Comme chez soi

Anderlecht, c’est le jardin du T2 des Coalisés.

Daring puis RWDM comme joueur ou coach et adjoint, FC Brussels en tant que T2 : Edy De Bolle aura presque tout vécu au Boulevard Louis Mettewie. Mais Anderlecht ne constitue pas une inconnue non plus, puisqu’il a porté le maillot mauve et y a coaché des Cadets :  » Molenbeek c’est ma maison et Anderlecht c’est mon jardin. J’ai passé plus de quinze ans chez les Rouge et Noir et cinq chez les Mauve et Blanc. Et je me suis toujours très bien senti de part et d’autre : l’impression de faire partie de la famille « .

Au départ, pourtant, le passage de l’élégant milieu offensif dans les rangs de l’ennemi avait fait jaser parmi les plus irréductibles des supporters locaux. Et, à trois kilomètres de là, certains se posaient également des questions sur le bien-fondé de cette manoeuvre, entendu que le talent ne manquait pas au RSCA.

 » A l’époque, les passions étaient vraiment exacerbées « , rappelle-t-il.  » L’une des chevilles ouvrières du Daring, Jean Destrijcker, préposé au matériel actuel, ne faisait jamais le déplacement du côté de Saint-Guidon. Avec le temps, tout s’est dilué. Essentiellement en raison de toutes les passerelles qui se sont installées « .

En 1972, De Bolle faisait office de précurseur. Par la suite, les échanges furent plus nombreux, tant au niveau des joueurs ( Morten Olsen et Benny Nielsen notamment) que des cadres. En premier lieu, c’est le manager Michel Verschueren qui fit le déménagement, suivi par pas mal d’autres. C’est ainsi qu’en guise de T2, notre interlocuteur retrouve aujourd’hui, côté anderlechtois, Daniel Renders et Ariel Jacobs, avec qui il formait encore il n’y a pas si longtemps un triumvirat chez les Coalisés…

 » Anderlecht est un beau bébé  »

 » On dit que le monde est petit, mais celui du football l’est davantage encore « , observe-t-il.  » J’ai été formé autrefois par Jos Renders, le père de Daniel et j’ai encore eu comme coéquipier, à la fin des années 70, un certain Johan Vermeersch…. qui fut à la base de la modernisation du stade du RSCA durant la décennie suivante. Comme quoi, il est franchement loin le temps où le président du Daring puis du RWDM, Jean-Baptiste L’Ecluse, voulait implanter ses buildings sur le Parc Astrid. En coulisses, les deux clubs se sont manifestement rapprochés « .

Sur le terrain, toutefois, la réalité est autre. Avec un clivage manifeste entre des Sportingmen champions de Belgique et des Brusselsmen qui n’ont assuré leur maintien qu’in extremis la saison passée… et qui peuvent s’estimer très heureux que la dernière journée ait compté pour du beurre. Sans quoi le 6 à 0 bien tassé subi au Parc Astrid aurait pu être fort lourd de conséquences.

 » Un derby reste et restera toujours un derby « , commente De Bolle.  » C’est sûr que ce score de tennis ne suscitait pas la moindre contestation. Mais je rappellerai quand même qu’au match aller, Anderlecht avait été tout heureux de ramener les trois points grâce à une reprise acrobatique de Mémé Tchité sur le fil. Tout peut toujours aller dans un sens comme dans l’autre dans ce genre de match et c’est pourquoi cette sévère défaite ne veut rien dire. Au contraire, elle va doper les joueurs, soucieux de ne pas subir deux fois de rang le même camouflet « .

Voici un an, après trois matches, les troupes de Frankie Vercauteren caracolaient en tête du classement. Les Coalisés avaient également le maximum de points ! Douze mois après, on est loin du compte et c’est un tout autre boulevard que le Mettewie qui sépare déjà les deux capitalistes.

 » Anderlecht, c’est un beau bébé alors que le FC Brussels est encore en gestation « , dit le T2.  » Le Sporting présente l’avantage appréciable de pouvoir poursuivre sur sa lancée de 2006-07 alors que, chez nous, il a fallu revoir sérieusement la copie. J’enfoncerai, bien sûr, une porte ouverte en affirmant que c’est l’attaque qui nous pose le plus de problèmes. Si, au Parc Astrid, c’est Byzance, nous n’avons pu tabler lors des deux premières journées que sur le seul Lutula Eale aux avant-postes. C’est maigre, cela va sans dire « .

 » Fort est notre Frutos  »

Depuis la rencontre face à La Gantoise, les Coalisés peuvent compter sur l’apport de Pavel Fort. Un transfuge dont De Bolle attend beaucoup, en ce sens que le Tchèque a fait montre d’aptitudes évidentes lors de ses premières séances de préparation. Même s’il y a loin entre les entraînements et des joutes officielles.

 » A mes yeux, ce garçon peut être tout simplement pour nous ce que représente Nicolas Frutos à Anderlecht « , avance De Bolle.  » L’attaquant argentin est des plus précieux, parce qu’il pèse à la fois de tout son poids sur la défense adverse de même que sur le rendement de ses partenaires. Si les Mauves avaient pu compter sur ses services à Fenerbahce, ils ne seraient pas revenus les mains vides. A ses côtés, les artistes au pied léger que sont Ahmed Hassan, Tchité et Mbark Boussoufa se seraient nettement mieux exprimés. De notre côté, c’est la même chanson. Il nous a manqué un point d’ancrage devant, susceptible de permettre aux autres d’opérer la jonction. C’est pourquoi des gars comme Matumona Zola ou Julien Gorius n’ont pas encore eu leur rendement normal. La présence de Fort devrait logiquement leur permettre de retrouver cette superbe. Tout en soulageant Lutula « .

Et pourquoi pas à Anderlecht ? Albert Cartier n’a nullement apprécié la soirée portes ouvertes du titre des Mauves…  » Je n’ai pas dû attendre cette semaine pour qu’il évoque cette rencontre « , conclut De Bolle.  » Manifestement, il y a un affront à laver. Une chose est sûre : le Brussels ne va pas se présenter en victime consentante à Anderlecht. Si le Sporting veut les trois points, il devra venir les chercher. N’en déplaise à mes bons amis Ariel, Daniel, Michel et les autres (il rit) « …

par bruno govers – photo: reporters

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