Comment choisir un entraîneur?

Vous entretenez une relation privilégiée avec votre président. Il ne vous fera pas sauter après trois mauvais résultats?

Broos: Ce n’est pas parce que j’ai la confiance de Jean-Pierre Detremmerie que je me sens indéboulonnable ou que je suis plus relax. Un entraîneur veut toujours prouver quelque chose. Moins de pression? Mon oeil! Si Mouscron perd trois fois d’affilée, je serai de très mauvaise humeur, que mon président me soutienne ou pas. Je sais qu’on me donnera l’occasion de résoudre plus sereinement les problèmes si l’équipe traverse un creux, mais cela ne suffira pas à me rendre heureux.

Scifo: Pourquoi Detremmerie fait-il autant confiance à Hugo? Parce que les résultats des dernières saisons parlent pour lui. Le président de Mouscron sait que si son entraîneur a été capable de mener ce club deux fois de suite à la quatrième place, c’est qu’il a de grandes qualités.

Un président ne défend pas son entraîneur seulement parce qu’il l’apprécie pour ses qualités humaines. Mon cas est légèrement différent dans le mesure où je suis aussi dirigeant. Si l’équipe s’incline, je perds comme entraîneur et comme actionnaire. Mais si Abbas Bayat m’a demandé de reprendre l’équipe, c’est parce qu’il savait que je ne ferais pas ça seulement comme membre de l’équipe dirigeante.

Broos: Jean-Pierre Detremmerie m’a confirmé sa confiance lors de la saison la plus difficile de Mouscron en D1. Cela devrait être un exemple pour tous les présidents qui croient plus en leurs joueurs qu’en leur entraîneur. A partir du moment où l’entraîneur est compétent et ne fait pas de bêtises, il n’y a pas lieu de le mettre dehors.

Scifo: Pendant ma carrière de joueur, je me suis plus d’une fois rendu compte de l’inutilité de virer un entraîneur en cours de championnat. Cela se justifie seulement quand l’équipe est menacée à trois ou quatre matches de la fin de la saison et qu’il faut absolument provoquer un déclic.

Broos: Le gros problème de beaucoup d’équipes vient de l’incohérence des dirigeants quand ils choisissent un nouvel entraîneur. Pourquoi Houwaart s’est-il planté à Gand? Parce que la direction a fait venir un entraîneur au profil tout à fait opposé à celui de son prédécesseur : Sollied. Houwaart a des compétences footballistiques énormes. Mais il prône l’improvisation alors que les joueurs de La Gantoise étaient habitués à s’entraîner avec un Sollied qui ne jurait que par l’organisation. Ce fut un gros handicap pour Houwaart. Mais je me suis aussi retrouvé à Mouscron alors que l’ombre de Leekens n’avait pas encore quitté le Canonnier, et cela ne m’a pas empêché de m’y imposer.

Scifo: Parce que tu avais plus de personnalité que lui…

Broos: Très peu de dirigeants ont une vraie vision, en Belgique. Comment choisit-on un entraîneur? On voit qui est libre. Un exemple: on voudrait Scifo mais il est trop cher. Alors, on discute avec Broos parce qu’il est sur le marché. Mais il est plus cher que Scifo. On passe alors un coup de fil à Meeuws, qui est encore moins bon marché que Broos. Résultat: on prend Broos. Mais on n’a pas cherché à savoir si Broos avait le style de la maison, on ne lui a pas demandé comment il voyait l’avenir du club et comment il comptait travailler.

A Charleroi, on commence enfin à avoir une ligne de conduite. Pendant plusieurs saisons, il n’y a eu aucun fil rouge là-bas. Le Sporting battait Anderlecht et le Standard, c’était carnaval et ça suffisait au bonheur des dirigeants. Quand on a une ligne de conduite, c’est beaucoup plus facile de se rattraper après un passage à vide.

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