Combien de temps tiendra-t-il ?

Le Limbourgeois rebondit dans un club anonyme et opaque, dirigé de façon despotique.

J acky Mathijssen avait difficilement digéré la rupture imposée par le Club Bruges et avait demandé de souffler quelques mois. Cela tombait bien : son image était écornée. En outre, il a vu le Club développer un football de combinaisons sans cesse meilleur avec un entraîneur, Adrie Koster, devenu un dieu. Même si le Club ne compte que deux points de plus qu’il y a un an au même moment… Le jeu est quand même plus attractif, plus courageux, plus inventif, il fait mieux circuler le ballon et procède moins par longs ballons. Que doit ressentir un entraîneur aussi fier que Mathijssen ? Se remet-il en question, découvre-t-il ses limites ? Jacky n’en a soufflé mot.

En tout cas, il doit avoir vraiment envie de travailler pour se fourrer dans ce guêpier. La politique de Lokeren est dépourvue de la moindre continuité. Le despotique président Roger Lambrecht se mêle sans la moindre gêne de sa légion étrangère -21 étrangers, sept Belges – et son directeur sportif, Willy Verhoost, aime voir jouer ses Africains. Lambrecht est là depuis 15 ans. Agé de 78 ans, il s’est entouré de béni-oui-oui qui redoutent ses crises de colère. Ceux qui le critiquent, comme Frédéric Dupré, sont écartés… Mathijssen est son 18e entraîneur depuis qu’il a effacé les dettes en 1994. A l’exception de Fi Van Hoof et de… Paul Put, aucun entraîneur n’est resté plus de deux ans. Le mandat d’ Aleksandar Jankovic n’a pas excédé sept mois. Le Serbe a tenté de développer un football soigné mais il a été victime de l’inefficacité de ses attaquants.

Mathijssen peut-il renverser la vapeur ? Le Limbourgeois se considère comme un entraîneur de rendement, qui peut renforcer le mental de ses joueurs, mais il découvrira vite les intérêts parfois contradictoires en jeu à Lokeren. Au début, il sera soutenu puis il sera confronté à la réalité qui est, avant tout, de rassurer Lambrecht.

Ce n’est pas ainsi qu’on fait avancer un club. Malgré ses incessants changements d’entraîneurs, Lokeren est un club anonyme et opaque. Il a besoin d’une nouvelle dynamique et d’objectifs réalistes. En début de saison, Lambrecht visait une place dans le top six et s’enthousiasmait devant le football attrayant de Jankovic. Trois mois plus tard, tout a changé. Sauf Lambrecht, qui règne toujours d’une poigne de fer. Combien de temps Mathijssen tiendra-t-il ?

par jacques sys

« Le bilan de Roger Lambrecht : 18 entraîneurs en 15 ans. »

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