Comment dit-on black-blanc-beur en allemand ?

Dans quelques heures, on saura si la Mannschaft 2010 a le droit d’espérer remporter une quatrième Coupe du Monde (et d’arriver à égalité avec l’Italie, derrière le quintuple vainqueur brésilien). Outre-Rhin, la victoire contre l’Argentine a provoqué la folie. Tout le monde aime cette Allemagne et la comparaison avec la France de 1998 est vite faite par certains. Tous ces joueurs présentent des origines ethniques diverses. Cela fait le bonheur de ceux qui aiment les contes de fées, mais par rapport au foot, il n’y a qu’une ressemblance avec les Bleus des nineties : les Allemands présentent une superbe génération de joueurs.

On a beau présenter Joachim Löw comme un génie méconnu sorti de sa Forêt Noire, la vérité est que tout coach normalement efficace doit obtenir des résultats avec une équipe pareille. Mais ô miracle, on attribue à son Spielen und gehen des vertus fantastiques. Or, le bonhomme n’a rien révolutionné. Donner son ballon puis bouger pour créer de l’espace est un fondamental de tous les jeux d’équipe où il s’agit de marquer dans un but. Du basket ( give and go) au korfball, en passant par le hockey sur glace.

Il n’y a que Diego Maradona qui rêve encore de gagner des grands tournois en donnant le ballon à son meilleur joueur et en le laissant se débrouiller. Or, mettez Lionel Messi dans n’importe quelle équipe du Final Four afsud et il vous fera à nouveau baver de bonheur. Le 6 juin, on titrait  » Maradona, génie ou imposteur ? » en couverture. On a la réponse.

Löw n’est jamais que le digne héritier d’un Jürgen Klinsmann, qui avait tenté de donner un nouveau souffle à la Mannschaft en 2006. Résidant aux Etats-Unis, il voulut donner l’image d’une révolution, avec un peu trop de flonflons mais essayait plus simplement de faire du neuf avec des vieux principes bien solides comme mise à disposition de tous au travail de récupération du ballon et transition instantanée vers l’offensive. Beaucoup de gimmicks mais seulement une troisième place il y a quatre ans.

Son ex-adjoint a bien de la chance d’avoir sous ses ordres une telle génération. Des footballeurs de très grand talent avec des physiques de décathloniens ( Miroslav Klose a perdu 5 kilos pour être au top) et des tronches bien pleines. Durant les hymnes nationaux d’Allemagne-Argentine, Thomas Müller a fait un clin d’£il à la caméra qui filmait les joueurs en enfilade. Il ruisselait de confiance en lui. Quelques minutes plus tard, il marquait déjà le 1-0 de la Mannschaft. Il est suspendu contre l’Espagne mais ça ne fait pas peur aux Allemands. Ils savent qu’ils peuvent continuer sur leur lancée car ils vont à nouveau affronter une équipe offensive et sont persuadés que ça leur convient après avoir mis quatre buts à l’Angleterre et à l’Argentine. A dix toute une mi-temps suite à l’exclusion de Klose, ils n’ont souffert que contre la Serbie attentiste et roublarde de Milan Jovanovic.

Mais que la Mannschaft se méfie de la Roja. L’équipe de Vicente Del Bosque a eu besoin de beaucoup d’occasions pour marquer jusqu’à présent, mais dès qu’elle peut développer son jeu, elle finit toujours par faire chanceler toutes les défenses. Elle a énormément souffert contre le Paraguay, qui pressa très haut, empêchant la défense espagnole de construire comme elle en a l’habitude. Löw sait qu’il peut demander ça à son équipe talentueuse et drillée.

On l’avait rencontré il y a un an à Istanbul et il disait que ses internationaux souffraient d’un déficit de haute compétition, étant donné qu’ils jouent tous en Bundesliga. Aujourd’hui, on se dit qu’il voyait les choses un peu trop en noir. l

PAR JOHN BAETE

« Par rapport à Klinsmann, Löw a bien de la chance d’avoir sous ses ordres une telle génération. »

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