, cela devient difficile pour lui. Mais en Belgique, il n’est évidemment pas le premier venu. Il adore par exemple se laisser tomber car cela lui permet d’utiliser son arme favorite sur coup franc : une frappe de balle mortifère « .

3. Ne pas provoquer sa fierté

Davy Vanhoyweghen (Beveren)  » Il faut surtout se méfier de Balaban lorsqu’on a dit du mal de lui dans la presse ou lorsqu’on prétend qu’il est en moins bonne forme. Dans ces cas-là, il peut être terriblement motivé. Après avoir été sujet à la critique, il est toujours en super forme. Ça, c’est la caractéristique des grands joueurs. Si j’étais son entraîneur, je ne le laisserais jamais tranquille. Je l’exciterais, je le mettrais en évidence. C’est pour cela que je comprends qu’on le laisse parfois sur le banc. C’est une bonne façon de le motiver. De plus, il est surtout performant lorsque l’équipe tourne bien et joue en fonction de lui. Dans le football actuel, même les grands clubs ont des problèmes lorsque le ballon ne roule pas et qu’ils doivent compter sur un attaquant qui se contente de coups d’éclat ou de présence sur les phases arrêtées.

Ce n’est pas un joueur vicieux, il ne fait pas des fautes par derrière et ce n’est pas un emmerdeur non plus. Je me demande même s’il n’est pas plus dérangeant pour ses partenaires que pour ses adversaires car je les entends souvent crier qu’il doit donner le ballon d’une autre façon et, lorsqu’il est remplacé, on voit sur son visage qu’il n’est pas du tout content. Mais si j’avais dans mon équipe un garçon qui marque autant de buts et délivre autant d’assists, je l’autoriserais à être aussi embêtant qu’il veut « .

4. Le marquer à la culotte

James Lahousse (Roulers) :  » Je n’ai pas trouvé Balaban si difficile à tenir contre nous. Peut-être était-il dans un moins bon jour et on ne peut pas vraiment dire qu’il était très présent. Evidemment, c’est un joueur rusé. Vous vous rappelez ce coup franc obtenu face à Saint-Trond. Il a dit à ses équipiers ce qu’ils devaient faire et s’est éloigné, comme si cela ne l’intéressait pas. Il est allé se mettre à une place où il ne semblait pas vraiment dangereux et les défenseurs ont donc décidé de ne pas s’intéresser à lui. Mais qui a marqué ? Lui ! Malin ! S’il le veut vraiment, il est très fort : lignes de course, prestations physiques, instinct du buteur. Il faut juste qu’il ait envie. S’il mettait plus d’ordre dans sa tête, je pense qu’il serait encore plus fort.

A mon avis, le seul moyen de le prendre, c’est de le serrer de près. Il faut qu’il sente le souffle du défenseur dans sa nuque. Au fil du match, on voit alors qu’il se décourage. Et si on fait une faute, ça le dérange et ça devient difficile pour lui « .

5. Ne pas le laisser tirer

Djordje Svetlicic(Gantoise) :  » Balaban est un brave mec. Et même quand on ne le voit pas pendant 90 minutes, il est toujours capable de marquer. C’est le genre de joueurs très frustrants pour un défenseur. Il faut toujours être concentré à 100 %. Son point fort, c’est incontestablement son efficacité. Pour le moment, je pense qu’il joue à un niveau normal mais qu’il peut encore être meilleur. La saison dernière, je l’ai trouvé super pendant six ou sept matches d’affilée. Il marquait encore davantage que maintenant.

Si vous me demandez si je trouve qu’il court beaucoup, je vous répondrai qu’il court suffisamment et, surtout, intelligemment. Les défenseurs ont sans doute bien plus de travail avec un Salou Ibrahim, par exemple. Il faut lutter, courir, tout quoi ! Mais à la fin, c’est quand même Balaban qui marque !

Bosko est surtout dangereux s’il est en position de tir. Des 25 aux 30 mètres, il est mortel et, pour l’empêcher de faire du dégât, il n’y a pas d’autre solution que de se jeter de tout son corps devant le ballon. Si je devais donner un conseil à un jeune qui ne le connaît pas et devrait l’affronter, je répéterais 100 fois la même chose : -Ne le laisse pas tirer !  »

KRISTOF DE RYCK

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