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COMMENT L’ANTWERP SUBLIME UN EFFECTIF TROP LÉGER

La recette est presque aussi ancienne que le début de carrière de Laszlo Bölöni. À tel point qu’on n’imaginait personne d’autre que le Roumain pour la sortir d’un grimoire tactique poussiéreux. Quelques exceptions mises à part, le XXIe siècle a rangé le marquage individuel au rayon des souvenirs et du football d’hier. Débarqué à Anvers, l’ancien coach du Standard a pourtant modernisé la formule. Parce qu’elle était sans doute celle qui correspondait le mieux à son équipe.

L’Antwerp possède certainement l’un des noyaux les plus limités du championnat. Aucun buteur capable de faire régulièrement la différence devant, des ailiers sprinters ou intermittents, et un milieu de terrain besogneux, où les seules inspirations offensives naissent dans le pied gauche de Geoffrey Hairemans, talentueux mais trop lent à s’activer pour être imprévisible.

Alors, le Great Old s’est inventé autrement. Bölöni a constaté que son équipe débordait de muscles et de centimètres, et a passé les premières semaines de son mandat à l’affûter physiquement, pour la transformer en muraille. Pour gommer le manque de vitesse de sa ligne arrière peuplée de colosses, le Roumain a donc instauré un marquage individuel à l’ancienne, avec un libéro pour protéger le tout et limiter au mieux le travail donné chaque semaine à Sinan Bolat, faiseur de miracles régulier du Bosuil.

La tactique de Bölöni s’adapte donc constamment. Quatre défenseurs quand l’adversaire se présente avec une seule pointe et deux ailiers, mais une défense à cinq s’il faut stopper un duo d’attaquants. Le tout avec un bon vieux marquage à la culotte, qui permet à la ligne arrière anversoise de faire parler son exubérance physique. Le gang de Laszlo multiplie les fautes, et cinq de ses membres ont d’ailleurs déjà atteint la barre des cinq cartons jaunes. Jelle Van Damme incarne cette philosophie à merveille, avec sa moyenne d’un carton tous les deux matches.

Tout cela ne devrait faire de l’Antwerp qu’une équipe brutale, portée par un public bruyant qui alimenterait le cliché si souvent entendu lors de déplacements dans certains stades du pays :  » Il n’y a pas beaucoup d’équipes qui prendront des points ici.  » La seule différence, c’est que le Great Old est sorti de l’anonymat par la grâce d’un classement hallucinant, qui lui a permis de virer aux deux tiers du championnat sur un confortable siège estampillé  » play-offs 1 « . Pourtant, les Anversois n’ont ni une des meilleures attaques, ni une des meilleures défenses de Pro League.

Serait-ce une belle série vouée à se terminer rapidement ? Ou bien y a-t-il autre chose ? Offensivement, le hasard est bien plus important dans la formule de Bölöni. Le Roumain a par contre visé juste en faisant confiance à William Owusu, directement impliqué dans un quart des buts de son équipe (5 buts, 2 passes décisives). Virevoltant, même si parfois maladroit, l’ailier transformé en attaquant affiche une pointe de vitesse suffisante pour mettre la plupart des défenses du pays mal à l’aise. Et l’émergence de Joaquin Ardaiz, puissant attaquant uruguayen capable de faire des différences impressionnantes dans son jeu vertical, fait actuellement monter la menace offensive anversoise d’un cran.

Obbi Oularé semblait être la seule arme crédible de l’attaque du Bosuil en début de saison, mais le Great Old se découvre des atouts inattendus. Laszlo Bölöni n’est pas encore démodé.

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