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COMMENT IVAN LEKO A CHANGÉ BRUGES

De son titre avec le Standard à sa mission accomplie en Venise du Nord, en passant par une deuxième place avec une Gantoise encore en chantier, Michel Preud’homme a longtemps dicté les règles du jeu national. Son football, fait de duels au corps-à-corps et de transitions rapides, lui a offert huit places sur le podium en autant de tentatives, à la tête de trois clubs différents. Voilà le genre de succession que devait assurer Ivan Leko, installé sur le banc de Bruges grâce au football cérébral, fait de mouvement et d’espaces, qu’il avait instauré à Saint-Trond.

Au Jan Breydel, la première mission du Croate a été de rendre les joueurs plus proches du ballon, en les éloignant du corps de leur adversaire direct. Wesley et Stefano Denswil, en particulier, avaient tendance à chercher systématiquement le contact, alors que Leko voulait surtout qu’ils cherchent l’espace. Le nouveau coach les a donc installés dans un système différent, un 3-5-2 qui empêchait de transformer la zone en marquage individuel, ce qui arrive fréquemment quand les 4-2-3-1 s’entrechoquent sur les pelouses belges.

Bruges, qui était venu à bout du Gand d’ Hein Vanhaezebrouck en installant des un-contre-un partout sur le terrain, a dû ruser pour éviter que les rapports de force individuels gouvernent le championnat. Si cela avait été le cas, les limites des Brugeois, sans doute intrinsèquement moins bien armés que Genk, Gand, le Standard ou Anderlecht, n’auraient jamais pu lutter pour le titre.

Leko a donc installé une possession articulée autour de deux losanges, formés à chaque fois par l’arrière central excentré, le joueur de couloir, le milieu de terrain et l’attaquant. À gauche, Hans Vanaken a souvent mis les véloces Anthony Limbombe et Abdoulay Diaby sur orbite tandis qu’à l’opposé, les décrochages de l’attaquant et le jeu prudent de Dion Cools laissaient le flanc libre pour les infiltrations de Ruud Vormer, sacré roi de la passe décisive grâce à ses centres millimétrés en bout de course.

Là où le Club de Preud’homme le recherchait sans arrêt, celui de Leko a fui le duel. Mis à part quand il opposait Anthony Limbombe à l’arrière droit adverse, il était trop souvent perdu d’avance pour les Brugeois. Les hommes forts de la première partie de saison triomphale des Brugeois étaient tous des hommes d’espace, presque incapables d’effacer un adversaire par un dribble : Vormer, Vanaken, Vossen. Les étincelles de Diaby, Limbombe ou Emmanuel Dennis ont permis à Leko de gagner du temps, et quelques points, mais elles ne faisaient pas partie de son plan initial, qui mettait le mouvement et le ballon au centre de l’attention.

Leko a toujours voulu créer le surnombre, au coeur du jeu ou sur les côtés. Il a voulu installer Jordy Clasie dans son onze de base, pour assurer le danger plus bas sur le terrain, avec une possession plus qualitative que celle offerte par Marvelous Nakamba. Quand les infiltrations de Vormer ne passaient plus, il a ressuscité Lior Refaelov, posé à la pointe d’un milieu de terrain en losange, derrière un attaquant unique. Mais très vite, Bruges a une nouvelle fois eu besoin d’espaces et de vitesse. L’ultime sursaut de Diaby, terreur de la profondeur, a relancé le Club vers un titre incontestable, pour conclure le récit d’un triomphe aux idées claires.

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