Coeurs énormes et JALOUSIES

Comment avez-vous rencontré Joëlle ?

Roberto Bisconti (30 ans) : J’avais 17 ans. C’était durant l’été 90. Joëlle donnait des cours de tennis à des enfants juste à côté de l’endroit où nous étions en train de nous entraîner. Je lui ai demandé sa raquette à prêter. Elle m’a avoué par après qu’elle m’avait repéré mais on ne peut pas vraiment parler de véritable coup de foudre.

Vous avez rencontré votre femme avant de devenir un joueur connu et, donc, un homme public. Ce statut vous offre pas mal de tentations…

C’est justement le vrai sujet de discorde avec Joëlle. On peut dire d’elle qu’elle est d’une jalousie maladive. C’est un terrible problème qui lui pourrit la vie, sans doute plus encore qu’à moi. Pour éviter que la situation ne soit vraiment intenable, on a décidé tous les deux d’aller voir un psy. C’est dommage, ce problème de jalousie parce que, à part cela, nous formons un couple harmonieux et équilibré.

Vous avez trois enfants, Julian (11 ans), Andrea (9 ans) et Hugo (3 ans et demi). Vous en voulez encore plus ?

C’est Joëlle qui voudrait bien en avoir cinq. Moi, je pense que trois, c’est amplement suffisant. Il ne suffit pas d’avoir envie. Il faut aussi assumer derrière…

Joëlle n’a jamais travaillé. Avec votre seul salaire, vous faites donc vivre cinq personnes. Financièrement, pourrez-vous vous permettre de ne plus travailler à la fin de votre carrière de footballeur ?

Non… et certainement pas avec le contrat que j’ai pour l’instant avec le Standard (il rit) Si Luciano D’Onofrio lit ces lignes, il sait que c’est pour lui. (il rit) La situation serait évidemment toute différente si nous n’avions pas trois enfants. Si nous n’étions que nous deux, ce serait peut-être envisageable. Mais, de toutes façons, si j’étais plus riche, je ne m’imaginerais pas vivre de mes rentes. Il me faut de l’action. Joëlle espère d’ailleurs que je deviendrai entraîneur après ma carrière de joueur. Mais, moi, je ne sais pas encore avec certitude ce que je ferai.

L’accident de votre fils aîné, Julian, qui a été gravement brûlé et s’est trouvé entre la vie et la mort, vous a-t-il appris à relativiser les événements que vous vivez dans le football ?

Complètement. Dans des moments pareils, toutes les priorités changent. On se rend compte que tout est dérisoire. On éprouve, en plus, un terrible sentiment de culpabilité. On se dit que ce qui est arrivé à notre gamin, c’est de notre faute. Et, en plus, c’était de ma faute, puisque j’ai eu un mauvais réflexe, en lui enlevant immédiatement son vêtement en nylon, ce qui lui a arraché la peau. J’étais paniqué… Mais Dieu merci, ce n’est plus qu’un affreux souvenir.

Il y a des joueurs qui font l’amour le matin même d’un match…

Oui, je sais. Mais moi, c’est impossible. Je suis assez vieux jeu de ce point de vue là. Deux jours avant la rencontre, c’est l’abstinence. Joëlle a beau essayer parfois de me faire changer d’avis, rien n’y fait. Je veux garder mes forces pour le match. Je ne sais d’ailleurs pas si ça change grand-chose mais c’est comme ça. C’est plus d’ordre psychologique. A moins que ce ne soit devenu une forme de superstition. Et puis, il y a encore beaucoup d’autres jours dans la semaine. (il rit)

Votre collection de DVDs est vraiment impressionnante…

On doit bien en avoir six cents ! Il y a pas mal de films pour les enfants, bien sûr, mais Joëlle et moi, on aime beaucoup le cinéma. Et peut-être encore plus le cinéma à la maison.

Vous avez un acteur préféré ?

Robert De Niro, bien sûr. En seulement quelques mois, j’ai vu Cape Fear (Les nerfs à vif) et Awakening (Le réveil). Dans le premier de ces deux films, il tient le rôle d’un tueur psychopathe incroyablement inquiétant et, dans le second, il est un handicapé mental. Il n’y a pas moyen de trouver deux rôles plus opposés que ces deux-là. Et les deux fois, il est parfaitement crédible. C’est un acteur extraordinaire.

