COLONIE montoise

Avec un noyau presque entièrement francophone, les Flandriens tiennent le haut du pavé en D2.

Coincée au milieu des Ardennes flamandes, Renaix ne fait pas de bruit.  » Ce qui est triste pour la commune, c’est qu’elle n’est pas située loin des grandes villes mais qu’en même temps, c’est déjà trop loin. On se trouve un peu au milieu de nulle part « , explique le stopper Mustapha Douai (29 ans).

Sur le plan footballistique, la cité flandrienne ne suscite pas la passion et vivote sans faire de bruit. Pourtant, après avoir conservé de justesse sa place en D2 la saison passée, le SK Renaix occupe le haut du panier. Après une victoire sur le terrain de l’Antwerp (0-1), les hommes de Gerrit Laverge ont décroché la seconde place au sein de l’antichambre de l’élite. Outre son classement tapageur, le club local se fait également remarquer par une présence francophone importante.

 » Il n’y avait que trois joueurs flamands dans l’effectif et un de ces trois vient de partir « , explique le back droit Thaddée Gorniak (28 ans),  » Le reste du noyau est composé de Wallons et de Français. Mais cela ne pose aucun problème tant que les résultats suivent  »

 » Tout le monde dans cette ville parle les deux langues « , ajoute Douai. L’ancienne grande cité textile possède en effet depuis 1963 le statut de commune à facilité dû à sa localisation sur la frontière linguistique.

Après la situation délicate de la dernière saison, les dirigeants ont décidé de prendre le taureau par les cornes pour éviter de revivre le même scénario. En vidant notamment les Réserves des clubs francophones. Aux anciens Standardmen Thibault Denoncin, Cédric Olondo, Stéphane Van de Sande, Jinks Dimvula et à Salaheddine Sbai, prêté par Charleroi, se sont ajoutés les bannis montois Olivier Berquemanne, Mustapha Douai et Thaddée Gorniak. Si Berquemanne (34 ans) a eu la malchance de ne disputer qu’un match amical sous ses nouvelles couleurs avant de se blesser à la cheville et au genou et de mettre un terme à sa carrière, les deux autres font encore partie de la belle aventure.

 » Personne ne pensait que l’on serait à pareille fête. Le club s’était renforcé mais s’apprêtait à lutter pour le maintien « , commente Gorniak.  » Maintenant, on a revu nos objectifs à la hausse et on serait déçu de ne pas disputer le tour final « . Et quand on évoque les clés de la réussite renaisienne, les deux joueurs s’accordent sur l’ambiance.  » Il s’agit d’un club familial où on ne se prend pas au sérieux « , explique Gorniak. Propos corroborés par son collègue :  » Le club mise tout sur l’ambiance un peu comme Mons avant. Ici, j’ai l’impression d’avoir retrouvé un second souffle. C’est agréable de voir des gens qui t’accueillent à bras ouverts, surtout quand tu sors de huit mois de galère « .

Si les joueurs ont abouti à Renaix, c’est en grande partie parce qu’ils n’étaient plus désirés à l’Avenue du Tir.  » J’avais perdu toute joie de jouer à Mons « , confie Gorniak.  » Ce club récolte les fruits des erreurs commises depuis qu’il est monté en D1. La direction a fait confiance à des personnes qui ne la méritaient pas. Les Dragons ont perdu leur identité et même s’ils se sauvent, ils devront tout refaire dans six mois. Tant que les dirigeants ne comprendront pas qu’il faut tabler sur la durée et cesser de voir trop grand, ils ne réussiront rien de bon « .

Douai :  » J’avais pris le pari que Sergio Brio ne survivrait pas jusqu’en décembre. Il n’a même pas passé le mois d’octobre « .

Une défense de groupe

Désormais, ils se consacrent à leur nouvel employeur et espèrent continuer sur leur lancée.  » Ce qui est satisfaisant, c’est de voir que l’on réalise une saison régulière « , commente Gorniak, employé à la Province de Hainaut.  » Nous n’avons pas connu de période creuse. En début de saison, nous nous sommes inclinés deux fois d’affilée mais la valeur de l’opposition (Antwerp et Zulte-Waregem) permet de relativiser tout cela. Depuis la reprise, on n’a pas encore réussi à développer notre jeu mais on a réagi contre l’Antwerp. On doit encore simplement soigner la finition « .

Douai confirme :  » On est encore un peu naïf et cela nous a joué quelques tours. Par contre, on possède la deuxième meilleure défense de la série mais ce qu’il faut souligner, c’est avant tout le groupe. Si la défense est si solide, elle le doit en partie au travail défensif des attaquants « .

Ce collectif se prolonge également en dehors des terrains.  » J’ai choisi Renaix car je n’y allais pas seul. Cela a joué dans la balance pour moi comme pour Berquemanne et Gorniak « , explique Douai qui, pour les entraînements, vient de Charleroi et effectue une halte à Mons pour embarquer son copain Thaddée.  » On était trois dans la voiture avant qu’Olivier Berquemanne n’arrête… « , renchérit-il.

Pourtant, si Renaix se laisse bercer par la douce euphorie du moment, personne n’ose rêver à une montée.  » On veut parvenir au tour final et à partir de ce moment-là, on sait qu’il s’agira d’une loterie « , expose Douai.

 » Les responsables travaillent d’arrache-pied mais le club doit encore se développer à tous niveaux « , raconte Gorniak.  » Le stade est un peu juste et si par bonheur le club montait, je ne sais pas trop comment réagiraient les dirigeants. Néanmoins, on jouera crânement notre chance. Mons n’était pas prêt quand il a accédé en D1. Et ils ont su s’adapter « .

Douai nuance quelque peu.  » Je vis au jour le jour. J’ai maintenant 29 ans et avec ce que j’ai vécu à Mons, j’ai appris à ne plus tirer de plans sur la comète. Une promotion éventuelle me fait un peu peur car on sait que cela attire immanquablement toute une série de managers peu scrupuleux. Et cela pourrait détruire l’atmosphère qui règne ici. Et je me demande si tout ce qui se fait de mauvais et qui gravite autour de la D1 arrivera aussi à Renaix ? Néanmoins, il ne faut pas trop y penser et plutôt prendre exemple sur un club comme Westerlo qui a su, après plusieurs saisons au plus haut niveau, préserver son identité « .

Stéphane Vande Velde

 » On jouera crânement NOTRE CHANCE pour la montée  » (Thaddée Gorniak)

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