Comment Anderlecht a découvert son 4-2-4 des sixties

En 1958, le président d’Anderlecht, Albert Roosens, s’intéresse aux articles de la presse spécialisée française. Elle souligne la vaillance des Bleus, brillants troisièmes mais il y a plus… Le foot vit une profonde mutation grâce au Brésil de Pelé, la star du Mondial 58, le premier remporté par les Cariocas. Jean-PhilippeRéthacker, une des plus célèbres plumes tricolores, décortique le plan de jeu des Sud-Américains qui appliquent le 4-2-4 : c’est une révolution alors que le WM a la cote. A une époque où la télévision est balbutiante, cela n’échappe pas à Roosens qui rêve d’un jeu bien léché pour son club.

Il écrit à Réthacker afin d’échanger leur idées et en fait de même avec Albert Batteux, l’entraîneur des Français en Suède. Roosens est sur la balle et en 1960, suivant les conseils de Batteux, il engage un coach de 36 ans : Pierre Sinibaldi. En fin connaisseur, le président ne sort pas le carnet de chèques mais mise sur une vision, sur la passion du jeu. Ce fut un coup au c£ur de la cible avec entre autres quatre titres à la clef (1962, 1964, 1965, 1966), la défense à quatre en ligne, la pratique du piège du hors-jeu, etc. Même si la Belgique n’a pas pris part au Mondial 58, cet événement a eu un impact important sur son foot. Sinibaldi n’a jamais eu besoin de préparateur physique ; il s’est toujours débrouillé seul. Plus tard, on a vu débarquer un spécialiste de la mise en condition, Michel Verschueren. Le groupe a tout de suite considéré que sa façon de voir les choses ne convenait pas au foot : il a compris et est devenu un grand dirigeant.

Peu attiré par le travail de mise en condition physique, Raymond Goethals a confié un jour les Mauves durant le mois de juillet à un journaliste-athlète, Milou Blavier, qui les emmena régulièrement sur les sentiers de la Forêt de Soignes : une heure de trottinement avec des accélérations sur une centaine de mètres. Certains ont apprécié mais deux énergumènes ( Johnny Dusbaba et Benny Nielsen) ont raté un jour le bus du retour pour s’être cachés dans les fourrés. Ils y sont restés plus longtemps que prévu car le groupe changea d’itinéraire. Iniesta et Xavi n’ont jamais imité Dusbaba et Nielsen : les artistes d’aujourd’hui sont aussi de remarquables athlètes.

PROPOS RECUEILLIS PAR PIERRE BILIC

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