Vous étiez très jeunes tous les deux quand vous vous êtes rencontrés…

Joëlle Verderame (31 ans) : Oui et c’est souvent le cas quand il s’agit de joueurs de football. Je crois qu’ils ont besoin d’une forme de stabilité assez vite. En plus, je pense que c’est mieux comme ça. Un joueur qui devient connu éprouvera sans doute quelques difficultés pour connaître les intentions de celles qui lui tournent autour.

Qu’est-ce qui dans l’image publique de Roberto vous semble le plus juste et aussi le plus faux ?

Il a une grande gueule… exactement comme moi. C’est un de nos points communs. (elle rit). Mais en fait, c’est un très bon mari et un excellent père. Les gens ne le connaissent pas vraiment. Son image publique n’est pas conforme à la réalité. Un jour, lors d’un match, j’ai vécu quelque chose d’incroyable. Après un tackle de Roberto, il y a quelqu’un dans la tribune qui a crié : -Ah, lui, c’est un salaud ! Je suis sûr qu’il bat sa femme et peut-être aussi ses enfants ! Vous vous rendez compte ? Pour dire une connerie pareille, il ne faut vraiment pas du tout connaître mon mari. Il est justement le contraire de ça. C’est à dire quelqu’un de très doux et de gentil.

Vous aimez le football ?

Ah oui, beaucoup. Il n’est pas rare que ce soit moi qui insiste pour qu’on regarde un match à la télévision. Roberto regarde volontiers les matches du championnat italien mais j’ai parfois l’impression qu’il est moins passionné que moi.

Quel est l’entraîneur préféré de votre mari ?

Sans hésiter : René Vandereycken. Je peux même dire qu’il l’admire. Et sans doute autant pour sa compétence que pour sa valeur humaine. Roberto apprécie aussi Dominique D’Onofrio qui l’étonne de jour en jour. Mais si vous me demandez celui que Roberto aime le moins, la réponse est très facile, c’est Robert Waseige.

La femme de footballeur est souvent blonde…

… et superficielle, oui, oui, je sais, merci. Mais ce cliché, je trouve qu’il se vérifie très souvent. Durant des années, je me demandais bien ce que je pouvais partager avec les autres femmes de footballeurs, même s’il y a quelques exceptions. Mais je tiens à dire que, cette année, j’ai beaucoup de chance. Je m’entends très bien avec certaines femmes de joueurs du Standard.

Croyez-vous le footballeur fidèle ?

Je ne vais pas y aller par quatre chemins : je ne connais pas un seul joueur de foot qui n’ait pas trompé sa femme ! (Roberto fait mine d’intervenir) Vous entendez, pas un seul ! (Et finalement Roberto rigole, en bougeant la tête pour dire non)

Roberto est-il superstitieux ?

Oh la la. Il est même la personne la plus superstitieuse que je connaisse. Pour commencer, il est très croyant et, en plus de cela, très superstitieux. Il est même allé voir un magnétiseur quand ça marchait moins bien pour lui… Je me souviens qu’il parlait souvent avec Ali Lukunku de son… sorcier ! C’est vous dire ! Par exemple, Roberto conserve sur lui un porte-bonheur et personne, je dis bien personne, n’a le droit d’y toucher. Pas même moi. Il croit à ce genre de choses… alors que, moi, pas du tout. Et, pour ne rien arranger, je suis athée.

Quel est le plus gros avantage d’être la femme d’un joueur de football ?

Le plus gros avantage, c’est la possibilité d’aider les autres grâce à ce statut particulier. J’organise le plus souvent possible des visites pour les enfants malades qui s’intéressent au football. Je sais que les joueurs du Standard peuvent faire très plaisir à des gosses amoureux du football et qui souffrent. Je me souviens d’un petit garçon atteint de leucémie qui était émerveillé de voir Roberto. La maman du petit garçon a même demandé aux médecins de retarder de quelques heures la séance de chimiothérapie pour que son enfant profite encore plus longtemps de sa joie. C’est vraiment fantastique d’avoir un tel pouvoir et il faut en profiter… pour faire le bien.

Carlito Brigante

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